Violence à l’école : « Ça me préoccupe grandement », admet Bernard Drainville
Le ministre de l'Éducation du Québec, Bernard Drainville. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Interpellé par l’opposition sur l’augmentation importante de la violence dans les écoles constatée par les centres de services scolaires, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a reconnu le problème en affirmant qu’il se sent « grandement préoccupé » autant à titre de ministre que de parent.
C’est la porte-parole libérale en matière d’éducation, Marwah Rizqy, qui a sonné l’alarme en découvrant dans des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des services publics, que les centres de services scolaires ont dénombré en 2021 deux fois plus de gestes violents dans leurs établissements qu’en 2019.
Dans certains centres de services scolaires, on recensait des augmentations de gestes violents de plus de 150 %, voire de 164 % au Centre de services scolaire des Affluents, dans Lanaudière.
Une situation alarmante sur laquelle doit se pencher rapidement l’Assemblée nationale en entier, selon l’opposition libérale qui a déposé un mandat d’initiative pour que cet enjeu soit abordé rapidement en commission parlementaire.
Relancé par Marwah Rizqy lors de la période des questions qui a rappelé certains actes de violence graves dans les écoles qui ont récemment fait la manchette, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, n’a pas nié la gravité de la situation.
« Ça me préoccupe grandement, et pour les enfants et pour le personnel scolaire. Bien sûr! »
Expliquant que son gouvernement prend très au sérieux la violence et l’intimidation à l’école
, le ministre a tenu à rappeler d’entrée de jeu que la vaste majorité de nos écoles sont sécuritaires
.
Il a ajouté que des mesures ont été mises en place dans le réseau scolaire pour lutter contre cette escalade.
Par exemple, chaque école doit se doter d’un plan de lutte contre l’intimidation et la violence et nous avons décidé d’aider les écoles à se doter de ce plan. Il y a des moyens financiers qui sont versés aux écoles pour qu’elles puissent mettre en place ce plan-là.
Il a également rappelé que des sommes ont été versées aux centres de services scolaires pour qu’ils puissent financer la présence de policiers au sein des écoles lorsque cela s’avère nécessaire.
Pour ce qui est de la violence et de l’intimidation, c’est absolument tolérance zéro. On n’en veut pas et il faut lutter contre ça. Et ça nous concerne tous et toutes. Et s’il faut mettre plus de moyens, on en mettra
, a promis du même souffle Bernard Drainville.
« Aucun enfant ne peut apprendre avec la peur au ventre. »
Pressé par Marwah Rizqy de dire oui
au mandat d’initiative qu’elle a déposé pour qu’une commission se penche de façon non partisane sur le problème, Bernard Drainville a esquivé en assurant que son gouvernement y participerait tout en précisant qu’il revient à l’Assemblée nationale de se prononcer sur un mandat d’initiative et non au gouvernement.
Si les députés souhaitent se saisir du mandat, ils peuvent le faire. […] La commission peut se doter de ce mandat, alors si elle choisit de le faire, évidemment que nous collaborerons. Mais l’exécutif ne peut se substituer au législatif.
Sur les bancs de l’opposition, le Parti québécois s’est également dit préoccupé par ce phénomène pour lequel il n’existe pas de solution magique
, selon Pascal Bérubé. Le député de Matane-Matapedia souligne que cette montée de la violence chez les jeunes ne s’observe pas qu’à l’école, mais aussi dans les parcs et les lieux publics.
C’est dur pour les enseignants, qui en font déjà énormément, d’être dehors à proximité d’une école, dans un parc et de prévenir une bagarre. C’est à peu près impossible
, a-t-il souligné.
Tout ça est hautement préoccupant […] pour la sécurité des jeunes et pour les conséquences sur leur estime de soi, sur la crainte qu’ils ont d’aller à l’école, sur la crainte qu’ils ont de sortir en public, ce n’est pas acceptable
, a-t-il déploré.
Pour le chef du PQOn veut également un budget rehaussé en matière de santé mentale
, a-t-il plaidé.
Commencer par les réseaux sociaux
Soulignant au passage que les réseaux sociaux jouent un rôle certain dans la propagation de la violence et de la haine, Paul St-Pierre Plamondon estime qu’il va falloir s’attaquer un jour à ce problème.
« Il y a un lien entre la haine et le fait que les médias sociaux ne sont pas réglementés. Notre démocratie va devoir à un moment ou à un autre reprendre ses droits sur cette sphère d’activité qui en ce moment est le far west. »
Jadis la télévision était réglementée […] Aujourd’hui on a des médias sociaux qui ont clairement un lien avec la haine et la violence qui sont en hausse. À quel point ce lien est fort? C’est difficile de le mesurer, mais il faut prendre acte du fait qu’on ne réglemente pas ce qui est maintenant la majeure partie de la consommation culturelle en ligne des jeunes
, a déclaré le chef péquiste.