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Une disposition ministérielle fédérale nuirait à des entreprises Nord-Côtières

Panneau du Groupe Nordique sur lequel figure le numéro de téléphone de l'entreprise.

Le Groupe Nordique offre plusieurs services, comme la location d'équipements lourds et le déneigement, et emploie plusieurs travailleurs étrangers.

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau

Radio-Canada

Le maintien d’une directive ministérielle adoptée au cours de la pandémie crée des remous dans le secteur de la main-d’œuvre sur la Côte-Nord. Les entreprises locales affirment en faire les frais.

Le directeur général du Groupe Nordique, Guillaume Harvey, dit avoir perdu 8 travailleurs recrutés aux Philippines au profit d'entreprises montréalaises.

Une autre entreprise de la région, Normec, indique elle aussi avoir perdu la moitié des 15 employés recrutés à l'étranger au début de la pandémie, selon son directeur général, Éric Lizotte. Ces départs représenteraient des pertes financières d’environ 100 000 dollars.

Selon RM Recrutement International, des firmes montréalaises courtiseraient des travailleurs sur les réseaux sociaux. Ceux-ci peuvent rapidement changer d'emploi depuis l'instauration de la directive fédérale, même si elle a d'abord été mise en place pour des travailleurs qui ont besoin de changer d'emploi en raison d'un licenciement ou d'un permis de travail expiré, par exemple.

Régis Michaud, président fondateur, de RM Recrutement International, explique que le cœur du problème réside dans le manque de suivi de la part de Service Canada lorsqu'un travailleur étranger temporaire quitte un emploi.

« Les travailleurs démissionnent, tout simplement, puis en dedans de deux semaines ont déjà un autre emploi et commencent à travailler dans la région de Montréal. »

— Une citation de  Régis Michaud, président fondateur de RM Recrutement International

Depuis la mise en place de la disposition ministérielle en mai 2020, les travailleurs étrangers temporaires ne sont plus tenus aux mêmes conditions qu’avant, notamment celle de devoir refaire un processus d'obtention de permis s’ils souhaitent changer d’emploi en cours de contrat. C’est précisément ce que Régis Michaud déplore.

Des entreprises font donc du recrutement à l’étranger, et déboursent des sommes considérables à cet effet. Les coûts de déplacement, la préparation des appartements, l’ameublement ou encore les assurances temporaires ne sont que quelques exemples des frais associés à cette démarche.

Le maraudage des travailleurs étrangers

ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Bonjour la Côte

Bonjour la côte, ICI Première.

Régis Michaud estime que le travail qui est fait en amont par les employeurs s’élève à près de 20 000 dollars par employé recruté. Il dénonce que d’autres employeurs profitent finalement de l’absence de ces coûts de démarchage.

Il existe des réglementations distinctes qui s’appliquent en vertu des permis de travail obtenus. Le permis peut être soit ouvert, soit lié à un employeur (des permis dits fermés).

Ce que le gouvernement donne, c’est des permis de travail fermés, indique Régis Michaud. Et malheureusement, ajoute-t-il, compte tenu de l’absence de suivi de Service Canada, il n’y a aucun moyen de savoir si les travailleurs ont été mis à pied, ont quitté leur emploi pour des raisons valables, ou ont plutôt cédé aux attraits d’autres agences de recrutement.

Et qu’en est-il des travailleurs étrangers?

Hélène Lejeune, coordonnatrice d’un organisme qui offre un service d’accueil aux personnes immigrantes, constate une hausse du phénomène dénoncé par les entreprises.

« Oui, ça peut être problématique parfois, mais on doit regarder ça des deux côtés. Il y a l’employeur, et il y a l’employé. »

— Une citation de  Hélène Lejeune, coordonnatrice du Centre Alpha Lira

Il peut aussi y avoir des employeurs qui n’honorent pas leur contrat et qui font vivre des situations problématiques à certains travailleurs, explique-t-elle.

Hélène Lejeune, du Centre Alpha Lira de Sept-Îles.

Hélène Lejeune, du Centre Alpha Lira de Sept-Îles

Photo : Ann-Sophie Gravel

Une nuance aussi soulignée par le coordonnateur régional du Syndicat des métallos pour la région de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, Nicolas Lapierre. De son côté, il constate plutôt le niveau de dépendance que les travailleurs étrangers vivent en regard à l’employeur, explique-t-il.

« Quand on a des permis fermés, on voit des histoires d’horreur revenir à nos oreilles. »

— Une citation de  Nicolas Lapierre, coordonnateur régional du Syndicat des métallos pour la région de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine

À la grandeur du Québec, il commence à sortir plusieurs histoires d’horreur [...] quand certains employeurs sont malveillants, mal intentionnés, et qu’ils réalisent le niveau de pouvoir qu’ils peuvent avoir sur un employé lié à une entreprise. On a en place des situations qui peuvent se dégrader et les travailleurs étrangers sont condamnés à vivre des situations inacceptables, ajoute le Nicolas Lapierre.

Par voie écrite, le bureau de la députée fédérale de Manicouagan, Marilène Gill, explique vouloir poursuivre la collaboration avec les parties prenantes afin de trouver une solution, et qu'il est essentiel de prendre en compte les deux côtés de la médaille.

Avec les informations de Laurence Vachon

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