Golfe du Saint-Laurent : record de température et absence de glace

L'absence de couvert de glace sur le golfe du Saint-Laurent entraîne de nombreuses répercussions.
Photo : Véronique St-Onge
À 300 m de profondeur, la température moyenne de l'eau du golfe du Saint-Laurent dépasse les 7 °C pour la première fois en plus de 100 ans.
Selon Peter Galbraith, océanographe à l'Institut Maurice-Lamontagne (IML), les masses d'eau adjacentes au golfe affichent elles aussi des températures plus élevées que la normale.
Elles influencent directement la température de l'eau par un lent phénomène de succion.
Le chercheur soutient que le contexte actuel constitue une zone inconnue pour la plupart des scientifiques.
C'est beaucoup plus difficile pour tous les biologistes qui font les évaluations de stocks d'espèces commerciales pour évaluer la pression que cette température beaucoup plus chaude exerce sur leurs espèces parce qu'ils n'ont aucun gage du passé pour savoir comment cette espèce-là réagit.
Des données scientifiques de l'IML permettent d'anticiper une hausse de la température de l'eau du golfe du Saint-Laurent sur une période minimale de deux ou trois ans.
Note aux lecteurs
Veuillez considérer que ce texte a été modifié afin de préciser certains éléments, notamment les impacts de la tempête Fiona sur la température de l'eau à différentes profondeurs ainsi que la superficie occupée par les glaces à cette période de l'année.
L'influence de Fiona
La tempête tropicale Fiona, qui a frappé l'automne dernier, a elle aussi eu un impact sur le bilan actuel.
La température des eaux de surface du golfe a baissé de 6°C. Une hausse équivalente de la température de l'eau de la couche intermédiaire froide, à 50 m de profondeur, a aussi été enregistrée. Ces changements se sont produits sur une période de 24 heures.
La chaleur de la surface de l'eau a été brassée vers le fond. Puis la température a augmenté en profondeur, où l'eau est généralement froide.
Peter Galbraith précise qu'il aura fallu plusieurs semaines avant que la chaleur de l'eau ne s'évacue dans l'atmosphère.
On ne rattrapera pas un couvert de glace qui ressemble aux normales saisonnières cette année. Il est trop tard.

Un mince couvert de glace entoure l'archipel des Îles-de-la-Madeleine.
Photo : Véronique St-Onge
Les glaces se font rares
La quantité de glace qui recouvre le golfe est actuellement de 5 km3, tandis que la moyenne saisonnière pour cette période de l'année est de 60 km3 lorsqu'elle est à son maximum.
La faible présence de glaces cet hiver représente un record dans l'analyse des données statistiques prises depuis 1969.
La banquise est présente en face de Sept-Îles, dans la Baie-des-Chaleurs et tout le long de la côte gaspésienne.
Le couvert de glace s'étend jusqu'à l'Île-du-Prince-Édouard depuis quelques jours, mais les alentours de l'île d'Anticosti sont encore en eaux libres.
Habituellement, à pareille date, la banquise dépasse les Îles-de-la-Madeleine.