Avec la crise du logement, certains décident de devenir propriétaires à plusieurs

L'agence GoCo Solutions a aidé plus de 160 personnes à accéder à la copropriété en huit ans.
Photo : La Presse canadienne / Evan Buhler
Face à la crise du logement, notamment à Toronto, acheter une maison à plusieurs pourrait être une solution, selon l’organisme GoCo Solutions, qui guide les futurs copropriétaires dans leurs démarches.
L’organisme, qui tenait une conférence à Toronto samedi, explique que c’est un modèle qui invite les gens à mettre leurs ressources en commun
, et qui permet aux Canadiens ordinaires de profiter des avantages économiques, sociaux et communautaires de l'accession à la propriété
.
En partageant le prêt bancaire, le versement initial et les responsabilités financières, nous vous permettrons de faire davantage que ce que vous pourriez vous permettre individuellement
, assure la cofondatrice de GoCo Solutions, Lesli Gaynor, qui souligne que son organisme a aidé plus de 160 personnes à accéder à la copropriété en huit ans.
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Selon elle, la copropriété est encouragée par un double facteur, économique et social. En plus de vivre une crise d’abordabilité et une crise de disponibilité [des maisons]
, il faut composer avec des services de santé en perte de vitesse, constate Mme Gaynor. Les services sociaux en général ne sont pas en bonne posture, les gens dépendent les uns des autres, donc le désir de partager une propriété et de vivre ensemble est plus élevé
, fait-elle valoir.
« La pandémie a montré comment rapidement nous pouvons être isolés dans la vie, et les gens veulent vraiment changer cela. »
Lesli Gaynor, qui est elle-même copropriétaire depuis 25 ans, explique qu’elle travaille avec différents types de personnes à la recherche d’une maison, notamment des familles multigénérationnelles où grands-parents, parents et enfants vivent ensemble; de jeunes adultes qui veulent faire équipe avec leurs amis; ou de jeunes familles qui souhaitent acheter une demeure ensemble pour s’entraider.
Récemment, la cofondatrice de GoCo Solutions offrait des conseils à un groupe de trois familles qui cherchaient comment faire de ce monde un endroit meilleur
. Ils ont de jeunes enfants, donc ils s’organisent entre eux pour les gardes d'enfants à tour de rôle
, explique-t-elle, estimant que c’est une manière de régler plusieurs problèmes à la fois, en plus de la question du logement.
Mme Gaynor affirme qu’elle a même affaire à des inconnus qui cherchent un partenaire avec le même projet. Selon elle, l'application créée par Goco Solutions pour mettre en relation des acheteurs potentiels compte déjà 460 inscrits.
Il s'agit vraiment de savoir de quoi les gens ont besoin, et ensuite d'adapter l'approche
. Elle reconnaît toutefois que des embûches peuvent survenir tout au long du processus, par exemple en raison du financement.
Sanja Pegcic fait partie des curieux qui ont assisté à la conférence samedi à Toronto. Pour elle, acheter une maison seule paraît impossible. En voyant le prix des hypothèques, le montant de l'acompte, en regardant mon épargne et mon salaire, ça ne semble pas possible pour moi
, regrette-t-elle.
La jeune femme aimerait donc faire équipe avec deux ou trois autres personnes pour acheter une demeure à Toronto, qui pourrait être divisée de façon à ce que chacun y ait son propre logement. J'aurais un appartement pour moi-même, et mes amis pourraient habiter d'autres appartements avec leur partenaire ou des colocataires
.
Sanja Pegcic admet que les démarches risquent d'être longues et compliquées, mais elle pense que ça en vaut la peine.
Économiquement, ça peut avoir du sens
, reconnaît Thomas Delespierre, agent immobilier à Toronto pour Royal LePage. Il souligne toutefois que le projet est risqué et qu'il y a beaucoup de variables à prendre en compte
avant d’acheter une propriété à plusieurs.
La question, selon lui, est de savoir combien de temps ces personnes-là vont rester d'accord
, car ça peut être extrêmement compliqué et extrêmement coûteux de devoir vendre rapidement, ou de vendre si l'un veut vendre et que l'autre ne veut pas
, dit-il.
Afin d'éviter les conflits, il recommande de passer par un avocat pour mettre par écrit toutes les hypothèses dans tous les types de scénarios possibles.
Finalement, l’agent immobilier estime qu'il reste souvent plus avantageux d'acheter un petit appartement dans un secteur moins prisé.
Avec les informations de Mirna Djukic