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Violence dans les écoles : forte augmentation des cas rapportés au Québec

Une fille recroquevillée contre un mur.

Le PLQ demande que la situation soit étudiée à l'Assemblée nationale avec un mandat d'initiative.

Photo : getty images/istockphoto / sam thomas

L’année dernière, des centres de services scolaires du Québec ont déclaré deux fois plus de gestes violents qu’en 2018-2019, soit avant la pandémie. Face à ces données « très préoccupantes », le Parti libéral du Québec (PLQ) demande au gouvernement de faire un examen approfondi de la situation.

Je vois les chiffres et je suis troublée, lance la porte-parole libérale en matière d’éducation, Marwah Rizqy. Au Centre de services scolaire des Mille-Îles, dans les Basses-Laurentides, les cas de violence compilés sont passés de 2516, il y a quatre ans, à plus de 4000, l’année dernière.

Au Centre de services scolaire des Affluents, dans Lanaudière, les cas rapportés de violence physique et verbale ont plus que doublé au cours de cette même période, passant de 757 à plus de 2000. Il s’agit d’une hausse de 164 %.

Une augmentation comparable (141 %) s’est produite dans les cas rapportés au Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin. À peine plus de 400 gestes de violence ont été enregistrés en 2018-2019 comparativement à 979 l’an dernier.

C’est Marwah Rizqy elle-même qui a obtenu ces données grâce à la loi sur l’accès aux documents des services publics, après avoir été ébranlée par les reportages de divers médias faisant état de violence dans les écoles du Québec, ces derniers mois.

« Une fois que j’ai reçu les réponses, clairement, ça se traduit dans les données. Il y a vraiment une montée d’actes de violence dans nos écoles. »

— Une citation de  Marwah Rizqy, porte-parole du PLQ en matière d'éducation
Plan rapproché de Mme Rizqy, devant des drapeaux du Québec

Marwah Rizqy, porte-parole du PLQ en matière d'éducation

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Rousselle

Visiblement inquiète, Mme Rizqy demande à Commission de la culture et de l’éducation à l’Assemblée nationale de se doter d’un mandat d’initiative afin de mener des consultations auprès d’acteurs clés du réseau scolaire. À son avis, le gouvernement Legault ne peut pas refuser la tenue d’un tel exercice.

Ce n'est pas le temps de faire de la partisanerie. C'est très troublant, ce qui se passe. Nous devons aller au fond des choses. On doit comprendre qu'est-ce qui se passe dans nos écoles, dit-elle.

Disparités dans les statistiques

Le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin invite néanmoins à la prudence, car malgré les statistiques alarmantes, les cas de violence n’auraient pas véritablement plus que doublé dans ses établissements.

Ce n'est pas vrai, ce n'est pas la réalité, prévient la directrice adjointe des services éducatifs, Catherine Giguère.

La manière de compiler les actes de violence et d’intimidation a été modifiée l’année dernière, indique Mme Giguère, car l’ancienne méthode n’était pas très conviviale, ce qui pouvait mener à une sous-déclaration.

Désormais, tout événement jugé violent ayant entraîné un manquement et une communication aux parents est recensé. Les écoles transmettent ensuite leurs statistiques au centre de services scolaire.

À titre comparatif, le Centre de services scolaire de la Capitale recense seulement les événements violents qui ont fait l’objet d’un rapport de plainte au secrétariat général. Pour ce faire, ils doivent correspondre en tous points à la définition de la violence inscrite dans la Loi sur l’instruction publique.

« Est-ce qu'il y a eu manifestation de force? Est-ce que ç'a été exercé intentionnellement? Est-ce que ça a pour effet d'engendrer des sentiments de détresse, de léser, de blesser ou d'opprimer? Est-ce qu'on est en situation où on s'attaque à son intégrité, à son bien-être psychologique ou à ses droits? »

— Une citation de  Hélène Laberge, directrice adjointe aux services éducatifs au Centre de services scolaire de la Capitale

Avec cette définition très précise, le Centre de services scolaire de la Capitale a recensé moins d’une quarantaine de cas de violence dans ses écoles secondaires et moins d’une vingtaine dans ses écoles primaires, l’an dernier.

La directrice adjointe aux services éducatifs, Hélène Laberge, assure néanmoins que le personnel intervient aussi dans les situations où un geste ne remplit pas tous les critères pour être officiellement recensé comme violent dans les statistiques.

Dans le doute, consignons

Pour expliquer son nombre très élevé de cas de violence rapportés, le Centre de services scolaire des Mille-Îles rappelle que sa clientèle scolaire a connu une croissance de plus de 3000 élèves en quatre ans.

Le Centre a aussi une approche différente pour compiler ses statistiques, qui induit peut-être un biais.

Pour ne donner qu’un exemple, si Jacob provoque Antoine et que Antoine réagit de manière impulsive, nous pourrions penser qu’il s’agit d’un cas de violence. Toutefois, comme il n’y avait pas d’intention de violence, cela ne cadre pas avec la définition officielle. L’intervenant peut tout de même décider de consigner l’information [...] afin d’assurer un suivi de l’événement, indique la conseillère en communications Mélanie Poirier.

« Notre mot d’ordre : dans le doute, consignons. Il y a donc des interventions rapportées qui ne font probablement partie de ni l'une ni l'autre de ces catégories (conflit, chicane), mais qui permettent d'assurer un suivi serré du plan d'intervention des élèves avec l'équipe-école, en plus de conserver l'historique de la gradation des événements. »

— Une citation de  Mélanie Poirier, conseillère en communications au Centre de services scolaire des Mille-Îles

Au Centre de services scolaire des Affluents, où une importante hausse est également perceptible dans les statistiques, on affirme aussi que cela ne veut pas nécessairement dire que c’est inquiétant.

Le coordonnateur au secrétariat général, Éric Ladouceur, indique par courriel que les écoles disposent de plus d'outils de dénonciation et qu'elles en font la promotion. Le code de vie des écoles est aussi appliqué avec rigueur.

Nous estimons que cette rigueur fait en sorte que les écoles envoient un message clair que ces situations sont prises très au sérieux et que cela favorise la dénonciation, dit-il.

Génération COVID?

Bien que les statistiques doivent être analysées prudemment, des centres de services scolaires reconnaissent que les gestes de violence sont tout de même plus nombreux qu’il y a quelques années.

Au Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin, des enseignants et des membres du personnel de soutien rapportent des changements dans le comportement chez certains jeunes depuis qu’ils ont vécu des périodes de confinement en lien avec la COVID.

« Ce qu'on entend beaucoup, c'est que les élèves n'ont plus beaucoup de tolérance, on est à fleur de peau, on explose rapidement [...] Le vivre-ensemble est plus difficile. »

— Une citation de  Catherine Giguère, directrice adjointe des services éducatifs au Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin

Selon Mme Giguère, des adultes qui travaillent dans le réseau scolaire sont inquiets. Nos enseignants, le personnel de soutien, nos professionnels, on travaille très fort à ramener le vivre-ensemble, à réenseigner la gestion des émotions chez les élèves. On est là-dedans, en 2023.

Le Centre de services scolaire des Mille-Îles dit quant à lui être au fait des préoccupations générales aux sorties de la pandémie.

« Nous faisons face à de nouveaux enjeux dans les écoles. Il nous est peut-être impossible de savoir s’ils sont plus nombreux, mais soyez assurés qu’ils sont pris au sérieux. »

— Une citation de  Mélanie Poirier, conseillère en communications au Centre de services scolaire des Mille-Îles

Faire la lumière

Devant toutes les questions que les chiffres soulèvent, la libérale Marwah Rizqy croit qu'il est impératif d’étudier sérieusement la situation afin de mieux protéger les élèves et le personnel au Québec.

Elle s’inquiète entre autres du manque de constance dans le recensement des données et des effets que la pandémie a pu avoir sur les jeunes.

« J'avais déjà dit au gouvernement qu'il fallait faire attention pour ne pas avoir une génération COVID parce que plusieurs jeunes ont été isolés, pas d'école, pas d'ami, pas de sport, et ça se peut qu'il y ait eu des conséquences à cela. »

— Une citation de  Marwah Rizqy, porte-parole du PLQ en matière d'éducation

Récemment, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a récemment fait une sortie publique pour réclamer de l’action gouvernementale afin que la violence ne soit pas tolérée dans le réseau scolaire.

En décembre dernier, le Journal de Québec rapportait que le nombre d’enseignants indemnisés après avoir subi de la violence à l’école avait augmenté de 65 % en un an seulement.

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