L’absence de réseau cellulaire dans le métro de Toronto, un enjeu de sécurité?

Avec la hausse des cas de violence dans les transports publics de Toronto, l'absence de réseau cellulaire dans le métro est montré du doigt par des experts.
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Les usagers du métro à Toronto n’ont pas accès au réseau cellulaire dans les trains. Alors que la situation reste un statu quo du côté des opérateurs, la vague de violence que connaît le réseau de la Commission de transport de Toronto (CTT) soulève de nouveau le besoin de pouvoir passer un appel urgent.
En attendant sur le bord du quai, et avec un peu de patience, les usagers du métro de Toronto peuvent réussir à se brancher au wi-fi. Mais une fois à bord des trains, c’est la déconnexion forcée.
Depuis 2015, BAI Communications est l’opérateur responsable de fournir le service sans fil dans le métro de la CTT . L’entente a été signée pour 20 ans.
Si BAI Communications se dit prête à travailler avec les autres opérateurs pour fournir un service cellulaire dans le métro
, dans les faits, aucun des grands opérateurs que ce soit Bell ou Rogers n’ont entrepris quelque négociation que ce soit. Seul Freedom Mobile a accepté l’offre de BAI Communications.
Par communiqué, Bell indique rester engagée à construire un réseau 5G dans le métro qui soit cohérent avec le service et la fiabilité que les gens attendent de Bell
.
En d’autres mots, l'entreprise souhaiterait installer son propre réseau dans le métro. Toutefois, le contrat qui lie BAI Communications à la CTT , empêche Bell et d’autres fournisseurs d’installer leur propre infrastructure
, selon le communiqué de l’entreprise.
Obliger un partenariat
Richard Leblanc est professeur en gouvernance, lois et éthique à l’Université York. Selon lui, il faut casser le statu quo.
Ces deux entreprises ont le monopole au Canada. Elles ont une responsabilité pour l'intérêt public sans compter que cela pourrait bénéficier à leur image
, estime-t-il.
Je pense que ce serait plus avisé de faire ce que New York est en train de faire [:] un partenariat public-privé. Ce qui voudrait dire que Rogers et Bell auraient à collaborer avec BAI et la CTT
, recommande-t-il.
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Un enjeu de sécurité
Pour Richard Leblanc et les défenseurs des usagers, cette absence de service est problématique dans une période où les cas d’urgence sont de plus en plus nombreux.
[Avoir accès au réseau cellulaire] pourrait rendre les gens plus sereins de savoir qu’ils ont une autre option
, explique Yvonne Harding qui gère le développement des ressources pour Assaulted Women's Helpline, la ligne d’appel d’urgence pour les femmes agressées.
Si quelqu’un les harcèle, certaines personnes n'osent pas tirer la sonnette d’alarme parce qu’elles ne veulent pas attirer autant d’attention sur elles. Mais elles pourraient appeler ou envoyer un message à quelqu'un en qui elles ont confiance pour leur dire de les retrouver à leur station
, donne-t-elle en exemple.
Elle ajoute que son service reçoit de plus en plus d'appels avec la hausse des cas de violence dans le réseau de transport. Ce ne sont pas forcément des victimes directes, mais des personnes dont l’anxiété augmente alors qu'elles ont elles-mêmes fait face à des actes violents par le passé.
« On voit une hausse des appels. Ça augmente chaque fois qu’il y a une attaque. »
Certaines, assure Yvonne Harding, ne s’aventurent même plus dans le métro.
Ça donnerait aux gens le sentiment d’être beaucoup plus en sécurité de pouvoir faire des appels d’urgence, mais ça doit aussi être lié au fait de pouvoir appeler les bonnes personnes
, précise Shelagh Pizey-Allen du groupe de défense des usagers TTCriders.
Elle précise toutefois que dans de nombreux cas, les problèmes de violence dans le métro ne peuvent pas se régler par un simple appel au 911 et l’intervention de la police. Elle espère que des lignes d’appel pour des urgences en santé mentale seront aussi mises en place par la Ville.
Avec des informations de Talia Ricci et Julien Sahuquillo