Livraisons d’armes à l’Ukraine : Poutine menace les Occidentaux de représailles
Les forces russes ont remporté quelques succès récents sur le champ de bataille autour de Bakhmout, une ville de l'Est qu'elles tentent de conquérir depuis l'été, la réduisant ainsi à l'état de ruines.
Photo : Reuters / Sputnik
Vladimir Poutine a juré jeudi avoir de quoi « répondre » aux Occidentaux qui livrent des armes à l'Ukraine, une menace qui intervient en pleines conjectures sur une nouvelle escalade militaire russe.
S'exprimant pendant les cérémonies pour le 80e anniversaire de la victoire soviétique à Stalingrad, le président russe a établi un nouveau parallèle entre l'offensive de la Russie contre son voisin et la Deuxième Guerre mondiale.
Pour M. Poutine, le conflit en Ukraine s'inscrit dans l'héritage du triomphe de l'URSS face à Hitler. Il a accusé les responsables ukrainiens d'être des néonazis
orchestrant le génocide
des populations russophones.
Jeudi, il a estimé que l'histoire se répétait, avec la fourniture de chars allemands à l'Ukraine pour combattre la Russie.
C'est incroyable, mais des chars allemands Leopard nous menacent à nouveau
, a insisté M. Poutine, qui s'exprimait de Volgograd (ex-Stalingrad, sud-ouest), avant d'ajouter : Nous avons de quoi répondre et ça ne se limitera pas à des blindés
.
Dans la foulée, son porte-parole, Dmitri Peskov, a précisé que la Russie userait de tout son potentiel pour répliquer aux livraisons d'armes occidentales. L'automne dernier, M. Poutine avait tenu des propos similaires, interprétés comme une allusion à l'arme nucléaire.
Quand apparaîtront de nouvelles armes fournies par l'"Occident collectif", la Russie utilisera pleinement son potentiel existant pour répondre
, a dit M. Peskov.

L'Ukraine craint que la Russie ne prépare une offensive majeure autour du 24 février, pour marquer le premier anniversaire de son invasion. Et sur le terrain, de nouveaux bombardements ont fait au moins trois morts à Kramatorsk, dans l'Est du pays. Le récit de Lise Villeneuve.
Après de longues tergiversations de crainte de provoquer une aggravation du conflit, les Occidentaux ont finalement récemment accepté d'envoyer des chars modernes à l'Ukraine, des Leopard de conception allemande, des Abrams américains et des Challenger britanniques.
Mais Kiev n'a pas obtenu pour l'instant les missiles de haute précision d'une portée de plus de 100 km dont l'armée dit avoir besoin pour frapper les lignes logistiques russes.
De nombreux observateurs jugent que Kiev comme Moscou planifient de nouvelles offensives pour la fin de l'hiver et le printemps.
Après une série d'humiliants revers à l'automne, le Kremlin a mobilisé des centaines de milliers de réservistes et a multiplié ses attaques terrestres, en particulier dans l'Est.
Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a emboîté le pas à son ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov, et déclaré que la Russie préparait une nouvelle attaque d'envergure, à l'approche du 24 février, la date du premier anniversaire du déclenchement de l'assaut russe.
La Russie est en train de concentrer ses forces, nous le savons tous. Elle veut se venger non seulement de l'Ukraine, mais aussi de l'Europe libre
, a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse en compagnie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Son ministre de la Défense avait relevé mercredi que Moscou se préparait très sérieusement
pour tenter quelque chose aux alentours du 24 février
.
Les forces russes ont remporté quelques succès ces dernières semaines sur le champ de bataille autour de Bakhmout, une ville de l'est qu'elles tentent de conquérir depuis l'été, la réduisant ainsi à l'état de ruines.
Si on avait l'électricité, tout serait plus facile, on pourrait se chauffer, cuisiner
, raconte à l'AFP une de ses habitantes, Natalia Chevtchenko, 75 ans.
Le pire, c'est qu'il n'y a pas de réseau [téléphonique]. Je ne peux pas appeler ma famille
, poursuit-elle.
Néanmoins, Natalia reste, même si les bombardements quasi permanents la forcent de vivre sous terre dans une cave, comme une taupe
.
D'autres sanctions européennes à venir
À Kiev, Ursula von der Leyen a promis une fois encore un soutien sans faille de l'Europe à l'Ukraine et dit travailler à des sanctions supplémentaires contre la Russie pour le 24 février.
Elle n'a pas donné le détail de ses intentions pour ce dixième paquet de sanctions, mais a assuré que la Russie devrait payer pour les destructions qu'elle a causées
. M. Zelensky a appelé les Européens à faire plus vite
.
Selon Mme von der Leyen, les mesures punitives prises depuis un an ont déjà fait reculer l'économie russe d'une génération
. Elle note que le plafonnement du prix du pétrole russe exporté à 60 $ US le baril coûtait à Moscou 160 millions d'euros (plus de 230 millions $ CA) par jour.
Vendredi, les responsables européens et ukrainiens doivent aussi, à l'occasion d'un sommet à Kiev, discuter du processus d'adhésion de l'Ukraine à l'UE
, une procédure ardue que Kiev veut accélérer.Chaque pas en direction d'une plus grande intégration de l'Ukraine à l'UE est une source d'inspiration pour notre peuple
, a souligné M. Zelensky.
Un peu plus tôt, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait brocardé Ursula von der Leyen, l'accusant de vouloir anéantir son pays et la comparant aux nazis.
Selon lui, la présidente de la Commission européenne veut une défaite de la Russie telle qu'elle ne se relève pas pendant des décennies
.
À Washington, la Maison-Blanche a par ailleurs fait savoir que les États-Unis étaient favorables à la participation des athlètes russes et bélarusses aux Jeux olympiques sous bannière neutre, mais opposés à l'affichage de leurs drapeaux. Si des athlètes sont invités à un événement sportif international comme les JO, il doit être absolument clair qu'ils ne représentent pas les États russe ou bélarusse
, a affirmé la porte-parole de l'exécutif Karine Jean-Pierre. L'utilisation des drapeaux russe et bélarusse, d'emblèmes ou d'hymnes doit aussi être interdite.