De futures infirmières dénoncent les stages obligatoires, non rémunérés et coûteux

Étudiante de deuxième année en sciences infirmières, Érica L'Italien dit qu'elle doit débourser entre 500 et 600 dollars pour son stage d'un mois.
Photo : Radio-Canada
Entre 500 $ et 600 $, c’est la somme qu’Érica L’Italien, étudiante en sciences infirmières à l’Université de Moncton, devra débourser au cours du prochain mois pour profiter d’un stage non rémunéré et obligatoire.
Elle doit payer elle-même ses uniformes et son stéthoscope, notamment. Cette estimation comprend aussi une partie du coût de ses livres et quelques pleins d’essence, puisque son stage est à l’Hôpital Stella-Maris-de-Kent, à Sainte-Anne-de-Kent qui se trouve à un peu moins d’une heure de Moncton. Érica L’Italien devra s’y rendre trois fois par semaine.
Selon elle, ces dépenses sont d’autant plus intolérables qu'il y a pénurie de main-d'œuvre en soins infirmiers.
On devrait avoir de l’aide pour pouvoir les payer avec le manque d’infirmières
, dit-elle en ajoutant que ce serait une manière d’attirer plus de personnes dans cette profession.
Travailler ou non pendant son stage?
Le Réseau de santé Vitalité dit qu’il n’est pas responsable des dépenses liées au matériel ni aux déplacements des stagiaires. Selon lui, il s’agit plutôt de la responsabilité du programme de formation.
Le réseau dit cependant offrir un emploi aux personnes qui étudient en sciences infirmières, une fois leur diplôme en main. Et leur donner la possibilité de travailler pendant leurs études comme préposées aux soins ou infirmières auxiliaires.
Érica L'Italien a accepté de travailler comme préposée aux soins à temps partiel, mais, pendant son stage, elle n'a pas le temps de le faire, ce qui n’est pas sans conséquences financières.
Disons qu'on ferait 24 heures par semaine pour un mois, ça viendrait à 2400 dollars que nous autres on pourrait tirer dans notre poche pour payer pour nos dépenses en stage, mais, avec le stage, on perd de l'argent parce qu'on n'est pas capables de travailler
, explique-t-elle.
Pour certains de ses camarades, arrêter de travailler est tout simplement impossible du point de vue financier.
C’est le cas de Rija Rabearivelo qui fera son stage au CHU
Dumont à Moncton. Cette décision lui permet de payer son loyer, sa nourriture et d’assumer des frais de scolarité plus importants en tant qu’étudiant international.Il pourrait bientôt se trouver dans la même situation que lors de stages précédents, c'est-à-dire être stagiaire pendant huit heures et préposé aux soins pour les douze heures suivantes. Autrement dit, il pourrait passer 20 heures consécutives à l’hôpital.
Je sais que c'est pas conseillé. Je sais que, si j'avais été dans la capacité de ne pas le faire, je ne l'aurais pas fait pour sûr. Mais avec les charges et les dépenses qui s'en viennent, le loyer que je dois payer, je me dois de travailler pour subvenir à mes propres besoins
, explique-t-il.
Pénurie de main-d’œuvre et apprentissage
En plus des dépenses importantes, certains étudiants se rendent compte que le temps d’apprentissage lorsqu’ils sont en stage est parfois réduit à cause de la pénurie de main-d'œuvre.
C’est le cas notamment de Rija Rabearivelo qui devait assister à une certaine procédure médicale pour la première fois. Cependant, il a été appelé pour effectuer une autre tâche.
Je me suis fait appeler dans la salle pour changer la culotte d'incontinence d'un autre patient, qui est le travail d'un préposé, mais qui est aussi dans mes rôles en tant que stagiaire; mais je trouve que cela n'est pas une priorité, comme je suis en stage pour apprendre
, raconte-t-il.
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Une annonce prometteuse
L’Université de Moncton n'a pas répondu à la plupart de nos questions, y compris celles concernant les dépenses liées au matériel et aux déplacements.
L’université nous a néanmoins dit que l’École de réseau de science infirmière devait bientôt
faire une annonce prometteuse
.
Suzanne Harrison, la directrice de l'École de science infirmière de l'Université de Moncton, dit que les stages ont fait l'objet de discussions entre l'Université de Moncton et le Réseau de santé Vitalité. Elle explique qu'il est question que le réseau couvre les frais de stationnement et réduise les tarifs pour les repas pour les stagiaires.
De notre part, c'est d'aller chercher des bailleurs de fonds qui pourraient nous aider à créer des opportunités pour que les étudiants puissent avoir une rémunération
, explique-t-elle.
Suzanne Harrison précise néanmoins qu'il est impossible de faire en sorte que tous les stages soient rémunérés.
Avec des informations de Karine Godin