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ChatGPT : appréhension, mais pas de panique dans les écoles albertaines

Un téléphone intelligent affiche le logo de l'entreprise ChatGPT.

Le Conseil scolaire anglophone Catholique d’Edmonton a entrepris de bloquer l’accès à ChatGPT

Photo : Getty Images / LIONEL BONAVENTURE

Les conseils scolaires albertains suivent avec intérêt l’évolution des robots conversationnels comme ChatGPT. Si certains envisagent de les interdire, la plupart croient qu’il faut étudier davantage leur effet sur le monde de l’éducation.

En novembre dernier, le monde a été pris d'assaut par le robot conversationnel ChatGPT, mis au point par l’entreprise américaine OpenAI. Celui-ci est capable de répondre rapidement à des questions complexes sous la forme de textes de nombreux paragraphes, et ce, dans plusieurs langues.

Il est aussi en mesure d’écrire du code informatique, des poèmes ou encore d’imiter différents styles d’écriture comme celui de Shakespeare ou encore de Molière.

Rapidement, de nombreux observateurs du monde de l’éducation se sont inquiétés du potentiel de ChatGPT comme outil capable de faciliter le plagiat.

En Alberta, le Conseil scolaire anglophone catholique d’Edmonton a entrepris de bloquer l’accès à ChatGPT sur son réseau informatique. Plusieurs autres conseils scolaires contactés par Radio-Canada disent de leur côté suivre la situation de près, mais n’ont pour l’instant pas l’intention de bannir l’outil de leurs systèmes. 

C’est notamment le cas des quatre conseils scolaires francophones de la province.

Nous suivrons les développements afin de définir une approche qui servirait le mieux l'apprentissage de nos élèves, explique le Conseil scolaire Centre-Nord par courriel.

Le CSCN comprend que les outils technologiques peuvent appuyer l'apprentissage, mais il souhaite aussi voir ses élèves développer des compétences durables qui reposent, entre autres, sur la pensée critique, la résolution de problèmes et l'initiative, poursuit-il.

Le conseil scolaire anglophone public d’Edmonton a pour sa part organisé une rencontre avec ses enseignants pour les sensibiliser aux capacités de ChatGPT.

Des enseignants sur leurs gardes

Ma première réaction quand j’ai vu ce logiciel, c’était la crainte, raconte le président de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones de l’Alberta, Stéfane Kreiner. Je me suis dit que des élèves pourraient utiliser ça, et les enseignants, s’ils ne le savent pas, ça ne va vraiment pas les aider.

Il croit toutefois qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité des enseignants de détecter les tentatives de plagiat par des élèves se servant de robots conversationnels. 

Stéfane Kreiner.

Stéfane Kreiner espère que les enseignants pourront recevoir une bonne formation pour être capables de repérer plus facilement les contenus générés par des robots conversationnels.

Photo : Radio-Canada

ChatGPT déblatère beaucoup, confirme Alona Fyshe, professeure au département de sciences informatiques à l’Université de l’Alberta. Il va prendre deux ou trois paragraphes pour écrire quelque chose que nous pourrions résumer en un paragraphe et il se répète énormément.

Il a aussi tendance à utiliser un vocabulaire limité.

« Puisque c’est un modèle statistique, il va choisir des mots qui ne sont pas très surprenants, contrairement à un humain qui va varier son vocabulaire pour garder le langage intéressant. »

— Une citation de  Alona Fyshe, professeure au département de sciences informatiques à l’Université de l’Alberta

OpenAI a, de plus, annoncé vendredi qu’elle rendrait public un outil de détection du plagiat à l’intention notamment des enseignants. L’entreprise prévient toutefois que cet outil est loin d’être à toute épreuve et que chaque texte devrait aussi être révisé par un humain avant de parvenir à un verdict. 

Stéfane Kreiner estime que l’arrivée de logiciels comme ChatGPT remet à l'avant-plan l’importance de limiter la taille des classes : Quand on est capable de faire un projet d’écriture et de vraiment s'asseoir avec nos élèves, de passer du temps avec eux, de les faire réfléchir à ce qu’ils écrivent et à la façon dont ils écrivent [...] quand vient le temps de lire le projet final, on sait déjà ce qui va être dedans.

« La réalité, c’est que, maintenant, on n'a pas de classes comme ça. C’est très possible que je vais avoir une classe de 25 élèves et que je vais passer 80 % de mon temps avec quatre ou cinq élèves qui ont de gros besoins. »

— Une citation de  Stéfane Kreiner, président de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones de l’Alberta

Un outil plus qu’une menace

C’est justement ça, affirme pour sa part Nicolas Fernandez, professeur associé à la Faculté des sciences de l'éducation au Département de psychopédagogie et d'andragogie de l’Université de Montréal. Des outils comme l’intelligence artificielle vont permettre de soutenir l’enseignant dans ce travail-là.

Il croit que les systèmes d’analyse textuelle pourraient aider les enseignants à comparer les élèves entre eux et à analyser la progression d’un même élève au cours de l’année scolaire. Le logiciel pourrait par exemple donner en un clin d'œil une idée du degré d’originalité du vocabulaire employé par l’élève. 

Je pense qu’il y a quand même des éléments positifs à l’intelligence artificielle et on gagne comme éducateurs à apprendre là-dessus, conclut-il.

Avec les informations d'Emily Fitzpatrick

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