Des shérifs patrouilleront le centre-ville d’Edmonton pour le sécuriser
Les problèmes sociaux du centre-ville d'Edmonton se sont accrus pendant la pandémie de COVID-19.
Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu
Le groupe de travail chargé de s’attaquer aux problèmes sociaux du centre-ville d’Edmonton a annoncé le redéploiement de 12 shérifs pour le sécuriser. De nombreux intervenants jugent toutefois que cette mesure à elle seule n’est pas suffisante et pourrait même être néfaste.
Ce projet pilote est une réponse directe aux innombrables problèmes dont nous avons entendu parler et que nous avons vus à Edmonton
, a affirmé le ministre de la Sécurité publique et des Services d’urgence, Mike Ellis.
Ces enjeux sont clairs à Edmonton : criminalité, itinérance, dépendances, santé mentale sont visibles sur tous les coins de rue. Résultat : les entreprises et les gens vont ailleurs.
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Nous avons des preuves depuis longtemps que la présence policière diminue la criminalité
, affirme quant à lui le chef de la police d’Edmonton, Dale McFee.
Les 12 shérifs travailleront de concert avec des policiers d’Edmonton et la municipalité, pour connecter les personnes dans la rue avec les ressources disponibles.
Le gouvernement n’a pas indiqué si ces shérifs suivront une formation avant d’effectuer ces patrouilles.
Le ministre Mike Ellis a reconnu que l’ajout de policiers n’est pas une panacée, mais a rappelé les investissements actuels du gouvernement dans la lutte aux problèmes de santé mentale et de dépendance.
Qu'est-ce qu'un shérif?
Les shérifs sont des agents de la paix supervisés par le gouvernement provincial. Ils travaillent habituellement dans certains lieux, comme les palais de justice et l'Assemblée législative de l'Alberta. On les retrouve également dans des voiture de patrouille sur les autoroutes de la province.
Comme les policiers, ils peuvent porter une arme et procéder à des arrestations.
D’autres mesures réclamées
Le groupe Downtown Recovery Coalition accueille favorablement l’annonce, mais juge que d’autres mesures devront l’accompagner.
Nous avons milité pour une augmentation significative de la présence policière au centre-ville
, reconnaît sa présidente, Alex Hryciw.
Nous savons que le problème ne peut pas être réglé par la police seulement. C’est un premier pas important, mais d’autres devront être pris
, juge-t-elle.
Son groupe a également réclamé plus de financement pour les refuges de jour et de nuit, ainsi que dans le système de santé pour traiter les problèmes de santé mentale et de dépendance.
Le maire d’Edmonton Amarjeet Sohi accueille l’investissement, mais il le qualifie de réactionnaire
.
Nous avons besoin d’interventions en santé mentale, en dépendance, en logement, en itinérance. Je crois que tant que nous ne nous attaquons pas à ces problèmes, les investissements policiers seront réactionnaires. C’est pourquoi nous devons avoir une approche holistique
, explique-t-il.
« C’est la responsabilité de la province de s’attaquer à l’itinérance, à la santé mentale, à la crise des dépendances. »
Nous avons comblé l’écart, mais la province doit reconnaître que nous sommes dans cette situation en raison de son manque d’investissement
, ajoute le maire.
Plus de tort que de bien
Judith Gale, la fondatrice du groupe Bear Clan, un groupe d’aide aux sans-abri d’Edmonton, juge que l’ajout de forces de l’ordre sera plutôt néfaste, car cela va antagoniser ceux qu’ils tentent d’aider.
Elle voudrait plutôt voir le salaire de ces 12 shérifs investis dans plus de centres de consommation supervisée et des lits de traitement des dépendances.
Comment ces 12 nouveaux shérifs vont-ils diriger les gens vers les services d’aide, quand il n’y a pas suffisamment de place dans ces services?
, demande-t-elle.
La conseillère municipale d’Edmonton Jo-Anne Wright s’est quant à elle dite heureuse de voir la province s’intéresser aux problèmes du centre-ville.
Toutefois, je ne crois pas qu’une approche policière accrue s’attaquera aux causes sous-jacentes des problèmes sociaux qui préoccupent les Edmontoniens
, écrit-elle dans un communiqué.