Des avocats albertains demandent à ne pas suivre un cours de connaissance autochtone

L'avocat calgarien Roger Song est à l'origine de la pétition demandant la levée de l'obligation de suivre le cours de connaissance autochtone. Il considère qu'obliger les avocats à suivre ce module est une forme d'«endoctrinement politique».
Photo : Fournie par Roger Song
Cinquante avocats sur les 11 100 avocats que compte le Barreau de l’Alberta ont signé une pétition demandant à se soustraire d'un cours en ligne obligatoire de cinq heures sur la compétence culturelle autochtone.
Ce module a été élaboré en réponse directe à l'appel 27 (Nouvelle fenêtre) à l'action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui a demandé à la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada de s'assurer que les avocats reçoivent une formation appropriée sur les compétences culturelles
.
Le module a été lancé le 21 avril 2021 et les avocats albertains avaient jusqu'au mois d'octobre 2022 pour le terminer.
Au mois de novembre, le Barreau de l'Alberta a infligé des suspensions administratives à 26 avocats qui n'avaient pas suivi le cours dans les 18 mois prévus.
À la suite de la pétition, le Barreau de l’Alberta a publié un avis de réunion spéciale invitant ses membres à voter, lundi prochain, sur la règle 67.4 promulguée en 2020 au sujet de l'enseignement obligatoire de ce cours.
Le Barreau se consacre à la protection de l'intérêt public en promouvant et en appliquant les normes de conduite professionnelle et éthique des avocats de l'Alberta
, affirme sa présidente, Elizabeth Osler.
Elle ajoute que le Barreau s'engage à garantir un format de réunion spéciale équitable et transparent
.
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Un cours pourtant utile
L'avocate autochtone de la défense, Krysia Przepiorka, se dit déçue d'apprendre l’existence d’une pétition appelant à se débarrasser du cours obligatoire.
« La compétence culturelle est importante parce qu'elle aide à réparer les préjugés systémiques et à réparer les relations et la confiance brisées avec les peuples et les communautés autochtones. »
Les peuples autochtones sont sous-représentés dans le domaine juridique et surreprésentés dans le système judiciaire
, note-t-elle à cet égard. Nous ne vous demandons pas de vous immerger dans notre culture, nous vous demandons [seulement] de comprendre ce qui a été emporté et les impacts qui ont suivi.
Une forme d'endoctrinement
Un avocat de Calgary, Roger Song, est l'initiateur de la pétition. Ayant immigré au Canada à l'âge adulte, Me Song qui a fréquenté une faculté de droit en Alberta explique que le cours obligatoire et la sanction dont il a été assorti pour les réfractaires lui rappellent son séjour en Chine. C'est un cours d'endoctrinement politique
, estime-t-il.
L'avocat dit ne pas croire par ailleurs que le Canada ait une histoire de discrimination systémique. Pour moi, ce n'est pas le cas
, soutient-il en entrevue. Vous pouvez croire ce que vous voulez croire.
Pour cet autre avocat de Calgary, Glenn Blackett, les barreaux sont habilités à s'assurer que les avocats connaissent la loi et se comportent de manière éthique
, mais ils ne peuvent pas forcer les avocats à se soumettre à un endoctrinement politique de quelque nature que ce soit
, écrit-il dans un article de blogue.
Sentiments anti-autochtones
Chad Haggerty, un avocat métis de Calgary, croit que les motivations de ceux qui veulent l'abrogation de la règle reflètent les sentiments anti-autochtones qui prévalent au Canada
. Il note cependant qu’on ne peut pas imposer le bon sens ou la compassion
.
Un avis que ne partage pas Krysia Przepiorka. Selon elle, il ne faut pas oublier qu'il y a de « nombreux avocats qui traitent de problèmes graves qui concernent ou peuvent affecter les peuples autochtones. »
Avec les informations de Meghan Grant