En consultations prébudgétaires, l’Université de Sudbury réclame du financement
« Il est primordial de prévoir dans le budget l’intégration de l’Université de Sudbury comme établissement public de langue française », a déclaré Serge Miville devant le comité permanent des finances et des affaires économiques de l'Assemblée législative de l'Ontario.

Le recteur Serge Miville a pris part lundi aux consultations prébudgétaires du gouvernement de l'Ontario.
Photo : Assemblée législative de l'Ontario
Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a pris part lundi aux consultations prébudgétaires du gouvernement ontarien afin de réclamer du financement pour l’établissement qu’il dirige.
Devant le comité, qui a tenu une audience à Sudbury, M. Miville a d’abord rappelé les circonstances dans lesquelles l’Université de Sudbury est devenue autonome et unilingue française.
La crise financière à l’Université Laurentienne a amputé l’Université de Sudbury de son financement d’enseignement.
Cependant, des décombres est né un projet de société structurant [...] véritablement porté par la communauté
, a indiqué M. Miville au groupe d’une douzaine d’élus.
Cette communauté souhaite depuis plus d’un siècle réaliser cette université de langue française ici à Sudbury pour répondre aux besoins d’éducation universitaire en français des jeunes afin de les préparer, de les outiller pour le marché du travail et de contribuer à la prospérité économique et sociale de notre province
, a poursuivi le recteur.
« Après un siècle, il est enfin temps de réaliser ce rêve. »
Le recteur de l'Univ. de Sudbury @Miville a pris part aux consultations prébudgétaires du gvt provincial pour réclamer le financement de l'établissement. Il rappelle que l'Univ. a déjà été évaluée par la CÉQEP et est en attente d'une décision de la ministre Jill Dunlop. #onfr 1/ pic.twitter.com/1ymD7uljhD
— Bienvenu Senga (@BienvenuSenga27) January 30, 2023
Deux recommandations aux élus
L’Université de Sudbury, où on fait tout pour être en mesure d’enseigner à nouveau, a soumis une demande d’évaluation à la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire (CÉQÉP).
Après avoir étudié cette demande, la CÉQÉP a transmis, en septembre dernier, une recommandation à la ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop, qui n’a pas encore statué sur l’octroi du financement.
En entrevue à Radio-Canada en décembre, M. Miville affirmait que même s’il ne pouvait pas dévoiler la recommandation, il en était satisfait
.
Lundi, il a recommandé aux membres du comité de soutenir le financement de l’Université de Sudbury.
En anticipation de notre accréditation par le ministère des Collèges et Universités, il est primordial de prévoir dans le budget l’intégration de l’Université de Sudbury comme établissement public de langue française avec sa juste part de financement
, a-t-il déclaré.
« Il faut dire oui à l’aspiration légitime de notre communauté, il faut dire oui à notre relance, il faut dire oui à la revitalisation du milieu postsecondaire de langue française dans la région du Moyen-Nord [de l’Ontario] et dire oui à la revitalisation économique de la région. »
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Il a également demandé aux élus de soutenir l’octroi, par la province, d’une contrepartie
financière afin de permettre à l’Université de Sudbury de bénéficier des fonds complémentaires prévus au Programme des langues officielles en enseignement du gouvernement fédéral.
Ce programme fonctionne en vertu d’une entente de financement conjointe entre les provinces et Ottawa, qui paie la majeure partie de la facture.
Ce sont de très petits montants de la province qui permettraient de promouvoir une relance efficace de l’Université de Sudbury et d’augmenter l’accès à l’enseignement universitaire de langue française pour l’entièreté de la population du Nord
, a répondu M. Miville à la députée néo-démocrate France Gélinas qui lui demandait de préciser la contribution qu’il réclamait du gouvernement.
Il a par ailleurs tenu à souligner que malgré les secousses qui l'ont ébranlée au cours des deux dernières années, l’Université de Sudbury n’a pas de dette.
On a fait nos devoirs
France Gélinas a aussi demandé à M. Miville d’expliquer à quel point il était sûr que la population francophone allait être là
si jamais l’Université de Sudbury reprenait ses activités d’enseignement.
Le recteur a souligné que l’Université avait consulté plus de 300 élèves du secondaire du Nord de l’Ontario pour s’assurer de promouvoir et d'accréditer une programmation qui va répondre à leurs besoins, aux besoins de l’économie locale et pour l’avenir également
.
Donc, on a fait nos devoirs, Mme Gélinas, et on est prêts à livrer de nouveau
, a-t-il fait savoir.
La députée libérale Stephanie Bowman lui a quant à elle demandé de clarifier la capacité de l’établissement à reprendre ses activités rapidement si jamais il obtenait l’appui financier de la province, notamment en matière de recrutement de personnel.
Je pense que dès qu’on aura le feu vert, il y aura beaucoup d’intérêt au sein de l’établissement, parce qu’il jouit d’un soutien très large. C’est un dossier non partisan qui est soutenu non seulement par la communauté francophone mais aussi par les communautés anglophones partout à travers le Nord, et ça, c’est vraiment encourageant
, a répondu M. Miville.
En réponse à une autre question de Mme Bowman, M. Miville, lui-même un ancien professeur à l'Université Laurentienne, a illustré l'impact humain
de l'offre réduite des programmes en français, exacerbée par les coupes de l'établissement.
J’ai des étudiants qui ont quitté Sudbury parce qu’ils ne pouvaient pas poursuivre leurs études postsecondaires en français ici. Certains sont allés au Nouveau-Brunswick ou dans l’Est ontarien. Et lorsqu’on perd quelqu’un dans le Nord, on perd tout le potentiel, les entreprises qu’il aurait pu créer, les gens à qui il aurait pu enseigner.
« L’impact économique d’un seul étudiant perdu est très difficile à surmonter pour notre région, contrairement à une région comme Toronto, où un étudiant perdu est un étudiant gagné ailleurs dans un rayon restreint. »