Sexisme à l’embauche : le Dr Marko Duic devra retourner s’expliquer devant son ordre
L'ex-chef de deux services d'urgence en Ontario, le Dr Marko Duic, n'a embauché aucune femme durant 16 ans.

La Cour divisionnaire de l'Ontario donne raison aux plaignantes et renvoie la cause devant le Bureau des plaintes de l'Ordre des médecins de la province.
Photo : iStock
La Cour divisionnaire de l'Ontario donne raison à huit femmes médecins contre le Dr Marko Duic, dont les anciennes méthodes d'embauche sont jugées discriminatoires. Deux tribunaux administratifs avaient précédemment penché en faveur du médecin, mais la cour a ordonné le renvoi du dossier devant l'Ordre des médecins de l'Ontario, la première instance qui avait rejeté la plainte initiale.
Le Dr Duic était accusé de n'avoir embauché aucune femme en 16 ans dans son service lorsqu'il dirigeait les urgences de l'Hôpital St-Joseph de Toronto et celles du Centre de santé régional Southlake de Newmarket de 2002 à 2018.
Un fait qui ne pouvait tenir du hasard, selon l'avocat Danny Kastner, qui défend les huit médecins depuis près de quatre ans.
Les plaignantes, qui accusent leur confrère d'avoir créé un environnement de travail hostile aux femmes
, ont demandé que leur identité ne soit pas révélée dans cette cause par peur de représailles.
Le Bureau de révision et des plaintes de l'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario et la Commission d'appel et de révision des professions de la santé de l'Ontario avaient débouté les plaignantes, qui avaient alors saisi la Cour divisionnaire de l'Ontario en décembre dernier.
Le Dr Duic a toujours dit qu'il n'avait jamais eu l'intention de refuser des femmes dans son service et que les accusations des plaignantes rapportées dans le Globe and Mail étaient basées sur des ouï-dire.
La Cour divisionnaire statue notamment que la Commission a conclu de façon erronée
que l'enquête interne du Bureau au sujet des pratiques d'embauche de l'intimé avait été adéquate.
Le Bureau de révision et des plaintes de l'Ordre avait décrété en février 2020 qu'il n'avait pas la juridiction en matière de droits de la personne dans cette affaire, mais qu'il était satisfait que l'enquête n'ait relevé aucune action discriminatoire dans la conduite du Dr Duic.
Après avoir entendu l'appel des plaignantes, la Commission avait statué en novembre 2021 que le Bureau avait au contraire toute l'autorité en la matière.
Elle avait néanmoins conclu que l'investigation du Bureau avait été adéquate
et que sa décision de ne prendre aucune mesure contre le Dr Duic était raisonnable
.
Avec la décision de la Cour divisionnaire de l'Ontario, le Bureau devra donc réentendre les allégations initiales des huit plaignantes contre le Dr Duic.
Le jugement du tribunal ne signifie toutefois en aucun cas que le Dr Duic a agi de façon discriminatoire contre les plaignantes, dont les allégations restent toujours à prouver.
La Cour divisionnaire ordonne néanmoins au Bureau de déployer des efforts raisonnables pour interroger [cette fois] des témoins qui pourraient avoir des informations privilégiées au sujet des allégations des plaignantes
.
Dans un courriel, Me Kastner se dit satisfait de la décision et écrit qu'il s'agit d'un jugement extrêmement rare pour le contrôle judiciaire d'une décision de la Commission d'appel et de révision des professions de la santé
.
Aucune date n'a encore été dégagée pour entendre la cause devant le Bureau de révision et des plaintes de l'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario.
Dans un courriel, l'Ordre écrit qu'il accepte la décision de la Cour et qu'il s'efforcera d'étudier pleinement et de façon appropriée
la requête des plaignantes, lorsqu'elle sera à nouveau soumise au Comité des enquêtes, bien qu'il pense que d'autres organes seraient mieux placés pour effectuer le suivi nécessaire
.
L'avocate du Dr Duic, Keary Grace, n'a pas répondu à nos courriels.