Le gouvernement Legault veut garder l’expertise Medicago au Québec

Edifice Medicago parc technologique de Quebec
Photo : Radio-Canada / Bruno Boutin
Ottawa et Québec sont à la recherche d'une entreprise pour reprendre les activités de Medicago. La cessation des activités de la pharmaceutique ne doit pas rimer avec la perte de son expertise et de ses travailleurs au Québec, insistent des ministres québécois.
Medicago annonçait jeudi qu'elle cessait ses activités après les nombreux obstacles auxquels elle s’est heurtée pour commercialiser son vaccin à base de plantes contre la COVID-19. Mitsubishi Chemical Group, à la tête de l’entreprise basée à Québec, a jugé qu'il n'était pas viable de continuer à investir dans la commercialisation des produits de développement de l’entreprise.
Medicago embauchait plus de 300 employés qui ont développé une expertise en laboratoire. Avec la pénurie de main-d'œuvre, nul doute qu’ils retrouveront un emploi, mais la province veut s’assurer que leurs acquis soient maintenus ici.
Clairement, c’est ce qui nous préoccupe. On doit maintenir ça. Si les gens vont travailler ailleurs, cette expertise-là va disparaître
, a déclaré le ministre de l’Économie, de l’Innovation et du Développement économique régional, Pierre Fitzgibbon en entrevue à l'émission Première heure.
On va tout faire pour que le milieu pharmaceutique voie en Medicago et en ces employés-là quelque chose d’intéressant pour le futur.
Les gouvernements fédéral et provincial sont déjà à la recherche de repreneurs depuis quelques mois. Pierre Fitzgibbon sait depuis décembre que Mitsubishi ne veut pas rester actionnaire de Medicago.
J’ai contacté deux entreprises stratégiques et sur les deux, il y en a une qui est intéressée à regarder ça. [...] Nous comme gouvernement, on va en identifier d’autres.
Le ministre des Finances, Éric Girard, abonde dans le même sens que son collègue. Il faut trouver un repreneur, qui va garder la propriété intellectuelle des laboratoires, des espaces. [...] Ce n'est pas positif, mais je suis optimiste qu'on va trouver des solutions.
Trouver un repreneur est important sans quoi, Mitsubishi pourrait partir avec les brevets de Medicago.
Si l’entreprise est dissoute et personne reprend l’entreprise, techniquement le propriétaire a les brevets parce qu'il ne reste plus rien au Québec. Mais, on n’est pas rendus là
, explique le ministre Fitzgibbon qui affirme que le gouvernement pourrait, dans ce cas, payer
pour les garder et les protéger.
Des problèmes depuis des mois
Marc Dionne, médecin spécialiste en santé publique et chercheur clinicien au CHU de Québec, a participé à la mise au point du vaccin de Medicago contre la COVID-19.
Il n’est pas surpris de la tournure des événements. On sentait depuis des mois que Medicago avait des problèmes. Je ne comprenais pas que l'on continuait de construire le bâtiment parce que je savais que l’entreprise était en difficulté
, dit-il.
En 2018, la biopharmaceutique lançait le début des travaux de construction de sa nouvelle usine dans le secteur D'Estimauville au coût de 245 millions de dollars. Ce projet lancé avant la pandémie prévoyait une installation de 44 000 m². La construction de l'usine sera suspendue.
Selon Marc Dionne, il était impossible depuis plusieurs mois de poursuivre les essais cliniques sur le vaccin de Medicago contre la COVID-19 autorisé par Santé Canada en février 2022.
On avait besoin de quelques milliers de doses pour les essais cliniques, mais l’entreprise était dans l’impossibilité de nous les fournir alors qu’elle aurait dû fournir 100 millions de doses au Canada.
Si Marc Dionne n'est pas surpris de cette fermeture, le cofondateur de Medicago, François Arcand, a été pris de court par la cessation des activités.

L'origine de Medicago remonte à 1997.
Photo : Radio-Canada / Félix Duchesne
Il a quitté l'entreprise il y a plusieurs années, mais il croit toujours au potentiel des plantes pour fournir les vaccins de demain.
Je pense que la meilleure journée de Medicago, c'est demain, puis après demain, puis après demain. À un moment donné ça va être la meilleure journée de quelqu'un qui va avoir un vaccin efficace contre quelque chose
, a-t-il dit au micro de l'émission C'est encore mieux l'après-midi.
Important investissement d'Ottawa
Ottawa avait signé un accord pour acheter jusqu’à 76 millions du vaccin Medicago, en plus d’injecter 173 M$ à l’entreprise pour la fabrication de vaccins contre la COVID-19 et la mise en place d’installations de production à Québec.
Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a précisé lors d’un point de presse vendredi que des experts se penchent sur les contrats signés pendant la pandémie avec Medicago. Il y a des clauses engageant Medicago, et maintenant Mitsubishi Chemical Group, dans le respect de certaines conditions, a alors déclaré Jean-Yves Duclos. On va regarder ça attentivement parce que l'intérêt du gouvernement et du Canada doivent être respectés par la compagnie.

Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Selon le cabinet du ministre fédéral de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, Mitsubishi est en rupture de contrat avec le gouvernement fédéral. L’énergie du ministre est toutefois centrée, à ce point-ci, sur la recherche de solutions.
Je suis en contact avec des PDG à travers le monde pour voir qui pourrait reprendre éventuellement les activités de Medicago. On veut conserver les emplois et la propriété intellectuelle. [...] C'est une situation relativement complexe, mais tout le monde est en train de voir qui pourrait être le partenaire industriel
, affirme le ministre.
Sa priorité est de garder les emplois au Québec et d'éviter de perdre ces travailleurs spécialisés au profit d'autres pays.
Le ministre fédéral Jean-Yves Duclos a aussi réitéré que beaucoup d’acteurs d’Ottawa et de Québec se sont déjà mobilisés pour pouvoir maintenir l’expertise de Medicago à Québec. On va tous travailler ensemble pour trouver rapidement des solutions.