La Première Nation Louis Bull obtient le pouvoir de gérer ses services à l’enfance

La Première Nation Louis Bull de Maskwacis devient ainsi la première communauté autochtone en Alberta à conclure une telle entente. Elle emboîte le pas à la Première Nation de Cowessess de la Saskatchewan, aux Nations indépendantes de Wabaseemoong de l'Ontario et à la Première Nation Peguis du Manitoba.
Photo : Radio-Canada / Scott Neufeld/CBC
La Première Nation Louis Bull de Maskwacis, au sud d’Edmonton en Alberta, a signé mercredi une entente de deux ans avec le gouvernement fédéral qui lui donne le pouvoir d'administrer elle-même ses programmes de bien-être à l'enfance et à la famille.
Elle devient ainsi la première communauté autochtone en Alberta à conclure une telle entente.
C’est un accord historique
, souligne son chef Desmond Bull, en précisant que l’entente vise à transférer à la communauté tous les dossiers liés au bien-être et à la protection de l’enfance.
Ce transfert nous garantit le pouvoir de protéger nos enfants et nos familles
, dit-il, ce qui permettra du même souffle de préserver les traditions, les traités, la langue, les coutumes, la culture et les droits souverains de la communauté
.
Le chef Desmond Bull rappelle qu’à cause d’interventions gouvernementales, de nombreux enfants autochtones ont été retirés du giron familial pour être placés en famille d'accueil.
Grâce à l’accord, la Première Nation Louis Bull aura désormais le dernier mot sur le sort de ses enfants et non plus un juge ou les services sociaux.
« En plus d’aller dans la bonne direction en ce qui a trait à la réconciliation, l’accord avec le gouvernement [fédéral] ouvre également la voie à d'autres Premières Nations pour ramener leurs enfants à la maison. »
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Une enveloppe de 125 M$ pour accompagner le projet
Catherine Lappe, la représentante du ministère fédéral des Services aux Autochtones à la cérémonie de signature de l’entente, souligne qu’Ottawa apportera une aide financière pendant trois ans pour soutenir les coûts de démarrage
et pour s’assurer que la Première Nation Louis Bull de Maskwacis dispose des installations nécessaires pour fournir des services à l’enfance et à la famille.
Un montant de 125 millions de dollars lui sera ainsi versé, la plus grande part étant prévue pour l'an prochain.
Au nom de la législation et de la réconciliation
L’entente intervient en vertu de la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuit et des Métis.
Cette législation fédérale découlant du projet de loi C-92 a été adoptée en janvier 2020 en réponse aux cinq premiers appels (Nouvelle fenêtre) à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, qui portent sur la protection de l’enfance.
Elle vise ainsi à faire en sorte que les enfants et les familles autochtones restent ensemble, avec des services de soins et de soutien gérés par les communautés elles-mêmes, après qu’Ottawa a dit avoir constaté une surreprésentation des enfants et des jeunes autochtones dans le système de protection de l'enfance.
Les enfants autochtones doivent être dans leurs communautés d'origine avec leurs familles et leur culture pour s'épanouir, car les communautés autochtones savent mieux [que quiconque] comment s'occuper de leurs propres enfants
, souligne à cet égard Catherine Lappe.
Un accord sans l’Alberta
La Première Nation de Cowessess, en Saskatchewan, a été la première au Canada à avoir obtenu cette compétence sur les services à l'enfance et à la famille destinés aux Autochtones, en 2021.
Les Nations indépendantes de Wabaseemoong, en Ontario, et la Première Nation Peguis, au Manitoba, ont également conclu une entente du même genre avec Ottawa.
Des dizaines d'autres communautés autochtones à travers le pays attendent leur tour pour pouvoir la conclure.
À la différence de celui signé dans les trois provinces citées, l’accord paraphé par la Première Nation Louis Bull de Maskwacis est bilatéral, il n’inclut pas le gouvernement de l’Alberta.
L'année dernière, l'organisation de protection de l'enfance de la communauté avait soutenu que la province ne voulait pas s’y associer.
Avec les informations de La Presse canadienne