Dialogue de sourds au sein des organismes de la communauté noire de Windsor-Essex

Leslie McCurdy, présidente du Conseil de la communauté noire de Windsor-Essex se dit prête à intégrer des francophones au sein de son conseil d'administration.
Photo : GABRIEL NIKUNDANA
La plupart des organisations communautaires anglophones, dans la région de Windsor-Essex, n’ont aucun francophone au sein de leur conseil d'administration. Selon Leslie McCurdy, présidente du Conseil de la communauté noire de Windsor-Essex, tous les membres des conseils d'administration sont à 100 % anglophones.
Nous n'avons aucun francophone au sein de notre conseil d'administration
, affirme Mme McCurdy.
Et pourtant, son organisation avait un objectif rassembleur à sa création en 2020, se souvient-elle.
« L'idée était de rassembler tout le monde pour que nous puissions collaborer et coopérer dans la lutte pour des choses qui nous touchent notamment le racisme anti-noir. »
Le Conseil de la communauté noire de Windsor-Essex est loin d'être le seul organisme qui ne dispose d’aucun francophone au sein des instances de prise de décisions.
À lire aussi :
Actuellement, aucun membre de mon conseil d'administration n’est même originaire d'un pays francophone
, renchérit Queen Amina Eghujovbo, fondatrice de Zalent Creatives Inc, un organisme qui promeut la culture de la diaspora africaine et caribéenne depuis 2019.
Selon elle, la langue est la principale barrière qui bloque la porte d'entrée des francophones dans les sphères dirigeantes de son organisation.
« Si je ne connais pas le français, il me sera difficile de mener des discussions claires avec des francophones et exprimer clairement mes idées . »
Cela devient donc un découragement pour essayer de les impliquer
, ajoute-t-elle.
Activités exclusivement en anglais
Outre l'absence de francophone au sein des conseils d'administration, toutes les activités se déroulent en anglais, un autre obstacle qui nuit à la collaboration.
La plus grande partie de nos activités se font en anglais
, précise Mme McCurdy. Et peu de francophones s’y intéressent parce que tout est en anglais
, ajoute-t-elle.
Mme Eghujovbo explique de son côté que son organisation se contente d’offrir des services de traduction pour des francophones lors des activités.
Jerry Masiya, directeur général de l'organisme Place du Partage, trouve inacceptable que des organismes censés être inclusifs ne servent qu’une partie de la communauté.
« Tu demandes des services en français, soit il n’y en a pas, soit il y a quelqu’un qui fait semblant de parler français, mais ne fait que balbutier. »
C'est un grand problème dans la communauté où on ne retrouve que des anglophones. C’est comme si les francophones n'existent pas
, souligne Jerry Masiya.
Des actions pour établir les ponts
Selon M. Masiya, des sessions de sensibilisation s’imposent lors des fêtes ou des rencontres communautaires.
C'est primordial de parler toujours de comment nous pouvons nous impliquer davantage avec la communauté anglophone
, propose M. Masiya.
Mme McCurdy promet pour sa part de rectifier le tir lors du prochain recrutement de nouveaux membres dans un conseil d'administration.
J'espère que dans les trois prochains mois, nous aurons quelqu'un dans notre conseil
, rassure-t-elle.
« Nous allons nous assurer que nous en avons au moins un qui va faire valoir les préoccupations de la communauté francophone dans tout ce qu’on fait. Nous sommes convaincus que c’est très important. »
La fondatrice de Zalent recreation Inc est du même avis. La participation d’un francophone dans son organisme fait désormais partie de ses priorités.
Nous sommes très ouverts à avoir une personne francophone dans notre conseil d'administration
, rassure Mme Eghujovbo.
Le directeur général de Place du Partage assure quant à lui que son conseil d'administration est composé de membres bilingues, même s'il offre des services en français.