QS accuse le ministre Charette de se défiler dans le dossier du nickel
Malgré des dépassements répétés de la norme sur le nickel, aucune sanction n'a jusqu'ici été appliquée.

Le rapport du groupe de travail chargé d’étudier la qualité de l’air dans le secteur Limoilou a été rendu public mardi. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Québec solidaire (QS) reproche au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, de faire le jeu des entreprises émettrices de polluants atmosphériques en ne sanctionnant pas les dépassements de la norme sur le nickel.
Le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, peine à comprendre pourquoi les violations répétées de la norme quotidienne sur le nickel enregistrées dans sa circonscription n’ont jamais débouché sur des amendes.
Selon des données du ministère de l’Environnement obtenues par Radio-Canada, 20 dépassements de l’ancienne norme de 14 nanogrammes par mètre cube (ng/m³) ont été enregistrés à la station du Vieux-Limoilou en 2021 et 2022.
À deux reprises, les concentrations de particules relevées étaient quatre fois supérieures à l’actuelle norme, largement assouplie, de 70 ng/m³.
Activités portuaires
Même si le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques (GTPA) associe les dépassements élevés de la norme aux activités du Port de Québec, où un seul opérateur, Glencore, manutentionne du nickel, le ministre de l’Environnement plaide qu’il n’est pas en mesure d’établir la responsabilité de l’entreprise.
Il faut que je mette en cause le premier responsable et [il] est là, le défi, par moments. On sait [de quel] secteur ça vient, mais il y a plusieurs activités au port et le défi, c’est d'identifier laquelle de ces activités-là a été à l'origine du dépassement telle ou telle journée
, a déclaré Benoit Charette mercredi.
Cette explication est loin d’être satisfaisante aux yeux de Sol Zanetti, dont la circonscription comprend le secteur du quartier Limoilou où les plus fortes concentrations de nickel ont été enregistrées.
Le député de Jean-Lesage affirme que le GTPA
aurait pu facilement établir la responsabilité ou non de Glencore si l’entreprise avait partagé avec lui les résultats de ses instruments de mesure privés, ce qu’elle a refusé de faire.Exiger les données
C'est quelque chose que le ministre de l'Environnement doit exiger. Il doit exiger d'avoir toutes les données de tous les capteurs du Port de Québec, de toutes les compagnies pour être capable d'identifier le coupable
, réclame Sol Zanetti dans une entrevue accordée jeudi à Radio-Canada.
À défaut d’attribuer la responsabilité des dépassements de la norme à telle ou telle entreprise, le ministre Charest devrait à tout le moins utiliser le principe de précaution et exiger à l’ensemble des émetteurs les plus hauts standards en matière d'atténuation, plaide l’élu solidaire.
Il doit sévir parce que là, ça fait des décennies que ces gens-là font n'importe quoi, ils font ce qu'ils veulent. Puis le ministre de l'Environnement, qui est là depuis cinq ans, il fait juste gagner du temps, ne rien faire, puis il se fout de notre gueule
, dénonce Sol Zanetti.
Il reproche également au ministre de l’Environnement de ne pas avoir encore présenté de plan pour adopter les mesures d’atténuation proposées par le groupe d’experts qui peuvent être mises en place rapidement.
Certaines de ces mesures visent à améliorer la gestion des émissions fugitives provenant des opérations de manutention de vrac solide au Port de Québec et dans d’autres sites industriels du secteur.
Avec la collaboration d’Alexandre Duval et d'Olivier Lemieux