Un jugement qui pourrait changer la donne pour les campements de sans-abri dans le Nord
Le démantèlement des campements de tentes ne serait pas permis, selon la Charte canadienne des droits et libertés, sauf s'il y a d'autres options convenables. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Zacharie Routhier
La décision d’un juge dans le Sud de l’Ontario pourrait avoir une influence sur la façon dont les campements de sans-abri sont gérés par les villes du nord de la province à l’avenir.
Vendredi dernier, le juge Michael Valente a tranché dans une cause visant la Municipalité régionale de Waterloo.
Dans sa décision, il affirme que la Charte canadienne des droits et libertés ne permet pas d’expulser des personnes qui se trouvent dans un campement à Kitchener si le système de refuges de la région n'est pas adéquat et ne peut pas répondre aux divers besoins
des résidents de ces campements.
Ces besoins spéciaux comprennent les couples qui ne veulent pas être séparés, de même que les personnes qui ont des problèmes de dépendance ou de santé mentale.
La conseillère municipale de Sault-Sainte-Marie, Angela Caputo, croit que le jugement de la Cour supérieure aura un effet dans sa région.
« Je pense que oui, sans aucun doute. La preuve en est que nous avons cette conversation. Ces conversations ont lieu dans tout le Canada en ce moment, je pense. »
Elle comprend bien la situation à Kitchener, car Sault-Sainte-Marie a dû gérer un village de tentes au centre-ville en 2021. Le Conseil d’administration des services sociaux du district d’Algoma a en quelque sorte dû trouver une solution de logements pour ces personnes.
La crise a vraiment explosé ces trois ou quatre dernières années, fait remarquer Mme Caputo.
« En 2018, nous étions sur la bonne voie d’éliminer l’itinérance [à Sault-Sainte-Marie]… puis en 2021, nos chiffres officiels avaient grimpé à 244 [sans-abri]. Et vous savez, les chiffres officiels ne montrent pas nécessairement un portrait juste de la situation. »
À North Bay, le conseiller municipal Mark King affirme aussi que la décision du juge aura une incidence si la Ville doit gérer d’autres campements, comme ça a été le cas en novembre 2020.
Il confie avoir été d’abord surpris par la décision du juge Valente, mais croit que cela mettra de la pression sur les gouvernements provincial et fédéral, qui doivent selon lui aider les municipalités.
M. King, qui est aussi président du Conseil d’administration des services sociaux du district de Nipissing, souligne que la source du problème est le manque de logements abordables.
« En ce moment, dans la région de Nipissing, nous dépensons 100 000 $ par mois en chambres d’hôtel pour loger des sans-abri. Nous avons besoin de logements. »
Comme beaucoup d'élus, M. King a récemment participé à la rencontre de l’Association des municipalités rurales de l’Ontario (ROMA), à Toronto. Une occasion notamment de rencontrer des ministres.
Il en a profité pour discuter du financement du projet Northern Pines, qui consiste à transformer un ancien bâtiment de la Police provinciale de l’Ontario en logements de transition.
Angela Caputo fait écho aux propos de M. King en ce qui concerne la contribution de la province à la construction de logements abordables.
Elle ajoute que la province doit aussi investir davantage pour les soins de santé mentale, car le logement n’est pas le seul enjeu.
« Il ne s'agit pas seulement du logement. Nous devons planifier des services pour aider ces personnes dans leur lutte contre la santé mentale et les dépendances. Souvent, elles sont la cause première de l'itinérance. »
Les municipalités n'ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour s'occuper seules de ce problème
, ajoute Mme Caputo.
Avec les informations de Sam Juric, de CBC, et de Bienvenu Senga