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Foyers pour ainés : augmenter les heures de soins est « irréaliste » au N.-B.

Trois personnes âgées dans leur fauteuil roulant, en rang, devant la porte fermée d'un ascenseur.

Il manquerait « plusieurs centaines » de travailleurs dans les foyers de soins du Nouveau-Brunswick, et on peine à retenir ceux qu'on a. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Eric Gaillard

Radio-Canada

Les nouvelles normes nationales pour les foyers de soins de longue durée sont condamnées à rester au stade des bonnes intentions, tant que les conditions de travail ne seront pas améliorées, croit des exports au Nouveau-Brunswick.

Ottawa a publié cette semaine ses normes nationales pour les foyers de longue durée. L'Organisation des normes de santé recommande que les résidents des centres de soins reçoivent en moyenne 4,1 heures de soins par jour.

Au Nouveau-Brunswick, les normes provinciales demandent que chaque résident reçoive en moyenne 3,3 heures de soins par jour, mais on ne les atteint même pas.

Disant se baser sur les analyses que l’organisme qu’il préside effectue auprès des travailleurs des foyers de soins spéciaux et des familles des résidents, Marcel Larocque, de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick (AFANB), dit qu’on serait plus près des 2 heures de soins par jour.

Dans la pratique, même le 3,3 [heures de soins par résident] du Nouveau-Brunswick, ce qu'on me dit, [c’est que] ce n'est pas atteint, a-t-il déclaré en entrevue, mercredi.

Marcel Larocque en entrevue à la télévision.

Marcel Larocque, président de l'Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick, en entrevue avec Radio-Canada, mercredi à Moncton.

Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle

Ceci est corroboré par le représentant syndical Jason St-Onge. Le premier vice-président du Conseil des syndicats des foyers de soins du Nouveau-Brunswick (CSFSNB) dit qu’on constate en moyenne 2,5 ou 2,6 heures de soins quotidiens par personne.

Les deux hommes arrivent au même constat : rehausser les normes ne signifie rien, concrètement, si l’on n’a pas assez de personnel pour effectuer le travail.

« Si le fédéral considère qu'augmenter la norme c'est un plus, bravo. Maintenant il reste à mettre des stratégies pour du recrutement et la rétention du personnel. »

— Une citation de  Marcel Larocque, président, Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick

Pour atteindre le 4,1 [d’heures de soins par résident], ce qui serait merveilleux, premièrement, le gouvernement devrait plutôt se pencher sur le problème de rétention et de recrutement , a déclaré Jason St-Onge dans une entrevue séparée, mercredi.

On se fera pas des cachettes, dans la province du Nouveau-Brunswick, présentement il y a un manque extrême de personnel dans les foyers de soins, poursuit le porte-parole du syndicat qui représente plus de 4600 travailleurs dans la province.

Coiffé d'écouteurs, Jason St-Onge accorde une entrevue par webcam.

On voit beaucoup de blessures, de congés de maladie et de départs chez les travailleurs de foyers de soins, dit Jason St-Onge. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

On a besoin de plusieurs centaines d’employés supplémentaires, précise-t-il, et pas seulement ceux qui soignent directement les résidents. Tous les départements sont en manque, que ce soit le service alimentaire, ou la buanderie, le service de ménage, ainsi de suite.

De meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail sont essentiels, ajoute M. St-Onge, car leur absence aggrave le problème.

Le manque de personnel empêche l’atteinte des objectifs, et cet échec constant pèse lourd sur les travailleurs, qui dans certains cas n’en peuvent plus.

À chaque fois, on réalise que même les normes du Nouveau-Brunswick ne sont pas atteintes. Ça explique pourquoi le personnel est épuisé, ça explique pourquoi le personnel ne peut pas faire ce qu'il voudrait faire. Comme une aide-soignante nous a dit : on arrive chez nous le soir, on pleure parce qu'on a travaillé comme des fous, mais on n'a pas pu faire ce qu'on aurait voulu faire pour les résidents, déclare Marcel Larocque.

On voit beaucoup de départs dans les foyers de soins puisque les surcharges de travail sont rendues trop grandes. On voit beaucoup de maladies, on voit beaucoup de blessures au travail , renchérit Jason St-Onge.

Au moment où on se parle, je suis sûr qu'il y a des qui résidents qui sont dans des vêtements souillés, des résidents qui ont faim, qui ont reçu une nourriture trop tard ou trop froide ou pas adaptée à eux. Je suis sûr que la médication n'a pas été donnée selon les prescriptions au départ, déplore Marcel Larocque. Est-ce que c'est partout? Non. Mais est-ce qu'il y a des cas? Je peux l'affirmer sans aller faire une étude.

Les moyens d'agir

Le président de l’association des aînés francophones répète que le gouvernement du Nouveau-Brunswick, avec les surplus records engendrés ces dernières années, a le budget pour agir.

La province, dit M. Larocque, est dans une situation où elle pourrait enfin investir dans sa population, les aînés, la petite enfance, les garderies [...] versus couper des taxes à des grandes entreprises. Payer la dette, c'est important, oui. Mais pourquoi tout payer la dette et que les gens souffrent? Je pense que la province a un sérieux exercice de responsabilité à faire pour placer les argents où ça compte.

Le manque de personnel et la difficulté à retenir les travailleurs ne sont pas des développements nouveaux, dit le représentant du syndicat. Jason St-Onge s’interroge sur la volonté des instances gouvernementales. Ils semblent être au courant de la problématique qu'on a dans les foyers de soins. Sont-ils prêts à avoir une meilleure ouverture pour essayer de régler la problématique? C'est [la question] qu'on se pose, parce que la problématique n'est pas depuis les derniers mois. Ça perdure depuis plusieurs années, mais on ne voit aucune amélioration du côté du gouvernement.

Le 4,1 [d’heures de soins par résident], ce serait superbe, ce serait l'idéal. Réaliste? Je ne pense pas. Tant et aussi longtemps que les problèmes de rétention et de recrutement ne sont pas réglés, même si le gouvernement donnait 10 heures de soins par résident par jour, on ne peut même pas faire la base qui est là présentement , martèle Jason St-Onge.

On peut mettre une norme à trois, quatre, cinq, vingt-huit, faut d'abord aller chercher des gens sur le terrain, illustre Marcel Larocque.

D’après le reportage de Sarah Déry

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