Le secrétaire d’État américain au Moyen-Orient en pleine flambée des violences

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, entreprend une tournée en Égypte, en Israël et dans les territoires palestiniens en pleine flambée des violences. (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Carolyn Kaster
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est arrivé au Caire dimanche, première étape de sa tournée éclair au Moyen-Orient en pleine flambée des violences israélo-palestiniennes, avec le mince espoir d'user de l'influence des États-Unis pour tenter d'apaiser les tensions.
Avant de se rendre à Jérusalem et à Ramallah lundi et mardi, M. Blinken rencontrera le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et son ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri.
Le conflit israélo-palestinien risque fort aussi de dominer les discussions, Le Caire jouant historiquement un rôle d'intermédiaire auprès des Palestiniens comme des Israéliens.
Ce déplacement, programmé de longue date, intervient au moment où, en quelques jours, la situation sécuritaire s'est soudainement dégradée.
Vendredi et samedi, sept personnes ont été tuées et deux blessées dans des attaques à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte occupée et annexée par Israël, dont une près d'une synagogue.
Vendredi également, l'armée israélienne a bombardé la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquettes venus de cette enclave qu'elle maintient sous blocus.
Et ce, après le raid israélien le plus meurtrier depuis des années, avec neuf Palestiniens tués jeudi à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Par ailleurs, des gardes de sécurité israéliens ont tué un Palestinien à proximité d'une colonie en Cisjordanie occupée, a indiqué dimanche le ministère palestinien de la Santé. L'armée israélienne affirme qu'il était armé.
Pressions pour une désescalade
Face à ce regain de violence, M. Blinken va enjoindre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, à prendre urgemment des mesures en vue d'une désescalade
, a assuré vendredi un porte-parole du département d'État, Vedant Patel, après que Washington a condamné l'attaque épouvantable
à Jérusalem-Est.
Mais la marge de manœuvre du secrétaire d'État paraît limitée au-delà des appels répétés au calme, tant le conflit israélo-palestinien semble dans l'impasse.
D'ailleurs, des experts interrogés par l'AFP
ne s'attendaient pas à des percées notables, Washington allant probablement se contenter de marteler son soutien à la solution à deux États, l'un israélien et l'autre palestinien.Je pense que le mieux qu'ils puissent obtenir, c'est que les choses se stabilisent afin d'éviter une répétition de mai 2021
, assure Aaron David Miller, ancien négociateur américain et expert à la Fondation Carnegie pour la paix internationale de Washington. C'est à ce moment qu'a eu lieu la dernière guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza.
Ghaith Al-Omari, expert du Washington Institute, estime que cette visite ne signale aucun changement de la position américaine au regard du conflit israélo-palestinien
. Mais, prédit-il, la conversation [avec Mahmoud Abbas] ne sera pas agréable
.
Renouer avec Nétanyahou
La visite de M. Blinken en Israël traduit la volonté de Washington de renouer rapidement avec M. Nétanyahou, à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël et dont les relations avec l'administration démocrate du président Joe Biden ont été notoirement tendues.
Si les discussions achoppent notamment sur le nucléaire iranien, le fait que toute résurrection de l'accord de 2015 soit actuellement dans les limbes devrait faciliter le dialogue.
Cette visite intervient après celle du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, qui avait assuré le premier ministre israélien du soutien des États-Unis.
Je n'ai jamais vu autant de visites à un tel haut niveau sous quelque administration que ce soit
, souligne Aaron David Miller.
C'est sans précédent
, ajoute-t-il, évoquant une possible venue de M. Nétanyahou à la Maison-Blanche dès février.
C'est un peu comme si on inondait la zone
, renchérit un autre expert, David Makovsky, du Washington Institute , alors que le directeur de la CIA, William Burns, s'est récemment rendu dans la région, notamment au Caire.
Lors de son déplacement, M. Blinken insistera sur l'importance de maintenir le statu quo historique
sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est occupée, troisième lieu saint de l'islam et lieu le plus sacré du judaïsme où s'affrontent régulièrement des Palestiniens et des troupes israéliennes.
La visite début janvier de ce lieu saint par Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, avait suscité une vague de condamnations internationales.
Les accords d'Abraham, processus de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, devraient aussi figurer au menu des discussions, M. Nétanyahou caressant l'espoir d'y rallier l'Arabie saoudite.
Au Caire, grand allié régional de Washington, M. Blinken devrait également aborder une série de questions régionales, dont la Libye et le Soudan.
L'Égypte, l'un des principaux bénéficiaires de l'aide militaire américaine, est toutefois régulièrement pointée du doigt, notamment par les États-Unis, pour son bilan des droits de la personne, jugé catastrophique
par les ONG .
Le chef de la diplomatie américaine doit d'ailleurs rencontrer au Caire des acteurs de la société civile et des militants des droits de la personne, qui ne cessent de rappeler que le pays compte plus de 60 000 détenus d'opinion.