Les refuges, souvent le seul recours des patients itinérants à leur sortie d’hôpital

Un homme qui a subi de graves gelures aux pieds estime que les refuges ne sont pas un endroit sûr pour une convalescence.
Photo : Radio-Canada / Justin Fraser
Les refuges ne sont malheureusement pas équipés pour prendre en charge les personnes sans-abri qui obtiennent leur congé après avoir été été hospitalisées, affirme la directrice générale de Siloam Mission, Tessa Blaikie Whitecloud. Un Winnipégois ayant souffert de gelures aux pieds s’est trouvé sans ressources à sa sortie de l’hôpital durant la fin de semaine.
Le cas de Robert, dont CBC/Radio-Canada tait le nom de famille pour protéger sa vie privée, illustre un écart vraiment énorme
entre le système de la santé et les services disponibles pour les itinérants, selon Tessa Blaikie Whitecloud, qui dirige l’un des plus grands refuges de Winnipeg.
Les personnes sans-abri ont souvent des besoins médicaux plus importants que les capacités des refuges, explique-t-elle. Cependant, nous sommes leur dernier, voire leur seul recours.
Samedi, pendant la période de froid extrême que traverse Winnipeg, Robert est arrivé au refuge temporaire du quartier Saint-Vital après avoir reçu son congé de l’hôpital, où il avait été traité pour des gelures aux pieds.
Il raconte que, après son admission, vendredi, le premier médecin qui l'a vu a estimé ses gelures assez graves pour qu'il reste un peu plus longtemps à l'hôpital, mais celui qui l'a vu le lendemain matin a, de son côté, signé son congé. Malgré les efforts de l’Hôpital Saint-Boniface pour lui trouver un lit dans un refuge, notamment en lui fournissant un coupon de taxi, il a fallu des heures pour que Robert puisse arriver au refuge de Saint-Vital.
Robert est dépendant à la méthamphétamine et souffre d'un trouble bipolaire. Dimanche, en entrevue, il a affirmé que les refuges ne sont pas un endroit sûr
pour une convalescence.
Il dit qu'il faut trouver de meilleures façons
de répondre aux problématiques de l’itinérance et de la dépendance
.
Tessa Blaikie Whitecloud explique que Siloam Mission dispose d’une pièce avec trois lits destinés aux personnes qui sortent de l’hôpital. Ces lits n’ont pas été utilisés à cette fin récemment en raison de la demande des femmes qui recherchent un endroit sécuritaire.
Nous avons beaucoup de personnes qui sortent de l’hôpital et qui se présentent dans un taxi en portant parfois encore leur bracelet d’hôpital, sans vêtements appropriés
, indique Tessa Blaikie Whitecloud.
Cependant, Siloam Mission n'est pas vraiment outillé pour accompagner ces patients sur le plan médical. Il n’y a pas de personnel médical permanent sur place, où une poignée de médecins donnent bénévolement de leur temps durant 8 à 12 heures par semaine.
Évaluer la situation avant le congé de l’hôpital
Un porte-parole de l’Office régional de la santé de Winnipeg (ORSW) mentionne dans un courriel que ce dernier dispose d’une politique de sortie sécuritaire des patients et qu'il y a une procédure à suivre en cas de sorties complexes
pour les personnes sans-abri.
Les infirmières cliniciennes travaillent avec les patients pour établir un plan de sortie, comprenant la consultation d’un travailleur social et la mise en relation avec des refuges locaux, selon le porte-parole.
Bien que nous ne puissions pas parler des cas individuels, si les infirmières cliniciennes examinent la situation avec le patient, avant sa sortie, et estiment qu’il ne sera pas en sécurité, elles ne lui donneront pas son congé et elles expliqueront les raisons de ce refus
, dit-il.
De son côté, la directrice générale de Manitoba Harm Reduction Network, Shohan Illsley, affirme que les gouvernements doivent en faire davantage pour créer des logements abordables.
Les hôpitaux ne sont pas des unités de logement, et les services de soins de santé au Manitoba sont en crise
affirme-t-elle.
Bien que les hôpitaux emploient des travailleurs sociaux qui pourraient soutenir les patients dans leurs stratégies de sortie, on ne peut pas envoyer les gens vers des services qui sont inexistants
, ajoute-t-elle.
Avec les informations de Cameron MacLean