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Un programme de soins médicolégaux en violence sexuelle manque de ressources à Winnipeg

Une infirmière, stéthoscope au cou et livre en main.

Vendredi, aucune infirmière examinatrice en cas d'agression sexuelle n'était assignée au programme depuis 40 heures, alors que ce service est censé être disponible en tout temps.

Photo : iStock / nathaphat

Radio-Canada

À Winnipeg, le programme de soins médicolégaux pour les victimes de violences sexuelles du Centre des sciences de la santé peine à trouver du personnel qualifié. En l'absence de soutien, des militants et des spécialistes craignent que les victimes ne reçoivent pas les soins adéquats.

Vendredi, aucune infirmière examinatrice en cas d'agression sexuelle n'était assignée au programme depuis 40 heures, alors que ce service est censé être disponible en tout temps.

Quand on voit des trous dans nos horaires, on s'inquiète, explique l'une des infirmières examinatrices du programme, Heather Didora. Le travail de ces infirmières légistes consiste, entre autres, à recueillir des preuves médicales qui pourraient être utilisées lors d'une enquête policière.

En avril dernier, le gouvernement du Manitoba a annoncé un financement annuel de 640 000 $ pour le programme, notamment afin d'engager davantage de personnel spécialisé. Selon Soins communs, cinq des sept postes d'infirmières examinatrices ont été comblés depuis.

Toutefois, selon Mme Didora, plusieurs de ces infirmières n'ont pas suffisamment d'expérience. Des infirmières qui n'ont pas de formation médicolégale ont été engagées au sein du programme et sont, au mieux, à environ six mois de pouvoir faire des examens de façon indépendante.

Parmi ces infirmières, deux ont débuté leur formation spécialisée lundi et les trois autres la recevront en avril, soit un an après l'annonce du financement, selon Heather Didora.

Entretemps, l'infirmière examinatrice s'inquiète que des victimes soient renvoyées chez elles sans recevoir de soins. Récemment, elle affirme que le personnel soignant a dû demander à quatre victimes de revenir quand du personnel serait disponible.

Nous savons que deux d'entre elles ne sont pas revenues. Deux autres étaient sans-abri et très vulnérable, lâche Mme Didora. L'une d'entre elles a été menacée de mort par son partenaire, ajoute l'infirmière.

Des statistiques trompeuses

D'après Soins communs, 764 patients ont été traités via le programme de soins médicolégaux pour les victimes de violences sexuelles, entre le 1er avril 2022 et le 24 janvier 2023. Parmi eux, 14 n'ont pu recevoir de soins d'une infirmière spécialisée.

Soins communs ajoute que 10 sont revenus pour recevoir des soins plus tard et que 4 ont finalement refusé d'être examinés.

Cependant, Heather Didora estime que ces statistiques sont trompeuses. Ces chiffres ne représentent que ceux qui ont déclaré être victimes de violence sexuelle lors de leur admission à l'hôpital.

Ce ne sont pas toutes les victimes qui sont immédiatement inscrites dans le système comme telles. Parfois, c'est une information obtenue plus tard dans le processus médical, explique-t-elle.

Dans un courriel, un porte-parole de Soins communs confirme que ces statistiques comprenaient exclusivement les personnes s'étant identifiées comme victimes de violence sexuelle.

Il ajoute que si le programme vise à offrir du soutien aux victimes en tout temps, il n'est pas toujours possible de le faire. Dans ces cas, le personnel soignant demande aux victimes d'attendre qu'une infirmière spécialisée soit disponible ou de revenir plus tard.

Une perspective inacceptable pour la directrice générale du Centre de santé des femmes de Winnipeg, Kemlin Nembhard.

Elle souligne que dans ces situations, il n'y a aucune conséquence pour les auteurs des violences sexuelles.

C'est comme donner le champ libre aux auteurs de ces violences, car plus longtemps on attend avant de recueillir des preuves, moins elles seront utilisables dans une enquête.

Avec les informations de Rachel Bergen, Erin Brohman et de Ian Froese

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