Une chanson en portugais qui ne passe pas au conseil municipal de Sherbrooke

Le conseil municipal de Sherbrooke (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Daniel Mailloux
« Il n’a rien de mieux que travailler les émotions [...] par les arts. Je vais essayer un petit truc. » Ce petit truc, c'est une chanson en portugais que la conseillère municipale Fernanda Luz a interprétée lors d'une séance municipale en décembre dernier. Une chanson qui est restée en travers de la gorge de la conseillère Hélène Dauphinais et de la présidente du conseil, Danielle Berthold, qui estiment que chanter n'a pas sa place lors d'une assemblée.
Pendant la période de trois minutes allouée à chaque élu en fin de séance, Fernanda Luz, originaire du Brésil, a interprété une chanson dans sa langue maternelle pour, dit-elle, détendre l'atmosphère. Mais Hélène Dauphinais ne croit pas que ce type d'intervention ait sa place. On n'est pas dans une salle de spectacle, on est dans un lieu de travail, un lieu où on prend des décisions qui engagent l'avenir de la ville. Pour moi, cela ne fait pas partie du décorum qu'on devrait retrouver au conseil municipal.
Rectificatif
Une version précédente de ce texte affirmait que « Les règles relatives aux séances du conseil municipal interdisent [...] à toute personne de "parler à voix haute, de crier, de chanter ou de siffler" ». Il s'agissait d'une erreur : ce règlement s'applique aux bibliothèques municipales, et non aux séances du conseil. En entrevue, Danielle Berthold mentionnait plutôt un article du règlement 1300 de Sherbrooke stipulant que les délibérations du conseil doivent se dérouler avec politesse, calme, dignité, à haute et intelligible voix
.
Fernanda Luz affirme qu'elle ne voulait vraiment pas heurter personne. Je n'aurais pas pu penser que ça ferait cet effet-là : le contraire! Ce fut une assemblée du conseil municipal assez tendue. J'aurais voulu quand même apporter un peu de tendresse; normalement, c'est ce que la musique fait.
Danielle Berthold abonde cependant dans le même sens qu'Hélène Dauphinais.
« On ne peut pas commencer à chanter les Parapluies de Cherbourg ou un extrait de Starmania pour répondre à une question. Parce que, sinon, ce serait le capharnaüm et cela n'aurait aucun sens pour les gens qui y assistent ou les gens qui l'écoutent. »
Utiliser son temps de parole de façon adéquate
Fernanda Luz soutient cependant que certains conseillers et conseillères utilisent leurs trois minutes de façon inadéquate.
Ils utilisent ce temps-là pour se lancer des flèches. Puis on n’a jamais parlé de ça. Alors que moi, j'ai utilisé ce temps-là pour chanter une chanson dans une langue étrangère!
, déplore-t-elle.
Ça pose aussi la question [de savoir] jusqu'où ça va aller, rétorque Hélène Dauphinais. Est-ce que trois élus peuvent se mettre ensemble et dire : "Nous, on va faire une danse durant notre droit de parole"?
La présidente du conseil entend bien rappeler les règles lors de la prochaine séance du conseil municipal, et en resserrer d'autres.
C'est certain que lors d'un prochain 7-7-7 entre les élus et le directeur général de la Ville, c'est quelque chose que je vais mettre au clair, affirme Danielle Berthold. Je ne tolérerai plus des choses comme celle-là.
Avec les informations de Jean Arel