La plateforme d’observation du Tate Modern de Londres jugée inadéquate en cour

À droite, une extension du musée Tate Modern et sa galerie d'observation. À gauche, des appartements de luxe vitrés. Deux éléments irréconciliables, selon un juge britannique.
Photo : Autre banques d'images / Getty Images
Des propriétaires d'appartements vitrés dont l'intérieur est largement visible depuis une plateforme d'observation du Tate Modern, attraction touristique emblématique de Londres, ont remporté mercredi une victoire dans leur bataille judiciaire pour atteinte à la vie privée contre le musée.
La Cour suprême du Royaume-Uni a donné raison aux propriétaires de cinq appartements situés dans une résidence immobilière de luxe à quelques mètres du musée d'art moderne.
La galerie extérieure au dixième étage du Tate Modern, ouverte en 2016 et fréquentée par des centaines de milliers de visiteurs et de visiteuses chaque année, offre une vue panoramique sur Londres.
Elle offre aussi une vue imprenable sur les logements entièrement vitrés des plaignants et plaignantes, qui sont constamment dans la mire [du public] durant une bonne partie de la journée, chaque jour de la semaine
, a estimé le juge George Legatt en annonçant la décision de la Cour.
Il n'est pas difficile d'imaginer à quel point il doit être oppressant pour toute personne normale de vivre dans de telles circonstances
, a-t-il ajouté, comparant la situation des propriétaires à des animaux exposés dans un zoo
.
La galerie du Tate est une nuisance
pour ces personnes, qui étaient régulièrement photographiées par les visiteurs et visiteuses, certaines photos étant publiées sur les réseaux sociaux, a-t-il précisé.
Cette nuisance va bien au-delà de tout ce qui peut être considéré comme nécessaire ou comme une conséquence naturelle d'un usage ordinaire et commun
d'un musée comme le Tate Modern, a argumenté le juge.
Saga judiciaire
La partie plaignante avait été déboutée à deux reprises par la justice avant ce recours devant la Cour suprême, qui permettra donc à sa plainte d'être de nouveau examinée pour décider des mesures à prendre en vue de supprimer cette nuisance.
Les propriétaires proposent par exemple d'interdire l'accès à une partie de la galerie ou d'installer un dispositif pour masquer la vue sur leurs appartements.
Sollicité par l'Agence France-Presse, le Tate Modern s'est refusé à commenter une affaire toujours en cours.
La galerie est actuellement fermée, comme d'autres espaces du musée qui n'ont pas encore rouvert en raison de la pandémie de COVID-19.