Le philanthrope Marcel Desautels est décédé

Né en 1934 à Saint-Boniface, il est mort mardi matin à Toronto à l'âge de 88 ans.

M. Desautel a fait don de dizaines de millions de dollars à plusieurs établissements d’éducation postsecondaires au Canada, dont l’Université du Manitoba, l’Université de Saint-Boniface (USB), l’Université de Toronto et l’Université McGill. Diverses facultés et bourses portent son nom.

Le philanthrope a étudié au Collège universitaire de Saint-Boniface (l’ancien nom de l’USB) de 1947 à 1955 avant d’obtenir sa maîtrise en droit à l’Université du Manitoba.

En 2009, c'était le donateur principal et président de VISION, la plus grande campagne de financement de l’histoire de l’Université de Saint-Boniface, qui visait à amasser 15 millions de dollars. Un pavillon, inauguré en 2011, porte d’ailleurs son nom à l’USB et accueille les programmes de sciences de la santé et l’École de travail social.

Dans un message publié mardi, l’Université du Manitoba rappelle que, en 2008, il avait donné 20 millions de dollars à sa Faculté de musique, soit le plus important don privé jamais reçu par l’Université et l’un des plus importants jamais donnés à un département de musique au Canada.

Le doyen de la Faculté de musique de l'Université du Manitoba, Edward Jurkowski souligne que le don de M. Desautels a changé la vie de nombreux étudiants.

Avoir la possibilité de se concentrer sur la musique a permis aux étudiants d'exceller. Cela a été un cadeau incroyable. Cela leur a permis de poursuivre leurs rêves, peu importe leur capacité, en tant qu'interprète, professeur, ou étudiant. Cela a changé la vie de centaines d'étudiants.

En entrevue à l'émission L'actuel, l'ancien directeur du Bureau de développement et des communications de l’USB, Louis St-Cyr, a rappelé que Marcel Desautels est à l'origine de sa propre fortune. Après avoir été collègues, ils ont été amis.

C'était un gars très intelligent, très cultivé, on a eu des conversations de toutes sortes d'horizons. C'était un artiste dans l'âme, l'opéra était quelque chose d'important pour lui [...] Il était un homme sérieux, mais il aimait rire, dit-il.

« Dans un restaurant où on mangeait régulièrement à Toronto, il y avait un piano à queue. Un serveur jouait. Comme ça, Marcel pouvait se mettre à chanter dans le restaurant. C'était un ténor de haut niveau. Il se rasseyait comme si de rien n'était. »

M. St-Cyr rappelle que son ami était reconnaissant de son éducation reçue au Collège universitaire de Saint-Boniface.

Dans un courriel, l'Université de Saint-Boniface indique qu'elle mettra en berne les drapeaux sur son campus, pour honorer la mémoire du disparu.

Membre de l’Ordre du Canada

Marcel Desautels a occupé des postes de haute direction auprès du gouvernement et dans le secteur privé.

En 1970, il est devenu président-directeur général de Creditel du Canada Limitée, qui était alors la plus importante agence d’évaluation de crédit et de recouvrement de dette au pays.

Lorsque la firme a été vendue, M. Desautel est devenu le président d’une fondation créée à partir de ses actifs, la Fondation canadienne de la gérance du crédit. Depuis 1996, celle-ci distribue plus de 400 bourses par an.

Aider la jeunesse, c’est toujours ce qui m’a motivé, quand je [regarde les jeunes], je vois des héros du futur, avait-il confié à Radio-Canada en 2019.

Le directeur de l’intégration de la jeunesse au Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba, Joel Martine, a reçu une bourse Marcel-A.-Desautels lors de ses études.

Il s'est dit reconnaissant de recevoir en main propre sa bourse et de croiser le chemin de M. Desautels. Il ajoute que la bourse l'a aidé à se concentrer sur ses études.

L'histoire de Marcel Desautels démontre comment un gars d'ici a pu laisser sa marque à travers le Canada et ça te donne un modèle de redonner quand on peut.

En tout, le Franco-Manitobain a donné plus de 100 millions de dollars.

M. Desautels était membre de l’Ordre du Canada, de l’Ordre de l’Ontario et de l’Ordre du Manitoba.

Avec des informations de l'émission L'actuel et d'Anne-Louise Michel