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Crise du logement : toujours moins de logis disponibles à l’Î.-P.-É.

Un immeuble résidentiel en construction le 1er octobre 2020.

Les besoins pour des logements abordables sont toujours criants à l'Île-du-Prince-Édouard.

Photo : Radio-Canada / Julien Lecacheur

La situation du logement continue de s'aggraver à l'Île-du-Prince-Édouard. Selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le taux d'inoccupation des logements locatifs est tombé à 0,8 % en 2022, contre 1,5 % l'année précédente.

Cette statistique provient de l'enquête annuelle de cet organisme sur le marché locatif, qui montre que l'île est loin d'être un cas isolé. La vacance locative à l'échelle du pays a atteint son plus bas niveau depuis 2001, à 1,9 %.

Selon Kelvin Ndoro, analyste principal à la SCHL, l'augmentation des prix et des taux hypothécaires pousse les jeunes à renoncer à l'achat d'un logement. C'est une pression supplémentaire sur le taux d'inoccupation qui, à son tour, fait augmenter les prix de location, explique-t-il.

Kelvin Ndoro.

Kelvin Ndoro est analyste principal à la Société canadienne d'hypothèques et de logement.

Photo : Gracieuseté Kelvin Ndoro

Au Canada atlantique, nous avons des taux d'inoccupation parmi les plus bas.

Une citation de Kelvin Ndoro, analyste principal à la SCHL

Certaines catégories d'appartements sont encore moins disponibles. Le taux d'inoccupation des appartements de trois chambres et plus a été de 0,5 % en 2022 et le rapport ne fait état d'aucune inoccupation pour les studios cette année-là.

Peu de logements, beaucoup d'immigrants

Matt Pelletier, chercheur en politiques publiques, montre aussi du doigt le manque de constructions neuves. Il a coécrit un rapport remis au gouvernement insulaire à l'occasion des consultations budgétaires en cours.

La construction de logements n'a pas suivi le rythme de ces nouvelles familles et de ces nouvelles personnes qui cherchent à s'installer à l'Île-du-Prince-Édouard, explique-t-il.

La construction record de logements ne suffit toujours pas à suivre la croissance [démographique] record.

Une citation de Matt Pelletier, chercheur en politiques publiques

En 2022, 1266 nouvelles unités ont été mises sur le marché dans la province insulaire, de quoi loger 2900 personnes (avec une moyenne de 2,3 personnes par ménage). En même temps, d'octobre 2021 à octobre 2022, 6300 nouveaux arrivants se sont installés sur l'île.

La situation s'était pourtant améliorée après le creux historique de 2018, lorsque le taux de vacance locative avait atteint 0,3 %.

En 2020, le ralentissement de la migration en raison de la pandémie de COVID-19, couplé à la construction de 3000 nouveaux logements, avait permis de faire remonter le taux d'inoccupation à 2,6 %.

Depuis lors, la tendance s'est inversée avec moins de logements construits pour davantage de nouveaux arrivants.

Pour Matt Pelletier, la situation actuelle risque de pousser les jeunes à retarder la fondation d'un foyer, ce qui aurait des conséquences à long terme sur l'économie, la démographie et l'attractivité de l'île.

Problèmes de recrutement pour les organismes francophones

Le manque de logements pousse aussi des organismes francophones à revoir leur stratégie de recrutement à l'étranger. L'Association des centres de la petite enfance francophones invite chaque année des candidats à l'immigration à venir s'installer dans la province pour travailler dans un de ses six centres.

Huit nouveaux employés doivent arriver de l'étranger d'ici juin, selon Yoan Rousseau, responsable du recrutement et de la rétention pour cette association.

Je ne sais pas comment ça va se passer, mais je pense que ça va être très très compliqué.

Une citation de Yoan Rousseau, responsable du recrutement pour l'Association des centres de la petite enfance francophones de l'Île-du-Prince-Édouard

La prochaine personne qui arrive n'a pas réussi à trouver un logement pour sa famille. Elle est mariée, elle a un jeune enfant et elle va pour le moment partager son logement avec une nouvelle arrivante qui est arrivée l'année dernière et qui a une maison avec quelques chambres, raconte Yoan Rousseau.

Selon lui, il est très compliqué à l'heure actuelle de trouver un logement familial à louer dans les zones les plus rurales.

Yoan Rousseau pose pour la photo à côté d'une affiche du centre de la petite enfance Le Jardin des étoiles.

Yoan Rousseau, coordonnateur au recrutement et à la rétention pour l’Association des centres de la petite enfance, affirme que cet organisme offre du soutien à ses nouveaux employés mais que la crise du logement leur complique la vie.

Photo : Gracieuseté de Angeline Herlory

Cela pousse cette association à renoncer à embaucher certains candidats en fonction de leur statut familial.

On doit maintenant faire attention à qui on invite, parce qu’on ne veut pas inviter des familles avec trop d'enfants, ce qui est dommage, car on n'est pas sûrs de pouvoir les loger, explique Yoan Rousseau.

Loger plusieurs enfants dans une même chambre, organiser de la colocation temporaire entre différents employés et payer des propriétaires pour qu'ils gardent une maison disponible en attendant l'arrivée de quelqu'un sont quelques-unes des solutions mises en œuvre pour pallier la crise.

Matt Pelletier, quant à lui, prévoit que l'écart entre le stock de logements disponibles et les besoins va continuer de se creuser, à moins de lancer la construction de 1800 unités par an pendant les dix prochaines années. Cette solution devrait être combinée à un plan d'aménagement à l'échelle de la province et à un investissement substantiel dans le transport en commun.

Avec des informations de CBC

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