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Analyse

Face à l’opinion publique, Macron devra-t-il battre en retraite?

Plusieurs sondages montrent que l’opinion publique est largement défavorable à la réforme des retraites, que le gouvernement français défend bec et ongles.

Manifestation contre la réforme des retraites en France.

Selon les autorités, un million de personnes ont manifesté contre la réforme des retraites le 19 janvier dernier.

Photo : Reuters / BENOIT TESSIER

« Aller convaincre les Français, rassurer, faire un maximum de pédagogie et répondre aux questionnements. »

Selon le journal Le Parisien, c'est le mot d’ordre de la première ministre Élisabeth Borne lancé à ses collègues du Cabinet le 10 janvier, après la présentation de la réforme des retraites.

C’est avec ces phrases en tête que les ministres et députés du parti présidentiel ont donc multiplié les interventions, que ce soit en présence d’électeurs ou sur les plateaux de télévision.

Force est de constater que, trois semaines après son déclenchement, les effets de cette campagne de séduction sont loin d’être perceptibles, au contraire.

Plutôt que de diminuer, l’opposition à la réforme, qui fera notamment passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans, connaît une augmentation.

Le 11 janvier, au lendemain de la présentation du projet, un sondage Elabe mené pour le compte de BFMTV montrait que 59 % des Français s'opposaient à la réforme.

Une semaine plus tard, cette proportion était passée à 66 %, selon la même firme.

Le 25 janvier, le plus récent sondage avançait que ce sont désormais 72 % des Français qui désapprouvent la réforme.

Ce mardi a lieu la deuxième journée de grève organisée en protestation du projet gouvernemental, suspendant les activités dans certaines écoles, sur les rails et dans les raffineries du pays, entre autres.

Lors du premier jour de mobilisation, le 19 janvier, les autorités ont affirmé que plus d’un million de personnes ont marché dans les rues de France. La participation aux manifestations de mardi permettra d’avoir une idée de la capacité des syndicats de continuer à mobiliser leurs membres.

Ne pas laisser la rue gouverner

J'ai dit dans ma jeunesse que la rue ne gouverne pas, ce n'est qu'une fraction du peuple, ce n'est pas le peuple, a déclaré sur les ondes de BFMTV l’ancien premier ministre de droite Jean-Pierre Raffarin, qui croit que le gouvernement n’a pas encore perdu la bataille de l’opinion publique.

N’empêche, les sondages montrent que, sur ce front, cette bataille semble bien mal engagée pour l’exécutif français.

Le gouvernement peut donc effectivement se tourner vers l’Assemblée nationale. Bien que le projet soit impopulaire, si une majorité d’élus y sont favorables, il pourra être adopté.

Après tout, en 2010, malgré un mouvement d'opposition, le parti de Nicolas Sarkozy avait adopté une autre réforme, qui faisait passer l’âge de départ légal à la retraite de 60 à 62 ans.

Mais le contexte politique n’est pas le même. À l’époque, le parti présidentiel disposait d’une majorité absolue à l’Assemblée. Or, depuis les élections législatives de juin, la formation d’Emmanuel Macron a perdu ce statut à la législature.

Avec 249 élus, les troupes du président doivent se retourner vers une autre formation politique pour tenter de réunir les 38 voix nécessaires pour atteindre une majorité. Les regards se tournent donc vers Les Républicains (LR), formation de droite fondée par Nicolas Sarkozy qui a affiché son soutien à l’idée de la réforme des retraites lors de la dernière campagne présidentielle.

Or, la partie n’est pas jouée. Une équipe de la radio France Inter s’est enquise de l’état d’esprit des députés LR à propos de la législation. Quinze d’entre eux entendent voter pour et seize comptent s’y opposer. Les autres sont soit indécis ou n’ont pas répondu aux questions.

Et c’est sans compter les hésitations au sein du parti présidentiel. Les réfractaires sont peu nombreux, une douzaine, toujours selon France Inter. Mais vu l’équilibre fragile sur lequel repose le gouvernement, ils pourraient changer la donne.

La députée et ancienne ministre de l’Écologie Barbara Pompili a ainsi déclaré qu'elle était contente de ne pas devoir voter maintenant. Un rappel que la législation pourrait être modifiée au terme des travaux parlementaires qui ont débuté lundi. Les élus ne manqueront pas de sujets à débattre… pas moins de 7000 amendements au projet de loi ont été déposés!

Pour le gouvernement, un aspect de la législation semble coulé dans le béton, et il s’agit justement du point le plus contesté : la hausse de l’âge légal de départ à la retraite. Ce n’est plus négociable, a déclaré la première ministre Élisabeth Borne, dont le gouvernement a préféré cette option à une augmentation des cotisations ou à une baisse des prestations.

Chose certaine, tant la rue que le Parlement mettent à l’épreuve la capacité du gouvernement français d’adopter rapidement cette réforme, priorité du début du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron.

Nous allons vous faire battre en retraite, assurait récemment la députée Mathilde Panot, cheffe de file du parti La France insoumise à l’Assemblée nationale. Une volonté partagée par plusieurs partis d’opposition, dont le Rassemblement national.

Et si le gouvernement finissait effectivement par reculer… la France serait à contre-courant de plusieurs de ses voisins européens, comme la Belgique, l’Italie et l’Allemagne, qui ont récemment augmenté l’âge de départ à la retraite ou sont en train de le faire.

Peu importe le sort réservé à cette réforme, le débat pourrait faire travailler les élus français encore longtemps.

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