Découverte de deux primates archaïques qui vivaient en Alberta au paléocène

Des dents et des mâchoires fossilisées d'un « Edworthia greggi ». Les chercheurs ont pu identifier cette nouvelle espèce en étudiant la morphologie de ses dents.
Photo : Fournie par Craig Scott/musée royal Tyrrell
Il y a environ 60 millions d’années, quand le sud de l’Alberta était une zone humide subtropicale, deux petits primates vivaient dans ce qui est aujourd'hui la région de Calgary. Un article paru dans le Journal of Paleontology (Nouvelle fenêtre) (en anglais) fait état de deux nouvelles espèces identifiées à partir de fossiles retrouvés notamment à Calgary et à Cochrane.
Ces découvertes fournissent davantage d'informations sur la diversité des mammifères qui vivaient après l'extinction des dinosaures.
Coauteur de l’étude et directeur de la conservation et de la recherche au musée royal Tyrrell de paléontologie à Drumheller, Craig Scott reconnaît qu'il peut être surprenant pour beaucoup de gens qu'il y ait eu des primates il y a aussi longtemps [...] et que nous les retrouvions ici dans l'Ouest canadien
.
Ces primates préhistoriques, nommés Edworthia greggi et Ignacius glenbowensis, étaient non pas des singes mais plutôt de petits primates qui ressemblaient à des lémuriens à long visage, les yeux placés sur les côtés de la tête. Ils auraient vécu au paléocène, il y a de 56 à 66 millions d'années, après l'extinction des dinosaures.
L’espèce Edworthia greggi serait légèrement plus âgée que l'autre, selon Craig Scott, et les petits primates ne se seraient pas croisés dans les forêts anciennes, car ils auraient existé les uns après les autres.
Ils appartiennent à un groupe de primates archaïques qui vivaient dans une région allant du sud des États-Unis jusqu'à l'Arctique. Ils mangeaient sûrement des fruits
, pense Craig Scott. D'après ce que nous savons au sujet d'autres petits primates qui leur étaient étroitement apparentés, nous pouvons dire qu'ils étaient peut-être arboricoles, c'est-à-dire qu'ils vivaient dans les arbres.
À lire aussi :
Les chercheurs ont pu identifier ces deux nouvelles espèces grâce à la morphologie de leurs dents fossilisées, l'émail étant le tissu le plus dur et le plus durable du corps des mammifères. Nous sommes essentiellement des paléodentistes
, raconte Craig Scott au sujet de son équipe de collègues chercheurs qui ont étudié un certain nombre de fossiles déterrés au cours des dernières décennies.
Quatre spécimens de ces espèces ont été découverts : un sur la berge surélevée d'une rivière au nord-ouest de Calgary, un à Cochrane et deux autres le long de la rive nord de la rivière Bow, dont un dans le parc provincial de Glenbow Ranch, d'où le nom glenbowensis
choisi pour nommer une des espèces.
Selon Craig Scott, les vestiges fossilisés de l'Alberta présentent une gamme de plus en plus diversifiée de la vie préhistorique, des dinosaures aux primates archaïques qu'il a contribué à nommer.
La découverte de ces nouvelles espèces aide les scientifiques à combler les lacunes dans leur compréhension de l'histoire de l'évolution, notamment en ce qui concerne les premiers primates.
Avec les informations de Jonathon Sharp et de Dave Gilson