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L’Ukraine s’attaque à « l’ennemi intérieur » de la corruption en pleine guerre

Volodymyr Zelensky.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé une grande offensive contre la corruption gangrenant le pays.

Photo : AFP / SERGEI SUPINSKY

Agence France-Presse

L'Ukraine a lancé mercredi une vague de perquisitions visant administrations, fonctionnaires et personnalités, les autorités assurant faire de la lutte contre la corruption une priorité dans le contexte de l'effort de guerre et de l'aide occidentale.

Dans son message quotidien sur Internet, le président Volodymyr Zelensky a déclaré que les Services de sécurité de l'Ukraine, le Bureau d'enquête de l'État, le Bureau de la sécurité économique et le Bureau du procureur ont mené des dizaines de perquisitions et d'autres actions dans différentes régions et contre différentes personnes dans le cadre de procédures pénales. Justice sera rendue, a-t-il affirmé.

Le patron du Service de sécurité ukrainien (SBU), Vassyl Maliouk, a précisé qu'il s'agissait d'une campagne pour porter un coup à l'ennemi intérieur. Ce n'est que la première étape, a-t-il affirmé, et on ne va pas s'arrêter là, jurant de mettre les menottes à ceux qui ont l'audace de faire du mal à l'Ukraine.

Les autorités ukrainiennes ont dit que les perquisitions avaient visé l'ex-ministre de l'Intérieur Arsen Avakov, le fisc ukrainien ainsi que le domicile du milliardaire Igor Kolomoïski, tandis que la direction des Douanes a été limogée. De hauts responsables du ministère de la Défense ont également reçu la visite d'enquêteurs.

Le ministre de l'Intérieur ukrainien Arsen Avakov (à gauche) au micro lors d'une présentation devant les médias.

L'ex-ministre de l'Intérieur ukrainien Arsen Avakov (à gauche) fait partie des personnalités visées par cette offensive contre la corruption.

Photo : Getty Images / SERGEI SUPINSKY

Ces descentes interviennent une semaine après le limogeage d'une série de hauts responsables dans la foulée d'une affaire de corruption concernant des approvisionnements de l'armée, premier scandale d'ampleur depuis l'invasion russe il y a près d'un an.

En outre, Kiev accueille vendredi un sommet avec l'Union européenne (UE), qui a fait de la lutte anticorruption une condition à l'accession de l'Ukraine au bloc européen. Il sera précédé d'une réunion des membres de la Commission européenne et du gouvernement ukrainien.

La guerre en Ukraine

Des responsables épinglés

L'Ukraine, dont l'effort de guerre dépend en large partie du soutien de l'Europe et des États-Unis, est au défi de juguler les manigances financières pour ne pas écœurer les alliés.

Le SBU a diffusé mardi des images de la perquisition chez M. Kolomoïski, dans le cadre d'une affaire de détournement de 40 milliards de Hryvnia [environ 1,4 milliard de dollars canadiens] impliquant des compagnies pétrolières. Ce milliardaire à la réputation sulfureuse était proche de Volodymyr Zelensky avant que ce dernier prenne ses distances.

Le Bureau d'enquête d'État a quant à lui effectué des perquisitions visant le chef du bureau du fisc de Kiev, accusé du détournement de plusieurs millions de dollars.

Enfin, des enquêteurs ont remis à de hauts responsables du ministère de la Défense des notifications faisant officiellement d'eux des suspects, notamment un vice-ministre, limogé récemment pour son rôle présumé dans un contrat à des prix surévalués concernant les produits alimentaires destinés aux soldats.

Si cela ne semble pas être le cas dans cette affaire, les Occidentaux verraient d'un très mauvais œil que les milliards de dollars versés en aide depuis un an pour repousser l'envahisseur russe soient détournés. Dans la foulée de cette affaire et sur ordre de M. Zelensky, de hauts responsables ukrainiens avaient été contraints au départ après avoir été mêlés à des affaires louches.

Deux chars d'assaut de type Leopard 2.

Le 25 janvier dernier, Berlin a donné l’autorisation aux alliés de réexporter les fameux chars Leopard à un pays tiers, l’Ukraine. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Ints Kalnins

Crainte d'une nouvelle offensive

Kiev est en outre engagé dans une course contre la montre pour obtenir des armements plus puissants. L'Ukraine veut en particulier des missiles de haute précision d'une portée de plus de 100 kilomètres pour détruire les lignes d'approvisionnement russes afin de surmonter son déficit en hommes et en armement.

Jusqu'ici, les Occidentaux ont refusé de livrer ces systèmes et des avions, de crainte de provoquer une nouvelle escalade russe. Mais le président américain Joe Biden a indiqué mardi qu'il allait en discuter avec son homologue ukrainien.

Déjà, après de longues tergiversations, Européens et Américains ont donné leur feu vert ce mois-ci à des livraisons de chars lourds modernes, même si leur nombre reste encore en deçà de ce que réclame Kiev.

De nombreux observateurs jugent que Kiev comme Moscou préparent de nouvelles offensives. Après une série de revers humiliants à l'automne, la Russie a mobilisé des centaines de milliers de réservistes.

L'armée, associée au groupe paramilitaire Wagner, a aussi intensifié les combats, notamment pour prendre Bakhmout, ville de l'Est qu'elle pilonne depuis l'été. Ces dernières semaines, Moscou a même revendiqué la prise de plusieurs localités avoisinantes. Plus au sud, les soldats russes ont aussi entrepris une offensive sur la localité de Vougledar.

Une vieille femme s'agenouille devant le corps de son fils, tué lors d'une frappe russe en Ukraine.

Nina Kovalenko, 66 ans, pleure devant le corps de son fils Mykhailo Kovalenko, 34 ans. Il a été tué lors d'une frappe russe sur la ville de Kostiantynivka, dans l'est de l'Ukraine, le 28 janvier 2023.

Photo : Associated Press / Andriy Dubchak

Plus le temps passe, plus la situation empire, a dit à l'AFP Oleksandre, 45 ans, un soldat ukrainien qui tire au mortier depuis son poste installé à cinq kilomètres de cette ville.

Roman, le commandant de 35 ans de l'unité, assure tenir, mais note être en infériorité : Ils ont de l'équipement, ils ont des armes et ils ont plus de monde que nous.

De son côté, la Russie martèle qu'elle poursuivra coûte que coûte son assaut, assurant aussi que la livraison de missiles de plus longue portée à l'Ukraine ne changerait pas la donne. Cela impliquerait pour nous des efforts supplémentaires, mais ça ne changera pas le cours des événements, a estimé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

La diplomatie russe a par ailleurs averti qu'elle considérerait d'éventuelles livraisons d'armes par Israël à l'Ukraine comme des cibles légitimes, après que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, eut indiqué examiner la question.

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