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Vivre sans avoir peur des fuites urinaires, c’est possible

Au moins une femme d’âge moyen sur quatre souffre d’incontinence, selon la Fondation d’aide aux personnes incontinentes du Canada.

Illustration d'un squelette de plancher pelvien avec au centre une femme et une fillette qui sautent.

Difficile de tomber sur des statistiques exactes sur les problèmes de fuites urinaires, parce que l’âge étudié et la gravité des symptômes peuvent varier.

Photo : Radio-Canada / Benjamin Sommabere

Des gynécologues évoquent une épidémie silencieuse : le nombre de femmes qui souffrent de problèmes de fuites urinaires est ahurissant, surtout celles qui ont eu un enfant. La qualité de vie en est diminuée pour un grand nombre d’entre elles. Il existe pourtant des solutions sans avoir à passer sous le bistouri.

Laura Shinoki a commencé à avoir des problèmes durant sa deuxième grossesse.

À chaque éternuement, à chaque petit saut, chaque fois qu’elle s’accroupissait ou même quand elle prenait ses enfants dans ses bras, elle avait une fuite urinaire. La résidente de Coquitlam, en Colombie-Britannique, a même dû mettre des couches et elle ne pouvait pas partir loin de chez elle.

Laura Shinoki, assise sur un canapé, tient ses deux enfants dans ses bras.

« Je ne me sentais plus moi-même, plus vraiment femme, puisque que j'avais tout ça qui arrivait », dit Laura Shinoki, mère de Chloé et de Max, qui a dû composer avec des problèmes de fuites urinaires.

Photo : photo fournie par Laura Shinoki

Malheureusement, la seule solution, c'est de rentrer à la maison se changer. C'est vrai que, si on fait les courses ou qu'on fait autre chose, tout devient tout de suite très compliqué et ce n'est vraiment pas agréable.

Une citation de Laura Shinoki, mère de deux enfants

C’était au point où sa santé mentale en a beaucoup souffert. Ça a dégradé parce qu'il fallait toujours que j'aie du change sur moi ou que je ne sois pas trop loin de la maison pour pouvoir justement être plus à l’aise. 

Laura Shinoki est assise dans le bureau de consultation de sa physiothérapeute.

Laura Shinoki a vu son estime d'elle-même se dégrader après la venue de son deuxième enfant.

Photo : Radio-Canada / Julie Landry

Elle sortait de chez elle moins souvent, pour éviter d’avoir à rentrer en toute hâte. 

En fait, je sentais que c'était dégradant, alors que ce n'était pas de ma faute en soi.

Une citation de Laura Shinoki, mère de deux enfants

Un cas loin d’être isolé

Des histoires comme celle de Laura, Johanne Sabourin en entend souvent. Cette physiothérapeute de la région de Vancouver, qui pratique depuis plus de 30 ans, est spécialiste du plancher pelvien depuis 25 ans.

Par des traitements et des exercices, elle règle ou atténue les problèmes de fuites urinaires, entre autres. Elle s’en est donné une mission.

Je suis vraiment passionnée à propos de ça, parce que je sens vraiment que je fais une différence dans la vie des femmes, quand je traite ce genre de conditions.

Une citation de Johanne Sabourin, physiothérapeute spécialiste du plancher pelvien
Johanne Sabourin tient un modèle en plastique du bassin humain.

La physiothérapeute Johanne Sabourin prend le temps d'expliquer à ses patientes comment le plancher pelvien fonctionne.

Photo : Radio-Canada / Julie Landry

Un manque de données probantes

Difficile de tomber sur des statistiques exactes sur la problématique, parce que l’âge étudié et la gravité des symptômes peuvent varier. Selon la Fondation d’aide aux personnes incontinentes du Canada, au moins une femme d’âge moyen sur quatre souffre d’incontinence.

Certains urogynécologues disent même que c’est une femme sur trois.

Le ministère de la Santé a indiqué, par écrit, que la Colombie-Britannique ne recueille pas de données sur les problèmes d’incontinence urinaire liés au fait d'avoir donné naissance à un enfant.

Vanessa Nicolau-Toulouse, gynécologue-obstétricienne à Surrey, dans le Grand Vancouver, constate que ce problème nuit au quotidien de ses patientes : Les personnes qui ont des problèmes de fuites urinaires organisent leur journée en fonction de leurs fuites urinaires.

Ces personnes sortiront moins de la maison et, chaque fois qu’elles se déplacent, elles s’assurent de savoir où sont les toilettes. Ça va affecter leur estime de soi parce qu’elles ont peur que ça se remarque , dit la Dre Nicolau-Toulouse.

Parmi les causes fréquentes : les déchirures durant l’accouchement, une mauvaise posture, une mauvaise technique de respiration, une faiblesse des muscles abdominaux du bas du ventre. Source : Johanne Sabourin, physiothérapeute agréée, spécialiste du plancher pelvien.

Infographie : Certaines causes de l’incontinence urinaire

Photo : Radio-Canada

Un problème qui peut se traiter

Johanne Sabourin critique le manque de sensibilisation au sujet des fuites urinaires : C’est un problème assez étendu et, malheureusement, les femmes ne sont pas assez informées sur ce qu’elles peuvent faire pour prévenir cela à long terme.

Si on pouvait corriger cela tout de suite après la grossesse, on pourrait sauver beaucoup de problèmes à long terme.

Une citation de Johanne Sabourin, physiothérapeute spécialiste du plancher pelvien

Malheureusement, selon elle, de nombreux médecins n’abordent pas la problématique avec les personnes qui viennent d’accoucher ou ils minimisent la situation. Certains vont même jusqu’à dire que la solution sera une intervention chirurgicale à la ménopause.

Johanne Sabourin vérifie la position du bassin de sa patiente Laura Shikoni.

La physiothérapeute Johanne Sabourin sait que les problèmes de fuite peuvent être atténués, voire éliminés, en corrigeant la posture, la respiration et les muscles, tout de suite après une grossesse.

Photo : Radio-Canada / Julie Landry

Laura Shinoki raconte que sa sage-femme lui a simplement dit que le problème allait se résorber par lui-même. Elle dénonce le fait que le sujet des fuites est tabou et que peu de femmes connaissent les options de solutions.

Johanne Sabourin croit que le gouvernement devrait investir dans la prévention, en payant des séances de physiothérapie, par exemple, ce qui permettrait d’éviter des coûts de chirurgies, beaucoup plus importants, à plus long terme.

Elle cite la France comme exemple à suivre dans ce domaine.

La Dre Nicolau-Toulouse, qui admet qu'une opération est parfois nécessaire en cas de symptômes plus graves, est également d’accord que l’investissement dans la prévention serait l’idéal. 

Par courriel, le ministère de la Santé indique qu’il existe un programme d’aide d'un montant de 23 $ par visite chez un spécialiste comme un physiothérapeute, pour des familles dont les revenus annuels sont inférieurs à 42 000 $. Il n’y a pas de plan pour élargir la portée du Programme de prestations supplémentaires, pour le moment, précise le courriel.

Le pessaire, une solution méconnue

En plus du travail avec une physiothérapeute spécialisée dans le plancher pelvien, une autre option considérée comme non invasive est un pessaire vaginal. Il s’agit d’un disque ou d'un diaphragme en silicone qui est inséré dans le vagin comme un tampon et qui soutient les parois vaginales. En d’autres mots, il fait le travail du plancher pelvien.

La Dre Vanessa Nicolau-Toulouse tient le pessaire, un diaphragme de silicone jaune, au-dessus d'un manuel de médecine.

La gynécologue-obstétricienne Vanessa Nicolau-Toulouse montre un des modèles de pessaires qui existent pour empêcher les fuites urinaires.

Photo : Radio-Canada / Julie Landry

La Dre Nicolau-Toulouse estime que cette solution est trop peu connue. Je pense qu’au départ c’était surtout utilisé pour corriger les prolapsus chez les personnes plus âgées, mais maintenant, on s'est rendu compte que c'est vraiment pratique pour les femmes de tous les âges, explique-t-elle.

Une fois qu'on a trouvé le bon pessaire pour la personne, c'est un résultat immédiat. Et puis, vraiment, les complications sont minimes parce qu’il n’y a pas de chirurgie et puis la personne peut l'enlever à sa guise.

Une citation de Vanessa Nicolau-Toulouse, gynécologue-obstétricienne

La Dre Nicolau-Toulouse précise que le pessaire est un outil complémentaire et qu’il est recommandé de faire un suivi avec un ou une physiothérapeute.

L’importance d’en parler

Laura Shinoki, Johanne Sabourin et la Dre Nicolau-Toulouse s’entendent toutes sur une chose : il faut parler davantage des problèmes de fuite urinaire et des solutions qui existent.

Certaines femmes ont peur d'en parler des fois, parce qu'elles pensent qu’elles ne seront pas prises au sérieux, constate Johanne Sabourin. Elles ont entendu parler de leurs amies qui se sont fait dire que ça fait partie d'avoir des enfants. Non!

Tu n'as pas besoin de vivre avec, il y a des choses à faire. Il y a des traitements.

Une citation de Johanne Sabourin, physiothérapeute spécialiste du plancher pelvien
Laura Shinoki est à côté de son garçon qui est assis dans sa poussette.

Laura Shinoki aimerait que le sujet des fuites urinaires soit moins tabou pour que les nouvelles mères soient au courant des solutions qui existent.

Photo : photo fournie par Laura Shinoki

Laura Shinoki n’a plus de problèmes de fuites urinaires. Sa vie a changé complètement depuis ses séances avec Johanne Sabourin. C'est le jour et la nuit, dit-elle. C'est tellement génial. De ne plus avoir à se dire : "Tiens, est-ce que j'ai pris mes couches? Est-ce que j'ai pris une culotte de rechange?" La vie repart comme avant.

La maman de deux enfants a maintenant l’impression d’avoir retrouvé son indépendance. Elle se fait un devoir de parler de sa situation le plus possible, pour sensibiliser les femmes autour d’elle.

Malgré toutes les difficultés, elle croit que les grossesses en ont valu la peine. D'ailleurs, je pense même en refaire un autre, conclut-elle en riant.

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