Neskantaga embauche des consultants pour trouver une solution pour son eau potable
La communauté de Neskantaga tente de nouvelles solutions pour résoudre ses problèmes d'eau potable.
Photo : CBC/Olivia Stefanovich
La Première Nation de Neskantaga va faire effectuer des analyses d’eau par une firme externe afin de tenter de trouver la cause de son problème d’eau potable, qui fait en sorte que la communauté fait l'objet d'un avis de faire bouillir l'eau depuis 28 ans.
C’est la firme ontarienne S. Burnett and Associates Limited qui va évaluer l’état de l'usine de traitement d’eau, alors que l’avis d’ébullition de l’eau qui touche la communauté atteint ce mois-ci son triste 28e anniversaire.
Les travaux d’analyse de la firme vont commencer au cours de la semaine prochaine.
Le gouvernement fédéral affirme que l'usine de traitement rénovée de la communauté produit maintenant de l'eau propre, mais les membres de la communauté disent qu'ils sont toujours malades à cause de ce qui sort de leur robinet.
Selon le chef Wayne Moonias, la firme parlera avec des membres de la communauté et des opérateurs qui travaillent présentement et qui ont travaillé à l’usine de traitement de l’eau.
La firme tentera d’en savoir plus sur les retards et les coûts croissants associés à la modernisation de ces infrastructures.
Avec un peu de chance, nous allons obtenir plus de réponses
, explique M. Moonias.
Nos concitoyens nous demandent souvent quand cela va se terminer et quand nous allons vraiment résoudre ce problème une fois pour toutes
, ajoute-t-il.
Le gouvernement fédéral a alloué 8,8 millions de dollars à la modernisation de l'usine de traitement des eaux de Neskantaga pour 2018, mais les membres de la communauté disent qu'ils n'ont toujours pas d'eau potable.
Plusieurs entrepreneurs ont été embauchés pour réaliser les travaux et le coût du projet a doublé en 2020 pour atteindre 16,5 millions de dollars.
M. Moonias indique que les plus de 400 membres de sa communauté continuent de souffrir.
Il dit croire que le manque d'eau potable contribue aux autres défis de la communauté, comme son taux de suicide élevé.
C'est une honte, nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone dans un pays qui est si riche, et nous vivons dans des conditions de tiers-monde
, dit-il.
Selon M. Moonias, l'eau de la communauté provoque des cicatrices et des plaies.
Nous avons des gens qui se plaignent que lorsqu'ils prennent une douche, ils vomissent. Ils ont des maux de tête. Ce sont les rappels constants que nous sommes toujours en état de crise
, déplore-t-il.
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Le ministère des Services aux Autochtones paie pour cette enquête à Neskantaga. Le ministère n'était pas en mesure de donner à CBC/Radio-Canada une estimation de son coût au moment de la publication.
Il est inacceptable que des gens aient à vivre aussi longtemps sans eau potable, avec l'inquiétude et la crainte que l'eau qu'ils consomment ne soit pas sûre pour eux et leurs enfants
, déplore la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu.
Cela doit être une priorité essentielle pour notre gouvernement et les gouvernements de tout le pays
, ajoute-t-elle.
Mme Hajdu affirme que l'usine d'épuration modernisée produit de l'eau potable, propre et sûre, mais M. Moonias explique que les travaux sur la station sont encore incomplets et que les problèmes du système de distribution de la communauté persistent.
Mme Hajdu dit qu'elle va travailler avec Neskantaga pour s'assurer que l'eau est testée tout au long de son trajet jusqu'aux foyers des habitants.
Un test de capacité est prévu pour la semaine prochaine afin de voir si les infrastructures d'eau peuvent gérer la population croissante de Neskantaga.
Neskantaga est l'une des 29 Premières Nations toujours confrontées à des avis à long terme sur l'eau potable au pays.
La décision de lever l'avis de Neskantaga revient à M. Moonias, mais celui-ci indique qu'il ne peut pas prédire quand cela pourrait se produire.
Je ne peux pas vous donner une date, nous sommes dans une crise continue
, indique-t-il.
Avec les informations d'Olivia Stefanovitch, de CBC