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Marit Stiles prend les rênes du NPD ontarien

La députée néo-démocrate Marit Stiles.

La députée néo-démocrate Marit Stiles.

Photo : Radio-Canada / Vedran Lesic

Marit Stiles a déjà emporté quelques boîtes au 3e étage de Queen's Park, mais elle attend encore son couronnement officiel avant de finaliser son déménagement. Le décor est « un peu triste », elle le concède. Le bureau du chef de l'opposition officielle offre tout de même une vue panoramique sur le centre-ville et les jardins au sud de l'assemblée législative, ce qui la console.

Au terme d'une course solitaire – elle est la seule personne à s'être présentée pour succéder à Andrea Horwath – Marit Stiles sera officiellement proclamée leader samedi. Même si Mme Stiles n'a fait face à aucune opposition, les membres du parti doivent tout de même entériner sa victoire, une formalité, assure la direction du NPD de l'Ontario.

« Je suis un peu nerveuse, mais je pense que c'est sain. Je suis vraiment excitée de commencer et de faire face au premier ministre. »

— Une citation de  Marit Stiles

Marit Stiles n'a pas encore été couronnée, mais elle a déjà hérité de l'emploi du temps chargé qui accompagne le titre de cheffe de l'opposition officielle. Dans les dernières semaines, elle a même entrepris une mini tournée provinciale pour échanger avec les électeurs et se faire connaître.

Depuis son élection en 2018, son rôle de porte-parole de l'opposition en matière d'éducation l'a propulsée à l'avant-scène de plusieurs dossiers chauds en politique provinciale. Elle était jusqu'ici une des néo-démocrates les plus en vue à Queen's Park.

On me dit souvent : je vous ai vue quelque part riposter à Stephen Lecce [NDLR : le ministre de l'Éducation], explique Marit Stiles, lorsqu'on lui demande de mesurer sa popularité auprès de l'électorat. Elle espère maintenant que les Ontariens – pas seulement les parents et le milieu de l’éducation – la découvriront sous un nouveau regard d'ici aux prochaines élections.

Marit Stiles a grandi à Terre-Neuve-et-Labrador, aux limites de la ville de Saint-Jean (T.N.L.), dans la petite communauté de Long Pond, entourée de poulets et de chèvres. En plus des animaux, sa famille essayait avec acharnement de faire pousser des légumes, une tâche ardue en raison du climat.

Une jeune Marit Stiles faisant du ski de fond.

Marit Stiles a grandi dans la région de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, avant de déménager en Ontario pour poursuivre ses études universitaires.

Photo : Facebook/Marit Stiles (capture d'écran)

De la ferme sur la côte atlantique, elle s'est retrouvée à Ottawa pour les études, puis s'est installée dans l'immensité de béton qu'est Toronto. Tout un contraste avec sa province natale.

« [Toronto] était aussi le siège de l'élite au pays. Je me suis sentie comme une étrangère. »

— Une citation de  Marit Stiles

C'est la découverte des quartiers distincts de Toronto et ses petites communautés qui l'a charmée puis incitée à s'installer. Elle mentionne notamment la communauté portugaise qui est bien ancrée dans Davenport, la circonscription qu’elle représente.

Un premier emploi auprès de Gilles Bisson

Aussitôt sortie de l'université, Marit Stiles a décroché un emploi auprès d'un jeune député fraîchement élu au sein du gouvernement de Bob Rae : un certain Gilles Bisson. Le Franco-Ontarien commençait alors son premier de huit mandats avec le rôle d'assistant parlementaire du ministre des Mines et du Développement du Nord. En compagnie de Gilles Bisson, Marit Stiles a parcouru le Nord, ce qui lui a permis de rapidement développer une affinité avec les régions.

C'était une expérience incroyable qui m'a aidée à mieux comprendre notre province et sa diversité [géographique], se remémore Marit Stiles.

Marit Stiles continue de côtoyer Gilles Bisson, bien qu'il ait perdu son siège en juin. Un repas avec l'ex-député est d'ailleurs inscrit à son calendrier dans les prochaines semaines. Une occasion peut-être de sonder le vieux routier de la politique provinciale sur ses nouvelles propositions pour le parti.

Marit Stiles en visite à Timmins, entourée de l'ex-député Gilles Bisson et du député Guy Bourgouin.

Marit Stiles en visite à Timmins, entourée de l'ex-député Gilles Bisson et du député Guy Bourgouin

Photo : Facebook/Marit Stiles (capture d'écran)

Leur rencontre sera peut-être aussi l’occasion pour Marit Stiles de pratiquer son français. La politicienne perfectionne ses connaissances de la langue auprès d’un tuteur depuis son arrivée à Queen’s Park en 2018. Elle indique d’ailleurs être souvent à la recherche d’occasions pour converser en français et jeter son dévolu sur les employés bilingues du NPD.

La saveur Marit Stiles?

Marit Stiles ne semble pas vouloir précipiter les changements au sein du NPD. Elle souhaite d'abord prendre le temps de consulter avant de préciser sa vision et d'ajouter sa saveur au parti. Elle indique cependant que certains membres du caucus pourraient se voir confier de nouveaux rôles à la reprise des travaux parlementaires, à la fin février.

La députée de Davenport parle d'une nouvelle énergie et d'une effervescence renouvelée, mais reste avare de détails quant aux changements concrets qu'elle mettra en place. Des changements qui pourraient l'aider à se détacher de l'héritage de sa prédécesseure, Andrea Horwath, qui a dirigé le parti pendant plus de 12 ans.

Marit Stiles, entourée de députées, annonce qu'elle sera candidate à la direction du NPD provincial.

Marit Stiles, lors du lancement de sa campagne pour la chefferie du NPD, le 22 septembre.

Photo : La Presse canadienne / Alex Lupul

Nous avons un style différent et une approche différente, assure Stiles. Reste que les deux femmes ont un profil similaire, ce qui pourrait confondre certains électeurs.

Déjà, Marit Stiles semble vouloir se rapprocher de la jeunesse ontarienne. Son humour, notamment sur les réseaux sociaux, pourrait d'ailleurs plaire à un électorat plus jeune. À ce chapitre, elle peut compter sur deux conseillères spéciales : ses filles de 18 et 21 ans.

Elles sont mes critiques les plus sévères, admet Marit Stiles. Ce sont les premières à me le dire quand je ne sonne pas authentique.

Quant à la faible participation électorale, elle l’attribue à un manque d'écoute des plus jeunes générations, une négligence qu'elle compte rectifier. Marit Stiles pense entre autres à la question climatique, sur laquelle les gouvernements laissent tomber les jeunes, ce qui alimente aussi leur cynisme.

« Je pense qu'il nous incombe à tous d'écouter ce que cette génération a à dire. »

— Une citation de  Marit Stiles

Après une trentaine de minutes, Marit Stiles doit filer vers un autre rendez-vous. Alors qu'elle s'apprête à quitter la grande salle de conférence, dans son bureau du 3e étage, elle fixe son regard sur les murs, un instant. Ils sont gris taupe. Visiblement, elle a des idées pour redécorer la pièce, mais reste silencieuse quant à ses intentions. Un peu comme pour sa vision du NPD, il faudra encore attendre avant de saisir ce qu'elle compte faire avec le parti qu'elle dirige maintenant.

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