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Ukraine : « combats acharnés » à Bakhmout, Kiev réclame des avions de combat

L'Allemagne aurait rassemblé une centaine d'éléments qui prouveraient que des crimes de guerre ont été commis en Ukraine.

Des sauveteurs transportent sur un brancard une femme blessée à la suite d'un tir de missile russe sur un immeuble résidentiel, à Kharkiv, en Ukraine.

Des sauveteurs évacuent une résidente d'un immeuble qui a été touché par un tir de missile russe dans le centre de Kharkiv, en Ukraine, le 5 février 2023.

Photo : Reuters / Sofiia Gatilova

Agence France-Presse

Des « combats acharnés » se déroulent dimanche à Bakhmout, le point chaud du front dans l'est de l'Ukraine, et Kiev réclame avec insistance aux Occidentaux des avions de combat face à une situation militaire de plus en plus difficile.

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a critiqué les réticences à livrer de tels appareils à son pays, ce qui va coûter plus de vies aux Ukrainiens.

Il a par la même occasion promis que les armes à longue portée qui doivent prochainement être fournies à l'Ukraine serviraient à viser non pas le territoire russe mais seulement les zones occupées, certaines capitales occidentales s'inquiétant d'un risque d'escalade du conflit qui a commencé il y a presque un an.

Nous déclarons toujours à nos partenaires que nous nous obligeons à utiliser les armes [fournies par les] partenaires étrangers non pas contre le territoire de la Russie mais uniquement sur ses unités dans les territoires temporairement occupés en Ukraine, a déclaré le ministre.

L'armée russe, épaulée par les mercenaires du groupe Wagner, tente depuis l'été de s'emparer de Bakhmout, une ville en grande partie détruite où les deux belligérants subissent de lourdes pertes.

Des panaches de fumée après un bombardement.

Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe russe à Bakhmout en plein Noël orthodoxe.

Photo : Reuters / CLODAGH KILCOYNE

Combats jusqu'au dernier homme

Moscou a obtenu de petits gains territoriaux dans la région ces dernières semaines avec l'espoir de faire sauter le verrou ukrainien sur cette cité, conquérant notamment la bourgade de Soledar au nord et, plus récemment, le village de Blagodatné.

Des combats acharnés ont lieu dans les quartiers nord [de Bakhmout] pour chaque rue, chaque maison, chaque cage d'escalier, a raconté dimanche le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes sont en première ligne sur place.

« Les forces armées ukrainiennes ne battent pas en retraite. Elles se battent jusqu'au dernier homme. »

— Une citation de  Evguéni Prigojine, patron du groupe paramilitaire russe Wagner

Interrogé sur un éventuel retrait de Bakhmout, M. Reznikov a assuré que c'est toujours une forteresse, un symbole, mais que la décision revient au final à l'état-major de l'armée ukrainienne.

Des journalistes de l'AFP y ont assisté dimanche à une cérémonie liturgique organisée dans le sous-sol de l'église au bulbe doré de la Toussaint en présence d'une vingtaine de personnes, dont deux soldats ukrainiens.

Trois femmes ont chanté des hymnes ponctués par le bruit assourdissant des obus de mortier. La pièce n'était éclairée que par une vingtaine de bougies et par une lampe portative utilisée par les deux prêtres pour lire la Bible.

La guerre en Ukraine

Prières sur fond d'obus

Aujourd'hui, j'ai prié pour que tout aille mieux pour moi après ma mort, a expliqué à l'extérieur de cette église de Bakhmout Serafim Tchernychov, 20 ans, tandis que les déflagrations produites par les échanges de tirs résonnaient en permanence.

La nuit dernière, un missile s'est abattu sur mon jardin et une balle est entrée à l'intérieur de ma maison, elle aurait pu me toucher. Donc, nous devons comprendre que la vie est courte : je peux mourir maintenant ou dans 30 ans, a-t-il poursuivi. Si je suis tué, ce sera la volonté de Dieu, a-t-il ajouté, résigné.

Lioubov Avramenko, 84 ans, a quant à lui déclaré avoir prié pour la paix. Nous sommes assis dans un sous-sol sans eau, ni gaz, ni électricité, a-t-elle témoigné.

J'ai prié pour mon pays, pour l'Ukraine, pour ma famille. Je suis sûre que tout cela sera bientôt terminé, veut croire Svitlana Boïko, 51 ans.

Se défendre aussi longtemps que possible

Samedi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait reconnu que la situation se compliquait sur le front, notamment à Bakhmout, qu'il avait plus tôt juré de ne pas abandonner et de défendre aussi longtemps que possible.

« L'occupant mobilise de plus en plus ses forces pour briser notre défense. »

— Une citation de  Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraine

Il a également cité Vougledar, où les troupes russes sont à l'offensive, et Lyman, ville reprise aux Russes lors d'une contre-offensive ukrainienne en 2022.

Cinq personnes ont en outre été blessées dimanche dans deux frappes russes sur le centre de Kharkiv, la deuxième plus grande ville ukrainienne, dans le nord-est, selon le chef de l'administration militaire régionale, Oleg Sinegoubov.

Des armes de l'étranger en renfort

Le ministre ukrainien de la Défense a dit s'attendre à un assaut russe d'envergure au mois de février.

Toutes les armes occidentales n'auront pas le temps d'arriver avant cela, mais nous avons les ressources et les réserves pour résister, a-t-il assuré.

Selon lui, les Russes ont déplacé leurs centres de commandement et leurs entrepôts de munitions de façon à rendre plus difficiles les frappes ukrainiennes destinées à rompre leurs lignes logistiques.

Pour parer à cela, les Américains se sont engagés à fournir des roquettes qui pourraient quasiment doubler la portée des tirs ukrainiens.

Deux chars d'assaut de type Leopard 2 sur le front.

Le premier char Leopard 2 donné à l’Ukraine par le Canada est parti samedi. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Ints Kalnins

Et une série de pays occidentaux, non seulement les États-Unis mais aussi la France et, après quelques hésitations, l'Allemagne, vont envoyer des chars lourds à Kiev, qui espère par ailleurs passer à l'offensive.

Samedi, le Canada a expédié un premier Leopard 2, de construction allemande, à l'Ukraine.

M. Reznikov a pour sa part annoncé que les entraînements avec des Leopard commenceraient lundi.

Il a aussi promis des audits internes au ministère de la Défense, éclaboussé ces dernières semaines par un scandale de corruption lié à l'approvisionnement de l'armée.

Des preuves de crimes de guerre, affirme un procureur allemand

L'Allemagne a rassemblé des centaines d'éléments de preuves de crimes de guerre en Ukraine, a indiqué le procureur général Peter Frank dans un entretien publié dimanche, dans lequel il appelle à un mécanisme international pour traduire les responsables en justice.

En ce moment, nous nous concentrons sur Boutcha et sur les attaques contre les infrastructures civiles en Ukraine, a précisé Peter Frank, interrogé par le journal Welt am Sonntag.

Il a ajouté que la plupart des preuves provenaient d'entrevues avec des réfugiés ukrainiens.

Le but est de se préparer pour un éventuel procès, que ce soit en Allemagne, avec un de nos partenaires internationaux ou devant une cour internationale, a-t-il dit.

M. Frank a précisé que ses services ont commencé à enquêter sur la situation en Ukraine en mars 2022.

Il reconnaît toutefois que pour poursuivre en Allemagne des personnes suspectées de crimes de guerre, il faudrait qu'elles se trouvent dans ce pays.

Peter Frank.

Le procureur général allemand Peter Frank soutient que son pays possède des centaines d'éléments qui prouveraient que des crimes de guerre ont été commis en Ukraine.

Photo : Reuters / HEIKO BECKER

Indignation après le massacre de Boutcha

En janvier, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock s'était dite favorable à la création d'un tribunal spécial pour poursuivre les dirigeants russes à la suite de l'invasion de l'Ukraine en utilisant éventuellement le droit ukrainien. Ce tribunal devrait être basé à l'étranger et constitué de juges internationaux, selon elle.

« Qui voulons-nous traduire en justice? Les dirigeants – ceux qui ont pris la décision de faire la guerre – et ceux qui, au plut haut niveau de l'armée, appliquent cette décision. »

— Une citation de  Peter Frank, procureur général allemand

Dans la banlieue de Kiev, à Boutcha, des centaines de corps ont été découverts après que l'armée russe en a été chassée en mars 2022.

Ce massacre avait suscité une vague de condamnations et d'accusations de crimes de guerre, ce que Moscou a toujours nié.

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