Projet de gaz naturel liquéfié à Squamish : Woodfibre LNG veut modifier ses conditions

Les installations de 1,6 milliard de dollars traiteront et liquéfieront le gaz naturel expédié par pipeline du nord de la Colombie-Britannique pour l'exportation vers les marchés asiatiques.
Photo : Twitter : Woodfibre LNG
La société Woodfibre LNG souhaite revenir sur certaines conditions imposées à son projet de production de gaz naturel liquéfié à Squamish, en Colombie-Britannique. Elle espère notamment réduire sa zone d’exclusion d’activités, qui vise à limiter le bruit sous-marin et l'impact sur la faune, ce que dénoncent des environnementalistes.
En juin dernier, Woodfibre LNG a déposé une demande à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) pour pouvoir apporter des modifications à certaines conditions énumérées dans la déclaration de décision du projet.
L'entreprise avait obtenu le feu vert du gouvernement fédéral pour son projet d'exploitation en 2016.
Woodfibre LNG souhaite réduire la zone qui lui interdit de produire du bruit sous-marin dangereux pour la faune marine autour de ses installations en la faisant passer de plus de 7 km à 125 m.
Si cette modification est approuvée, la nouvelle zone d’exemption pour les mammifères marins permettra à Woodfibre LNG d’exposer les lions de mer et les phoques à un bruit allant jusqu’à 190 dB, dénonce Tracey Saxby, directrice générale de My Sea to Sky, une organisation créée en 2014 pour préserver la baie Howe et faire barrière à Woodfibre LNG.
« C’est un son équivalent à des coups de fusil répétés. »
La baie Howe est classée réserve de la biosphère de l’UNESCO depuis 2021. Le nombre d’otaries de Steller, une espèce désignée comme préoccupante en 2003, selon la Loi sur les espèces en péril, augmente dans ce secteur.
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L'entreprise soutient que ces conditions, qui lui imposent de cesser ses activités dans la zone si un animal marin s'y trouve, peuvent difficilement être respectées d'un point de vue technique et économique.
Dans sa demande de modification du projet, la compagnie gazière affirme que les conditions initiales visaient à protéger tous les animaux marins, soit les pinnipèdes (phoques) et les cétacés. Les changements demandés permettront, eux, de séparer ces deux catégories d’espèces pour mieux atténuer les impacts du projet.
Cette demande à I’AEIC ne réduit en rien la responsabilité ou l’engagement de Woodfibre LNG à protéger les mammifères marins, elle reconnaît plutôt la différence entre les cétacés et les pinnipèdes
, écrit l'entreprise dans une déclaration.
Modifications sur la qualité de l'eau
Woodfibre LNG souhaite également clarifier ses conditions de surveillance de la qualité de l’eau et de mitigation d’effets potentiels indésirables. La compagnie gazière soutient que les termes utilisés dans l’évaluation initiale définissent une zone d’impact trop large, où ces derniers pourraient être dus à d’autres activités du secteur, de foresterie, par exemple.
Les termes remettent de façon inappropriée à Woodfibre LNG la responsabilité de mettre en place des mesures de mitigation en réponse à des activités qui sont en dehors de la zone de contrôle du projet
, peut-on lire sur le document.
Processus de révision en cours
Dans un rapport provisoire publié après la demande de Woodfibre LNG, l’AEIC a affirmé que les modifications proposées étaient raisonnables.
Les impacts du projet n'augmenteraient pas la mesure dans laquelle les effets du projet, tels qu'évalués au cours de l'évaluation environnementale, sont négatifs, car les mammifères marins et la santé humaine resteraient protégés
, a-t-elle dit.
Des consultations publiques se sont par ailleurs tenues jusqu’au 30 janvier sur les changements proposés. Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, prendra par la suite une décision à ce sujet.
Plusieurs organisations, dont le regroupement écologique Howe Sound Biosphere Region Initiative et le District de Squamish, ont fait valoir leur opposition aux changements proposés, tandis que les organisations environnementales My Sea to Sky et Georgia Strait Alliance ont sollicité l'envoi de lettres à Steven Guilbeault pour éviter l'approbation des modifications.
La Première Nation de Squamish, qui corégule le projet avec l’AEIC
, a de son côté affirmé que la décision d’accepter ou non ces modifications repose sur l’agence fédérale.L'usine devrait créer 650 emplois pendant sa phase de construction, prévue sur une durée de deux ans. Et elle devrait employer une centaine de personnes pendant 25 ans, une fois en fonction.
Avec les informations de Chad Pawson