Caméras corporelles pour les policiers de Winnipeg : pas de clarté sur la mise en œuvre

La Ville de Winnipeg estime qu’il en coûterait sept millions de dollars pour acquérir tous ces appareils et quatre millions de dollars pour les entretenir.
Photo : Getty Images / Jack Taylor
Selon le président de la Commission de police de Winnipeg, Markus Chambers, doter les policiers de la Ville de caméras pourra se faire à un moment donné dans le futur, même s’il n’est pas prévu d’acheter cette technologie dans l’immédiat.
C'est donc quelque chose que nous envisageons. Ce n'est pas une question de "si", c'est une question de "quand", car nous utilisons cette technologie de manière plus efficace
, a indiqué M. Chambers à CBC vendredi.
Les caméras corporelles s'intègrent parfaitement dans le processus de gestion des preuves numériques
, ajoute-t-il.
Depuis de nombreuses années, la police de Winnipeg réclame ces caméras, mais la Ville estime qu’il faut sept millions de dollars pour acquérir l’ensemble de l'appareillage technologique, notamment 1300 caméras, et quatre millions de dollars pour l’entretenir.
En juin 2021, le conseil municipal a rejeté une proposition visant à augmenter le budget du Service de police de Winnipeg pour l’achat de ces caméras.
Par ailleurs, une motion présentée en 2020 par un conseiller, Kevin Klein, pour acheter des caméras corporelles a également été rejetée par un comité de la Ville.
La donne pourrait toutefois changer, car le Service de police envisage d'augmenter l'utilisation de la collecte de preuves numériques, explique Markus Chambers.
L'installation de caméras permettrait de renforcer la responsabilité des agents de police et de conserver un récit véridique et intégral des interactions policières avec le public
, indiquait un rapport de la Commission de police rendu public en juin 2021.
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Pas toujours le même impact
Selon un expert en criminologie de l’Université de Winnipeg, Michael Weinrath, les résultats de certaines recherches n’ont pas montré que les caméras diminuent forcément le recours à la force.
Certaines recherches initiales étaient très prometteuses : il y avait moins de recours à la force par la police, il y avait moins de plaintes de la part du public
, note Michael Weinrath,
Cependant, certaines des recherches les plus récentes ne montrent aucun effet. Il y a même une étude qui met en lumière une augmentation du nombre de plaintes pour recours à la force.
En 2015, un projet pilote a été lancé pour étudier l'utilisation des caméras corporelles à Winnipeg, mais le projet a été abandonné un an plus tard en raison de difficultés budgétaires.
L'achat de caméras pour le Service de police de Winnipeg a ensuite été reporté au processus budgétaire de 2024.
Dans un courriel, un porte-parole de la police de Winnipeg a indiqué que le chef de police Danny Smyth soutenait toujours le recours à cette technologie.
Un usage qui se répand
Ailleurs aux États-Unis et au Canada, les services de police utilisent des caméras corporelles, mais leur arrivée au Manitoba a été lente.
La police d'Altona, une localité située à 100 km au sud-ouest de Winnipeg, a commencé à utiliser des caméras corporelles en 2021. Lea agents du service de police de cette petite ville du sud de la province utilisent des caméras de téléphone cellulaire portées sur la poitrine.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) teste des caméras en Nouvelle-Écosse, en Alberta et au Nunavut avant de procéder à un déploiement national au cours des 12 à 18 prochains mois.
La question de l'utilisation des caméras corporelles a pris une nouvelle ampleur après l'inculpation des policiers de Memphis dans la mort de Tyre Nichols.
Avec les informations de Cameron MacLean