Sault-Sainte-Marie pourrait rater sa cible de réduction des émissions de GES d’ici 2030

Le pont international de Sault-Sainte-Marie. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Sophie Houle-Drapeau
Selon un nouveau rapport de 96 pages présenté aux élus municipaux lundi soir, Sault-Sainte-Marie « ne sera pas en mesure » de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 10 % d’ici 2030, tel qu'elle s'y était engagé. Les GES de la Ville sont au contraire en hausse.
La Ville a produit 11 363,55 tonnes de GES
dans la dernière année, une augmentation de 10 % comparativement au niveau de 2017. Ces émissions ont coûté plus de 7,9 millions $ en énergie.Un engagement financier corporatif et un effort de la part de tous les départements seront nécessaires afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050
, peut-on lire dans le document.
Pour illustrer la gravité de la situation, les employés municipaux ont compilé les données des différentes sources d’émissions de GES
de la Ville de 2017 à 2022.À lire aussi :
Sans grande surprise, ce sont les véhicules et l’équipement qui en génèrent le plus. Cependant, ce sont les éclairages municipaux et les édifices qui sont responsables des plus fortes augmentations d’émissions de 2017 à 2022, soit de 49 % et 23 % respectivement.
Nos cibles sont modestes et nous ne sommes pas en mesure de les atteindre
, s’est exclamé le conseiller municipal Corey Gardi.
« Il est important pour nous tous de les prioriser. Il faut que ce soit à l’avant-plan et non en arrière-plan pour notre conseil et les conseils futurs. »
Dans l’espoir de respecter son échéancier, les gestionnaires municipaux se réuniront dorénavant aux deux ans pour revoir la progression des projets de développement durable et les enjeux prioritaires.
La Ville compte aussi demander du financement afin d’étudier l’efficacité énergétique des édifices municipaux, entre autres, pour guider ses prochaines décisions.
Une augmentation peu surprenante
Cette nouvelle n’est pas surprenante du tout
selon André Riopel, directeur des revendications pour le club cycliste de Sault-Sainte-Marie et membre du comité municipal sur la durabilité environnementale.
Le problème numéro à Sault-Sainte-Marie qui utilise le plus de carbone, c’est le transport
, rappelle-t-il.
Une saine planification municipale est, selon lui, un outil indispensable si la Ville souhaite atteindre ses objectifs.
Pour y arriver, il estime qu’il faut s’inspirer des villes européennes, qui découragent l’étalement urbain et l’agrandissement du réseau routier afin d’offrir un mode de vie plus piétonnier et propice au cyclisme.
Il faut arrêter de bâtir des villes pour les automobiles, il faut bâtir des villes pour le monde
, affirme-t-il. [De cette façon], la qualité de vie et le coût de la vie s'améliorent.
Emily Cormier, coordonnatrice du développement durable de la Ville, abonde dans le même sens.
On a besoin de penser à comment on bâtit de nouveaux édifices, mais aussi à comment on planifie nos communautés. On doit porter un chapeau vert
, dit-elle.
« C'est nécessaire de changer comment on fait les choses. C’est un peu épeurant, mais on n’est pas la seule ville qui est en train de faire ça. »
Cependant, elle croit qu’il faut d’abord réduire la consommation du carburant et aussi regarder à convertir la flotte [de véhicules] et l’équipement à l’électricité.
L’impact du gaz naturel
Mme Cormier constate que les hivers sont plus courts et les étés plus chauds, ce qui a pour effet de faire grimper l’empreinte carbone de la ville.
Ça affecte la consommation d’énergie pour chauffer et refroidir les bâtiments
, explique-t-elle. Notre communauté, comme toutes les autres au monde, est en train de vivre les effets du changement climatique.
De plus, puisque l’utilisation du gaz naturel comme source d’électricité est à la hausse en Ontario, la quantité de GES d’une ville sera plus élevée, ce qui est hors du contrôle de Sault-Sainte-Marie d’après Mme Cormier.
C’est essentiel qu’on fasse des efforts pour conserver de l’énergie, moderniser les bâtiments avec des mesures écoénergétiques, en particulier pour réduire la consommation du gaz naturel et des combustibles fossiles, et d’explorer des opportunités pour recourir aux énergies renouvelables
, poursuit-elle.
Il faudra encore attendre longtemps avant que la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité ne cesse d’y recourir (Nouvelle fenêtre). Selon elle, un moratoire sur le gaz naturel serait possible à partir de 2027.
Cependant, le gouvernement Ford a déjà écarté une telle possibilité, citant un rapport de la Société indiquant que le gaz naturel est essentiel comme source d'énergie de transition
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