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Démission du vice-président exécutif d’Hydro-Québec, Éric Filion

Éric Filion en conférence de presse devant un micro.

Le vice-président exécutif d’Hydro-Québec, Éric Filion, a remis sa démission mardi matin.

Photo : Radio-Canada

Le vice-président exécutif d’Hydro-Québec, Éric Filion, a remis sa démission mardi matin. Il figurait parmi les successeurs potentiels de la PDG Sophie Brochu, qui a elle aussi annoncé son départ au début de janvier.

Selon nos informations, M. Filion, qui était chef de l'exploitation et de l'expérience client, occupera un poste dans une entreprise privée.

Au service de la société d'État depuis 2016, le vice-président exécutif quittera officiellement ses fonctions le 17 février pour relever de nouveaux défis professionnels, apprend-on dans une communication interne envoyée aux employés d'Hydro-Québec.

J’ai su ça [lundi] soir. Je n’ai pas parlé à M. Filion. Je n’ai pas beaucoup de contacts avec lui, mais je comprends qu’il va se joindre à une autre belle société québécoise [dont le nom] va être annoncé plus tard, a déclaré le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, au micro de Radio-Canada mardi.

Les départs se succèdent à la tête de la société d'État ces dernières semaines. En janvier, la PDG Sophie Brochu a causé la surprise en annonçant qu'elle quittera ses fonctions en avril prochain, deux ans avant la fin de son mandat, une décision qui n'est pas politique, selon elle.

La présidente du conseil d'administration d'Hydro-Québec, Jacynthe Côté, a elle aussi tiré sa révérence en décembre dernier.

« Nous traversons une période de transition qui peut susciter de l'insécurité, voire certaines déceptions. Ces réactions sont humaines, mais ce n'est pas le moment de baisser les bras. »

— Une citation de  Sophie Brochu, PDG d'Hydro-Québec, dans un extrait de sa lettre aux employés annonçant le départ d'Éric Filion

Écarté par Québec?

M. Filion était vu comme un successeur potentiel de Sophie Brochu. Toutefois, selon deux sources à l'interne, sa candidature avait carrément été écartée. On pense qu’il n’était plus considéré pour le poste de PDG, a confié l’une d’entre elles à Radio-Canada.

Éric Filion avait plusieurs responsabilités, notamment celle des questions d’approvisionnement qui font la manchette depuis plusieurs semaines.

« Il avait été embauché pour remonter le service à la clientèle : c’était sa force, on ne peut pas lui enlever cela. Mais du côté de l’exploitation du réseau, il faut dire qu’il avait une méconnaissance assez importante des enjeux et de l’impact de ses décisions sur l’entreprise. »

— Une citation de  Une source à l'interne d'Hydro-Québec, en entrevue à Radio-Canada

M. Filion était aussi responsable de la question de la tarification et de la filiale Hilo, vouée à l’efficacité énergétique, qui a englouti des millions de dollars sans donner les résultats escomptés.

On peut dire qu’il traînait des casseroles, a commenté une de nos sources.

M. Filion avait été recruté par l’ancien patron Éric Martel. Avant de rejoindre Hydro-Québec, les deux hommes provenaient de Bombardier.

Avec la démission de M. Filion, la cheffe des infrastructures, Claudine Bouchard, devient de facto la candidate numéro un à l’interne.

Mais maintenant, est-ce que cela va arriver? Est-ce qu’on va la nommer comme patronne? Je ne crois pas. M. Fitzgibbon cherche un trooper [un bon soldat, NDLR]. On pense à l’interne que celui qui mène est Martin Imbleau [l'actuel PDG du Port de Montréal, NDLR], précise une source.

Par ailleurs, tous ces changements à la direction de la société d’État ainsi que l’intention du gouvernement d’utiliser Hydro-Québec comme levier pour attirer des investissements étrangers continuent à créer des remous à l’interne.

On ressent cela comme une menace à l'autorité de l’entreprise, une menace aux décisions rationnelles. On entre clairement dans les décisions électoralistes, souligne une source.

Pas de conflit, assure Fitzgibbon

Questionné mardi matin par le journaliste Alec Castonguay sur l'existence d'un éventuel conflit entre le gouvernement et Hydro-Québec pour expliquer ces trois départs en cascade à la tête d'Hydro-Québec, le ministre Pierre Fitzgibbon affirme n'en voir aucun.

Pas du point de vue du gouvernement, a-t-il assuré. Non. Au contraire, je pense qu’il y a de bonnes relations avec Hydro-Québec. Moi, je suis en poste depuis quelques mois et, à ce jour, j’ai eu de très bonnes discussions avec les gens d’Hydro-Québec. Ça va continuer, puis on va remplacer les gens qui vont quitter.

« Hydro-Québec est évidemment une société d’État. Elle doit avoir sa propre gouvernance. En même temps, le gouvernement est actionnaire. C’est au gouvernement de déterminer les grandes orientations. »

— Une citation de  Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie
Le logo d'Hydro-Québec sur le siège social à Montréal.

Le siège social d'Hydro-Québec (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

L'opposition n'y croit pas

Moi, je trouve que ça brasse pas mal à Hydro-Québec, s'est pour sa part exclamé le chef de l'opposition officielle, Marc Tanguay, contredisant ainsi le discours apaisant du ministre Fitzgibbon sur la situation actuelle à la direction de la société d'État. Après le départ de Sophie Brochu [survient] un autre départ d’un haut dirigeant qui était probablement pressenti également pour être PDG [...]. Pendant ce temps-là, ça n’empêche pas le premier ministre et M. Fitzgibbon d’y aller de déclarations à l’emporte-pièce.

La semaine passée, M. Fitzgibbon disait : "Écoutez, on n’aura pas besoin de barrages si nous faisons tellement bien dans le développement de deux choses : l’éolien et l’efficacité énergétique." Puis là, aujourd’hui, on apprend qu’il y aura un mémoire qui sera déposé par Hydro-Québec dans lequel on va parler de la construction de plusieurs barrages. Ça prend une vision et ça presse, a déclaré le chef libéral.

« Si les gens quittent, il faut croire qu'ils pensent qu'ils vont être plus heureux ailleurs. Et comment le gouvernement explique ça? »

— Une citation de  Pascal Bérubé, député péquiste de Matane-Matapédia

Il faut avoir beaucoup de foi en Pierre Fitzgibbon pour considérer que la somme des avantages de ses actions est supérieure à la somme des désavantages au plan éthique et au plan des départs de cadres supérieurs, souligne quant à lui le député du Parti québécois Pascal Bérubé.

[Lundi], on apprenait que les rêves pharaoniques, je dirais, de M. Fitzgibbon pourraient vouloir dire 13 autres barrages de La Romaine, a déclaré la porte-parole solidaire Manon Massé en référence à la publication par Radio-Canada du contenu d'un mémoire d'Hydro-Québec voulant qu'il faudrait construire 13 barrages de plus pour répondre à la demande de toutes les entreprises attirées par les coûts de l'électricité produite au Québec.

« Ce n'est pas vrai qu'on va avoir le beurre et l'argent du beurre en partant notre lave-vaisselle à minuit le soir. »

— Une citation de  Manon Massé, députée solidaire de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Pour Québec solidaire, il est urgent que la PDG démissionnaire d'Hydro-Québec en dise davantage aux Québécois sur ce qui se trame en matière d'énergie au gouvernement.

Il faut être réaliste, là. On ne pourra pas faire la transition énergétique que le Québec doit faire et laisser à M. Fitzgibbon tous les mégawatts qu'il veut donner à ses amis qui en ont besoin. [...] Et c'est pourquoi on veut que Mme Brochu vienne s'asseoir pour nous aider à comprendre ce qui s'est passé, a réclamé Manon Massé mardi.

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