Les libéraux appuieront les bloquistes pour protéger la gestion de l’offre
Un projet de loi bloquiste vise à prévenir de nouvelles brèches dans le système de gestion de l’offre.

C-282 empêcherait un futur gouvernement d’augmenter le contingent tarifaire applicable aux produits laitiers, à la volaille ou aux œufs.
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Après avoir forcé les producteurs laitiers à faire des sacrifices ces dernières années, le gouvernement Trudeau annonce qu’il appuiera le projet de loi C-282 pour protéger le système de la gestion de l’offre lors de la négociation de futurs accords commerciaux.
Après de multiples tentatives, c'est finalement la bonne pour le Bloc québécois. Les libéraux confirment qu’ils vont appuyer, jusqu’au bout et sans condition, le projet de loi proposé par les bloquistes pour empêcher un nouvel affaiblissement du système de la gestion de l’offre.
En entrevue à Radio-Canada, la ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a mis fin à l’incertitude : Le gouvernement va voter en faveur du projet de loi
. On est à l’aise avec la version qui est proposée
, ajoute-t-elle.
Le camp bloquiste se réjouit de cet appui. Je suis content de les voir se rallier
, a réagi Yves Perron, le porte-parole du Bloc québécois en matière d’Agriculture.
Le projet de loi C-282 empêcherait un futur gouvernement d’augmenter le contingent tarifaire applicable aux produits laitiers, à la volaille ou aux œufs. Autrement dit, il ne pourrait pas ouvrir davantage le marché canadien aux producteurs étrangers dans le cadre de la négociation d’un futur accord commercial. Le gouvernement ne pourrait pas non plus diminuer les tarifs applicables à ces marchandises lorsqu’elles sont importées en sus de la limite établie.
Quand vient le temps de parler du lait, des œufs et de la volaille, c'est un secteur qu'on protège pour des raisons de développement rural et d'autonomie alimentaire
, a expliqué la ministre Bibeau.
Ainsi, si un éventuel gouvernement voulait céder des parts de marché à des pays étrangers, il serait forcé de s’adresser au Parlement et de s’expliquer.
« Tout gouvernement qui voudrait faire une prochaine brèche là-dedans devrait revenir devant le Parlement et modifier cette loi-là. Ça, c'est une véritable protection. »
À lire et à écouter :
La ligne est tracée
La ministre libérale se défend d’appuyer trop tard les producteurs sous gestion de l’offre, eux qui ont souffert des concessions accordées par le Canada lors de la négociation de trois accords commerciaux majeurs ces dernières années.
Des brèches dans le marché canadien ont été accordées dans l’accord de libre-échange avec l’Europe (CETA), l'Accord de partenariat transpacifique (PTPGP) et l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
Marie-Claude Bibeau veut maintenant tourner la page : il n’y aura plus d’autres brèches. C'est fini, c'est clair. On a fait ces trois premiers accords avec de très grands marchés. La ligne est tracée
, souligne-t-elle.
La ministre rappelle que le gouvernement fédéral a versé environ 5 milliards de dollars en compensation aux producteurs et transformateurs touchés par ces trois accords commerciaux. Je pense qu'on a trouvé cet équilibre entre protéger notre système sous gestion de l'offre et ouvrir les marchés
, explique-t-elle. Rappelez-vous que le président Trump voulait le démantèlement du système
, souligne-t-elle.
Quand on donne des parts de marché, c'est beau dire on va compenser, ce sont des parts de marché qui sont données pour toujours
, tient à rappeler le bloquiste Yves Perron.
L’appui des libéraux garantit l’adoption du projet de loi au Parlement. Un vote en deuxième lecture devrait avoir lieu la semaine prochaine, avant l’étude en comité.
La dernière fois que le Bloc québécois avait présenté un projet de loi semblable, il était mort au feuilleton en raison du déclenchement des élections à l’été 2021.