Aqueduc et égout : les coûts explosent et les délais s’allongent à Gascons

La presque totalité des maisons du secteur de Gascons n'est pas desservie par le réseau d'aqueduc et d'égout. Des études ont démontré que bon nombre de puits étaient contaminés. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
Les coûts du projet de raccordement d'aqueduc et d'égouts dans le secteur de Gascons connaissent une hausse vertigineuse. La situation contribue à allonger encore davantage les délais de réalisation de ce projet attendu depuis 25 ans à Port-Daniel–Gascons.
En 2018, la facture pour brancher la totalité des quelque 425 maisons de Gascons au réseau d'aqueduc et environ 80 % d'entre elles au réseau d'égout était estimée à 28,6 millions de dollars.
Cinq ans plus tard, les coûts sont désormais évalués à 40 millions de dollars, soit une hausse de 40 %.
C’est sûr que la pandémie nous a retardés et, maintenant, avec l’inflation que tout le monde connaît aujourd’hui, les coûts ont explosé
, explique le maire de Port-Daniel–Gascons, Henri Grenier.
La Municipalité de Port-Daniel–Gascons devra donc se rasseoir avec des représentants du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, car la subvention gouvernementale de 26,6 millions de dollars obtenue en 2018 est devenue nettement insuffisante.
C’est sûr qu’il va falloir avoir des rencontres avec le gouvernement à cet effet-là. On est en train de préparer ça, ces rencontres vont avoir lieu ce printemps
, assure M. Grenier. On espère avoir le maximum pour que les coûts soient acceptables pour la population.
Encore des délais, malgré des enjeux de santé publique
Ces pourparlers à venir vont allonger une fois de plus les délais de réalisation de ce projet mainte fois reporté.
On n’a pas trouvé de source d’eau dans le secteur de Gascons
, explique Henri Grenier. On a été obligé de conclure une entente avec la Ville de Chandler pour utiliser le réservoir de Newport pour fournir de l’eau à Gascons, mais pour ça il a fallu faire des études pour voir la capacité du réseau de Newport et le faire accepter par le gouvernement. C’est toujours du temps, du temps et du temps.
Le maire est très conscient de l’impatience de la population de Gascons.
Les gens ont hâte parce qu’il y a quand même des gens qui vivent des situations très désagréables. Il y a des gens qui manquent d’eau en saison estivale
, rapporte M. Grenier. Il ne faut pas oublier non plus les études qui démontrent que plus de 75 % des puits contiennent de l’eau non potable. C’est problématique.
Une étude réalisée il y a une dizaine d'années par la firme BPR démontrait que 76 % des puits du secteur de Gascons étaient contaminés par les eaux usées qui circulent à proximité des sources d'eau potable. Le document rapportait aussi que 60 % des propriétaires utilisaient des puisards qui ne respectent pas aux normes provinciales.
Bernard Leiffet fait partie des résidents dont le puits est contaminé par diverses bactéries. Il ne boit plus l’eau de son puits depuis une décennie. Au fil des ans, le résidant a multiplié les représentations auprès de plusieurs instances pour dénoncer la situation.
« Ça fait 18 ans que j’habite à Gascons et ça fait 18 ans qu’on me dit qu’on va avoir bientôt l’aqueduc. C’est la même ritournelle depuis 2004. »
L’homme commence à douter de la réalisation du projet ; il considère que le branchement de sa maison au réseau d'aqueduc serait un miracle
.
Avec l’inflation que nous connaissons, après ça un moment, est-ce qu’on va nous dire que c’est impossible? Est-ce qu’il faut encore y croire?
, questionne M. Leiffet.
De son côté, le maire garde espoir.
« Personnellement, j’y crois à ce projet. On y a mis beaucoup de temps, depuis longtemps. C’est en voie de réalisation. »
Les plans et devis sont complétés à 99,9 %
, ajoute-t-il. On est rendu à l’étape d’embaucher une firme d’arpenteur-géomètre concernant les servitudes et les acquisitions de terrain que la Municipalité va devoir faire. On doit aussi donner un mandat à une firme archéologique pour faire des fouilles.
Si Québec consent à rehausser son financement, Henri Grenier espère lancer les soumissions à l'automne afin que le chantier puisse se mettre en branle au printemps 2024. Les travaux s'étaleront sur deux ans.