« On a besoin de ça » : des femmes leaders de différentes religions prennent la parole

De gauche à droite : la rabbine Laura Duhan-Kaplan, la ministre du culte interconfessionnel, et pratiquante bouddhiste, Cathy Merchant, la pratiquante sikhe Lali Pawa, et la pasteure luthérienne Aneeta Devi Saroop.
Photo : Radio-Canada / William Burr
Quatre femmes leaders issues de religions différentes ont pris la parole lors d’un forum à Vancouver, dimanche, soulignant le progrès qui a été fait pour les femmes dans le milieu spirituel tout en déplorant que ce progrès semble parfois si lent.
Le forum sur les femmes dans la vie spirituelle et religieuse, organisé par la Société multiconfessionnelle de la province, a eu lieu dans le cadre de la Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle.
Parfois, les gens vont dire, "est-ce que je peux parler au pasteur?" [et] quand on leur dit que je suis la pasteure, leur regard dit, “non, vous ne l’êtes pas". Cela peut être décourageant, mais en même temps, ça fait partie de ce que j’ai accepté au service de Dieu
, dit la ministre du culte de l’Église évangélique luthérienne Spirit of Life, Aneeta Devi Saroop.
Cette dernière précise que si les gens sont souvent surpris de la rencontrer, les réactions sont généralement positives, et qu’elle adore briser les idées préconçues.
« Je choisis de porter le col en tout temps. Dans la vie de tous les jours, j’ai beaucoup de rencontres intéressantes, merveilleuses avec les gens. Ils me voient, une femme trinidadienne canadienne. Cela est confondant pour eux. »
Ce n’est que dans les années 1970 que les femmes ont gagné le droit d’être ordonnées dans l’Église évangélique luthérienne. En Colombie-Britannique, parmi la quarantaine de paroisses, une quinzaine d’entre elles sont dirigées par des femmes. Cela fut un long parcours
, dit Aneeta Devi Saroop.
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La rabbine Laura Duhan-Kaplan, pour sa part, a remarqué que les femmes ont des droits différents selon la communauté juive.
« Quand je suis dans des contextes juifs libéraux ou interconfessionnels, je peux assurer toutes les responsabilités d’un rabbin. Dans des contextes orthodoxes, je respecte les lignes directrices traditionnelles poliment. Heureusement, au moins, j’ai beaucoup de travail. »
Ce commentaire a fait rire le public vancouvérois. Une autre histoire, concernant sa jeunesse, a suscité les rires de l'audience.
Mon père et moi avions commencé un projet de fréquenter différentes synagogues. Dans l’une d’entre elles, le rabbin a râlé que l'ordination des femmes entraînerait l’effondrement de la tradition. À ce moment-là, mon père a chuchoté dans mon oreille "je crois que tu devrais aller au séminaire".
La rabbine déplore que la première femme juive ait été ordonnée seulement en 1935. L’Allemande Regina Jonas est morte dans le camp d’extermination d'Auschwitz, et cela a pris encore 37 ans avant l'ordination d’une autre femme. Pourquoi avons-nous avancé si lentement?
, s’est-elle interrogée.
La ministre du culte interconfessionnel Cathy Merchant, qui est pratiquante bouddhiste, a quant à elle parlé des nombreuses femmes mentores qu’elle a connues dans sa tradition, et a aussi mentionné que le Dalaï-lama pense que la prochaine incarnation du leader bouddhiste tibétain sera probablement une femme.
« Malheureusement, il a dit qu’elle devrait être très belle, ce que je trouve assez irritant. »
Lali Pawa, l’ancienne coordinatrice pour l’institut de recherche sikh du Canada, a raconté qu’historiquement, le sikhisme prône l’égalité de genre, mais qu’avec le temps, des influences culturelles et sociétales ont nui à ce principe. J’espère qu’on pourra retourner au cœur de nos principes, de nos philosophies, et que nous pourrons nous en sortir.
La conférence a représenté un moment de ressourcement pour ces femmes. On a besoin de ça en ce moment. Nous vivons une période de tourmente, d’incertitude, et d’anxiété, et faisons tous recours à notre foi, donc ce dialogue est primordial
, dit Lali Pawa.