États-Unis : toujours pas d’accord budgétaire entre Biden et les républicains

Le patron des élus républicain à la Chambre des représentants Kevin McCarthy s'adressant aux médias après sa rencontre avec Joe Biden.
Photo : Getty Images / Chip Somodevilla
« Une bonne discussion », un échange « franc », mais pas d'accord pour autant sur de brûlantes questions budgétaires : le patron des élus républicains Kevin McCarthy a été reçu mardi par Joe Biden pour le face-à-face politique le plus attendu du début d'année aux États-Unis.
Le conservateur reproche au président américain de dépenser de manière inconsidérée, tandis que le démocrate de 80 ans l'accuse de faire du chantage au défaut de paiement des États-Unis sans avoir pour autant de projet budgétaire précis.
Kevin McCarthy a dit, en s'adressant à la presse après la réunion, qu'il n'y avait pas d'accord
à ce stade avec le président américain et avoir constaté qu'ils avaient des points de vue différents
.
Mais le représentant de Californie, laborieusement élu speaker
de la Chambre des représentants après plusieurs tours de scrutin, a dit qu'il voyait où il serait possible de trouver un compromis
avec le président.
La Maison-Blanche a, elle, évoqué dans un communiqué un échange franc et direct
lors duquel Joe Biden s'est dit désireux de continuer à travailler avec l'opposition, en toute bonne foi
.
Pas de chèque en blanc à Biden
La première puissance économique mondiale, comme toutes les grandes économies ou presque, vit à crédit. Mais contrairement aux autres pays développés, les États-Unis butent sur une contrainte juridique : le plafond de la dette.
Le Congrès doit régulièrement relever ce fameux plafond
et le fait généralement sans débat majeur. Si les parlementaires ne le font pas, les États-Unis se verront obligés d'abord de tailler dans leurs dépenses courantes et dans les prestations sociales.
Avant, si rien n'est réglé d'ici l'été, de se trouver dans l'incapacité d'assurer le service de leur dette. Cela précipiterait la finance américaine et mondiale dans l'inconnu.
Et la puissante banque centrale américaine a d'ores et déjà prévenu qu'il ne faudrait pas compter sur elle pour amortir les éventuelles conséquences : Personne ne doit présumer que la Fed peut protéger l'économie des conséquences de l'absence de mesures prises en temps voulu
, a mis en garde son patron Jerome Powell.
À la tête de la nouvelle majorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy a promis de ne pas faire de chèque en blanc à Joe Biden, conditionnant tout relèvement du plafond de la dette à une baisse des impôts et des dépenses publiques, qu'il juge hors de contrôle
.
Il n'a pour autant pas encore précisé les domaines dans lesquels doivent intervenir ces économies, indiquant seulement qu'il ne comptait pas tailler dans les régimes sociaux, en particulier ceux d'assurance retraite et d'assurance maladie à destination des plus âgés.
« Des promesses délirantes »
L'élu de Californie doit composer avec de très vives dissensions dans son parti, par exemple entre des républicains va-t-en-guerre et des trumpistes qui veulent réduire les dépenses militaires.
Relever le plafond de la dette est une obligation
posée par la Constitution, qu'il faut remplir sans négociations et sans conditions
, a insisté la Maison-Blanche après la rencontre.
Kevin McCarthy est un type correct
, avait lancé Joe Biden mardi, pendant une réception destinée à récolter des fonds pour le Parti démocrate. Mais il a dû faire des promesses délirantes
à l'aile la plus radicale du parti pour se saisir du maillet de bois, qui est l'emblème du patron de la Chambre des représentants, a analysé le président.
Tout dépendra de la manière dont Kevin McCarthy, qui est tout sauf un idéologue, analysera la situation politique, après des élections législatives en novembre plutôt décevantes pour la droite. Estimera-t-il qu'il est dans son intérêt de se poser en interlocuteur, coriace au besoin, de Joe Biden? Ou penchera-t-il pour une position plus intransigeante?
Selon un sondage mené en janvier et publié mardi par l'institut Pew Research, une majorité de républicains (64 %) estiment que leurs élus au Congrès doivent avant tout s'opposer au président démocrate, quitte à faire passer au second plan des décisions importantes pour le pays.
Cependant, par rapport à la précédente enquête, menée il y a un an, la proportion d'électeurs conservateurs qui estiment que leur parti doit au contraire négocier avec Joe Biden a augmenté, passant de 26 % à 34 %.