Une clinique pour les victimes d’étranglement ouvre ses portes dans le Grand Vancouver
L’étranglement est un indicateur important d’escalade de la violence, affirme un ex-procureur de la Couronne.

Les victimes d'étranglement souffrent des mêmes symptômes que ceux de commotions cérébrales, affirment les experts.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
La Régie de la santé Vallée du Fraser a désormais une clinique permanente pour les survivants de violence interpersonnelle qui se spécialise dans les soins aux victimes d’étranglement.
Avertissement : ce texte contient des informations qui pourraient choquer.
La clinique mobile Embrace, qui offrait des soins aux victimes d’étranglement depuis 2015 à Surrey, a maintenant un emplacement permanent tout près de l’Hôpital Surrey Memorial : la Strangulation Clinic. Toutes les victimes de 13 ans et plus y sont accueillies, quel que soit leur genre.
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Hannah Varto, infirmière praticienne à la clinique, raconte que beaucoup de victimes sont surprises d’apprendre qu’elles pourraient avoir subi un traumatisme cérébral à la suite d’un étranglement ou de coups à la tête.
Ce que nous voyons dans les suivis avec ces patientes, c’est qu’elles ont tous les symptômes d'une commotion cérébrale, soit des maux de tête, des difficultés à se concentrer, de problèmes de mémoire et de l'insomnie.
Les personnes qui se présentent à la clinique subissent un examen complet de la tête et du cou pour évaluer leurs blessures et les dommages éventuels subis par les vaisseaux sanguins.
La clinique offre également aux victimes un service de conseillers, des soins en santé mentale et des conseils de traitements à suivre à la suite d’une attaque.
« Cela me donne des frissons juste de le dire, mais les personnes qui ont été étranglées par leur partenaire, surtout les femmes, sont sept fois plus susceptibles d'être tuées par leur conjoint à l’avenir. »
Un signe d'escalade de la violence
Ancien procureur de la Couronne ayant 30 ans d'expérience, Winston Sayson explique que l’étranglement est un indicateur important d’une escalade de la violence conjugale à venir. Arrivé à ce point, c'est une zone très dangereuse
, dit-il.
En 2019, le Code criminel a été modifié pour ajouter l’étranglement et la suffocation aux agressions avec arme ou causant des lésions corporelles (Nouvelle fenêtre). Une personne reconnue coupable de ce chef d’accusation est passible d’une peine de 10 ans d'emprisonnement.
Des symptômes de commotion cérébrale
Si les étranglements sont répétés, les symptômes sont semblables à ceux de joueurs de hockey ou de football à la retraite qui ont subi plusieurs commotions cérébrales à la suite de coups à la tête, comme l'explique Paul van Donkelaar, professeur des sciences de la santé à l’Université de la Colombie-Britannique et enquêteur principal du groupe de recherche Supporting Survivors of Abuse and Brain Injury through Research.
Elles (les victimes) vivent avec des symptômes chroniques pendant des mois, des années et cela va probablement mener à des maladies neurodégénératives comme la démence et la maladie d'Alzheimer
, déclare le chercheur, qui croit qu'il faut mener davantage d’études sur les traumatismes crâniens causés par la violence interpersonnelle.
Détecter et traiter l’étranglement
Selon l'organisme d’aide aux femmes violentées de Vancouver, Battered Women's Support Services, il est important pour les professionnels de la santé de savoir comment déterminer si un étranglement a eu lieu lorsqu’ils examinent une victime de violence familiale.
Des victimes traitées pour des blessures et des ecchymoses et qui ne dévoilent pas qu’elles ont été étranglées ne recevront pas les soins nécessaires, explique-t-on du côté de la Régie de la santé Vallée du Fraser.
Selon cette dernière, 55 % des 405 victimes de violence conjugale examinées à l'Hôpital Surrey Memorial de 2017 à 2022 avaient subi un étranglement.
Les organismes qui aident les victimes précisent qu’il est important qu'il y ait une collaboration entre tous les services d’aide, le système de santé et les services policiers, car les victimes ne sont souvent pas libres ou à l’aise d’aller chercher l’aide dont elles ont besoin.
Qui contacter si vous êtes victime de violence conjugale?
Si vous êtes en danger immédiat ou craignez pour votre sécurité, appelez le 911.
VictimLinkBC (service multilingue gratuit, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, pour la Colombie-Britannique et le Yukon)
- appel ou texto au 1 800 563-0808
- courriel à VictimLinkBC@bc211.ca
Inform'Elles (en français du lundi au vendredi, de 10 h à 18 h)
- (604) 653-8213
- info@informelles.ca
Avec les informations de Baneet Braich