Moins de projets d’hydrogène vert, dit Fitzgibbon : des entreprises gardent confiance

Le ministre Pierre Fitzgibbon a affirmé que la majorité des projets n'aurait pas lieu, en marge d'une commission parlementaire sur le projet de loi 2, visant à plafonner l'indexation des tarifs sur la distribution d'électricité. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, a affirmé mardi que la majorité des projets d'hydrogène vert au Québec ne pourront pas être réalisés. Des entreprises, qui veulent produire ce carburant dans la province, ne se découragent pas de ses déclarations et ont bon espoir que leur projet ira de l’avant.
Le ministre Fitzgibbon a fait cette déclaration alors qu’il réagissait au mémoire d'Hydro-Québec.
Dévoilé par Radio-Canada lundi, mais rendu public mardi matin lors d'une commission parlementaire, le document révèle que la liste des demandes d'alimentation d'éventuels grands projets d'entreprises représenterait une puissance totale de 23 000 mégawatts (MW), dans l'hypothèse où ils se concrétisaient tous. Cela équivaudrait à 13 fois le complexe de la Romaine.
« On ne peut pas en faire de l’hydrogène, on n’a pas d’électricité [...] On va en faire un peu quand même. »
Cette déclaration survient quelques mois après que son gouvernement a lancé un appel d'offres, à l'été 2022, pour soumettre les projets de production d'hydrogène vert.
Quelques heures plus tard, par courriel, Québec a précisé que la demande de 9000 MW de projet d’hydrogène est techniquement impossible à livrer
.
Le gouvernement précise que certains projets pourront être réalisés pour un usage local afin de décarbonater certains procédés industriels et le transport lourd.
Des entreprises ne se sentent pas menacées
Malgré la déclaration ciblée du ministre Fitzgibbon, des entreprises qui veulent s'installer notamment à Sept-Îles, Baie-Comeau et Sorel-Tracy gardent le cap.
L'entreprise allemande Hy2gen, qui souhaite construire un site de production d’hydrogène à Baie-Comeau, considère que Québec n’a pas fermé la porte à son projet.
Le président-directeur général (PDG) d’Hy2gen, Cyril Dufau-Sansot, souhaite en savoir plus au sujet de cette déclaration, notamment sur les types d’usages et les écosystèmes qui pourraient être concernés. Hy2gen va échanger avec Québec pour mieux comprendre cette déclaration ministérielle
, déclare-t-il dans un courriel.
De son côté, l'entreprise Charbone souhaite elle aussi produire de l’hydrogène à Baie-Comeau, en plus de Sorel-Tracy.
Ni notre projet de Sorel-Tracy ni celui de Baie-Comeau ne sont, selon nous, remis en cause [par la déclaration du ministre]
, s'exclame le président et chef de la direction de Charbone, Dave Gagnon.
Il considère que la décision de Pierre Fitzgibbon est responsable.
Dave Gagnon se dit reconnaissant que Québec laisse tout de même de la place aux projets d'hydrogène vert au sein du prochain bloc énergétique de la province.
Le ministre Fitzgibbon a fait ces déclarations en marge d'une commission parlementaire sur le projet de loi 2, visant à plafonner l'indexation des tarifs sur la distribution d'électricité.
Dave Gagnon estime que les entreprises québécoises pourraient être avantagées.
« Avant d'aller faire des exportations à l'étranger, je pense qu'on a déjà beaucoup de travail à faire ici, au Québec. »
L’entreprise Teal Chimie et Énergie, qui souhaite construire un complexe de production d'hydrogène et d'ammoniac verts dans la zone industrialo-portuaire de Pointe-Noire, à Sept-Îles, n’entend pas changer de stratégie pour assurer la réalisation de son projet.
Je pense que tout est dans la continuité des relations avec le gouvernement. On veut continuer de tenir le même discours. Sept-Îles est le meilleur endroit au Québec pour faire un projet d'hydrogène vert, c’est indéniable. On demeure très positif par rapport à ce lieu stratégique
, indique le président de l'entreprise Teal Chimie et Énergie, Jonathan Martel.
Autant Charbone que Teal Chimie et Énergie ont bon espoir que le gouvernement privilégiera les entreprises qui contribueront à décarboner le Québec plutôt que celles qui comptent exporter leur produit.