Un organisme autochtone souhaite lancer un programme de crosse pour femmes et filles

L'ancien joueur professionnel Luke Wiles et Marcia Trudeau-Bomberry en 2022. Mme Trudeau-Bomberry dirige le lancement d'un programme pour les femmes et les filles anishinaabe.
Photo : Avec la permission de Marcia Trudeau-Bomberry
Un groupe qui vise à promouvoir la crosse dans les communautés anishinaabe développe un programme parallèle pour les femmes et les filles.
Anishinabe Baagaadowewin, un groupe à but non lucratif formé à la fin de l’année 2020, s'efforce de mettre en place à la fois des sports de compétition et des programmes communautaires qui font aussi la promotion de l'histoire des Anishinabek.
À la tête du programme féminin se trouve Marcia Trudeau-Bomberry de Wiikwemkoong, ancienne joueuse de crosse de l’Université Brock et détentrice d’une formation en administration et en développement du sport.
Mme Trudeau-Bomberry est aussi directrice générale de la Nation Anishinabek.
« Il s'agit de partager ce contexte culturel, cette histoire, certains de ces éléments clés du côté traditionnel du jeu et de construire cette fierté culturelle. »
Isaiah Kicknosway, ancien joueur de niveau national, a fondé Anishinabe Baagaadowewin en 2018 dans le but de préserver ce sport si important sur le plan culturel. Baagaadowewin se traduit par ils jouent à la crosse
, comme indiqué sur le site Web du groupe.
Miser sur les femmes
Cependant, les programmes sportifs peuvent parfois négliger les femmes et les filles ; un problème auquel Mme Trudeau-Bomberry entend s’attaquer.
Plusieurs obstacles contribuent à freiner la participation aux sports de la part des filles âgées de 12 à 15 ans, selon Mme Trudeau-Bomberry.
Regardez les diverses statistiques sur la participation des filles au sport et nous voyons qu'elles abandonnent le sport organisé vers la 6e, la 7e et la 8e année. [...] [Ce sont elles] que nous devons cibler
, a-t-elle déclaré.
À cette fin, Anishinabe Baagaadowewin a lancé un sondage afin d’identifier les personnes susceptibles de se porter volontaires pour soutenir ces programmes destinés aux femmes et aux filles: joueurs, entraîneurs ou développeurs de programmes.
Des chercheurs, dont Mark Bruner de l'Université Nipissing, révèlent que le sport demeure un outil important pour soutenir les jeunes des Premières Nations dans plusieurs aspects de leur vie.
La crosse, plus qu’un sport
Bien que certaines personnes associent la crosse à la culture Haudenosaunee, Mme Trudeau-Bomberry précise que trois jeux similaires se sont développés simultanément : le style des Grands Lacs
qui est lié à la Nation Anishinabek, et une version à deux bâtons liée aux peuples Choctaw, les Cherokee et Séminole.
« L’histoire [...] est très forte et [...] il y a beaucoup à partager sur la façon dont cela s'inscrit dans ce que nous sommes en tant que peuple Anishinabek. »
La crosse a joué un rôle clé dans l'histoire de l'Amérique du Nord, lorsque les guerriers ojibwés et sauks ont utilisé ce jeu comme couverture pour prendre le fort Michillimakinac aux forces britanniques en 1763.
Cette riche histoire, qui construit la fierté anishinaabe, explique en partie pourquoi Anishinabe Baagaadowewin s'efforce de revitaliser le sport chez les Premières Nations.
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Le groupe doit encore franchir d'importantes étapes, notamment la reconnaissance de leur statut de nation souveraine par l’organisation mondiale de la crosse, un statut obtenu en 1988 par la confédération Haudenosaunee.
Équipés de bâtons en bois, les joueurs anishinaabe et Haudenosaunee se sont affrontés lors d’un match traditionnel tenu dans le cadre de la Soirée du patrimoine autochtone en avril dernier. Il s'agissait du premier match traditionnel entre les nations depuis plus d'un siècle, s'est réjouie Mme Trudeau-Bomberry.
Avec les informations de Warren Schlote, de CBC