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Interdits d’acheter une maison, une infirmière et sa famille songent à quitter Val-d’Or

Une infirmière française et son mari remettent en question leur projet de s’établir à Val-d’Or en raison de la nouvelle loi fédérale interdisant l’achat d’une maison par les non-Canadiens.

Marina et Carlos Pires sont photographiés devant une maison à Val-d'Or, en compagnie de l'un de leurs trois enfants.

Marina et Carlos Pires envisagent de quitter la région, puisqu'une loi fédérale leur interdit d'acquérir une propriété d'ici 2025.

Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry

Pour Marina et Carlos Pires, cette mesure est un frein direct à leur projet de s’établir à Val-d’Or avec leurs trois enfants. Confinés à un petit appartement de six pièces et demi depuis leur arrivée au pays en mai 2022, ils ne se voient pas vivre deux ans de plus dans ces conditions.

C’est une grosse déception, réellement, confie Mme Pires. Je suis très contente ici et j’ai envie d’y continuer ma carrière, dans des conditions de travail bien meilleures qu’en France. On sait qu’on a quelque chose à apporter. On vient nous recruter, mais, en arrière, on ne nous considère pas comme Monsieur ou Madame Tout-le-Monde. Nous ne sommes pas là pour spéculer, mais pour vivre nos vies, avec nos enfants. Notre projet de vie est anéanti.

Les Pires ont vendu leur maison en France et ils espéraient acheter une résidence à Val-d’Or au cours des prochaines semaines. Incapables de trouver un logement plus grand ou une maison à louer à Val-d’Or, ils ne se voient pas vivre deux ans de plus dans leurs conditions actuelles, d’autant plus qu’ils ne peuvent y héberger leur chien.

« On est dubitatifs devant une telle loi, ajoute Carlos Pires, qui travaille à Val-d’Or comme électricien. Dans une région qui a déjà du mal à garder ses travailleurs, c’est à double tranchant. C’est une magnifique région, mais si on a les mêmes interdictions qu’à Montréal, pourquoi on n’irait pas là où ça serait plus facile de trouver un logement convenable et où la communauté française est plus forte? Quand tu n’as plus ta maison en France, tu es libre d’aller où tu veux, surtout dans des métiers à forte demande comme les nôtres. Ça remet clairement en question notre projet abitibien. »

— Une citation de  Carlos Pires, époux de Marina Pires

Entrée en vigueur le 1er janvier dernier, la nouvelle loi fédérale impose un moratoire de deux ans dans le but d’éviter la spéculation immobilière au Canada.

Un obstacle au recrutement

Pour les autorités régionales de la santé, cette nouvelle loi fédérale vient compliquer les efforts de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre étrangère.

Ce cas n’est pas unique, reconnaît Vincent Béland, chef de service en attraction de main-d'œuvre au Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT). On espère que ça restera marginal, mais c’est sûr que c’est amplifié par la pénurie de logements que nous vivons dans la région. Dans nos efforts de recrutement, le discours qu’on tient souvent c’est : "Venez en région, louez un hébergement pour quelques mois et magasinez ensuite une résidence pour le futur". C’est sûr que la loi peut amener des candidats à retarder leur projet de venir ici d’un ou deux ans, ce qui aurait un gros impact pour notre organisation.

Marina et Carlos Pires sont assis à une table, dans la cuisine d'un logement.

Marina et Carlos Pires espèrent obtenir rapidement le statut de résidence permanente afin d'accéder à la propriété.

Photo : Radio-Canada / Marc-André Landry

En plus de dénoncer la loi fédérale, le couple Pires s’accroche à l’espoir que le dossier de Marina puisse être traité plus rapidement en vue de l’obtention d’une résidence permanente. Infirmière depuis 20 ans, elle aurait cependant besoin qu'une offre d’emploi soit validée par son employeur, le CISSS-AT, pour augmenter ses chances.

C’est assez facile pour les infirmières de se qualifier, mais Marina est désavantagée en raison de son âge, précise son mari. Avec une offre validée en Abitibi, elle pourrait rapidement être tirée au sort. Ça changerait la donne pour nous.

« On s’accroche à l’espoir que ça fonctionne. Si on apprend que le processus pour la résidence permanente est en cours et qu’il est possible que ça se règle avant deux ans, on va patienter. Je n’ai pas envie de quitter mon emploi, mais 2025, c’est trop long pour vivre dans un tout petit logement, où on ne peut rien faire. Ce n’est pas ça, la vie. »

— Une citation de  Marina Pires, épouse de Carlos Pires

Au CISSS-AT, on se dit ouvert à explorer cette avenue et de soutenir les candidats pour accélérer leurs démarches vers l’obtention d’une résidence permanente.

Considérant les enjeux et l’insécurité que ça crée, on est à regarder la possibilité de mettre à l’avant-plan cette offre d’emploi validée, et la partie syndicale n’y voit pas un enjeu, précise Vincent Béland. Il nous reste quelques validations à l'interne pour être en mesure prochainement d’aller de l'avant avec ce document-là. On dit aux gens d’être patients et que des portes pourraient s’ouvrir bientôt. Une personne qui part, c’en est une de trop.

Des partis réagissent

Sylvie Bérubé, députée sortante du Bloc québécois, sourit pour la photo.

Sylvie Bérubé, députée du Bloc québécois dans Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard

À Québec et Ottawa, des voix s'élèvent au sujet des effets de cette nouvelle loi fédérale. Pour le Bloc Québécois, il devient impératif pour le gouvernement Trudeau d’apporter des modifications réglementaires pour éviter de telles situations.

Le but de la loi est de s’attaquer aux spéculateurs immobiliers étrangers, pas des familles comme celles de cette infirmière de Val-d’Or, déplore la députée d’Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou, Sylvie Bérubé. Il y a des failles dans cette loi et elle rate sa cible. On voit plusieurs cas qui entrent dans les failles.

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