L’indignation touche le Manitoba après la mort de Tyre Nichols

Je suis en détresse depuis que j’ai vu la vidéo, réagit Blandine Tona , membre du groupe Parents contre le racisme au Manitoba.

Tyre Nichols a été interpellé par les policiers pour une infraction routière le 7 janvier. Après un affrontement avec les agents de police, le suspect s'est enfui, selon les forces de l'ordre.

Rattrapé, il a subi des violences physiques, puis hospitalisé avant de mourir trois jours après les faits.

Ça pose beaucoup de questions, et c’était des questions qu’on s'est posé avec George Floyd, qui est la prochaine victime?, se demande-t-elle. 

Le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd, mort étouffé sous le genou d'un policier blanc, lors de son interpellation, le 25 mai 2020, avait suscité une mobilisation historique dans le monde.

Selon Blandine Tona, membre du groupe Parents contre le racisme au Manitoba, il est inadmissible que de tels drames se perpétuent, et cela doit interpeller partout dans le monde.

Photo : Radio-Canada

Selon Blandine Tona, le manque de progrès constaté depuis lors est déconcertant.

On est fatigué d’avoir des prières, on est fatigué d'avoir des engagements, il faut que les politiciens prennent leurs responsabilités, s’indigne-t-elle.

Comment les gens sont-ils passés de la mission de protéger pour passer à l'agression ?, se questionne-t-elle encore. 

Selon le président de l'Amicale de la francophonie multiculturelle du Manitoba, Alphonse Lawson, cet énième décès d’un jeune Afro-Américain aux mains de policiers est tout simplement inadmissible.

Nous sommes choqués, consternés et même horrifiés, affirme-t-il.

Alphonse Lawson, président de l'Amicale de la francophonie multiculturelle du Manitoba, critique la culture policière de violence et souhaite beaucoup plus d'humanité dans les interventions policières.

Photo : Radio-Canada

M. Lawson met surtout en cause la culture policière face à la répétition de ce type de drame, dit-il.

Après George Floyd, nous avons pensé que des mesures ont été prises au niveau des autorités policières et du gouvernement pour améliorer la culture policière, ce dernier incident nous amène à penser qu’il n’y a pas eu beaucoup d’évolution, déplore-t-il.

Il est temps

Pour inverser la tendance, il juge la formation des policiers et leur encadrement importants, mais aussi le respect des procédures, surtout les lois qui les [policiers ]encadrent dans l’exercice de leur profession.

Par ailleurs, il souhaite, que ce soit aux États-Unis ou au Canada, de l’empathie lors les interventions policières.

Il faut considérer que ces populations sont souvent en proie à une certaine vulnérabilité, à une certaine pauvreté qui amènent tout son lot de problèmes, donc la dimension sociale et humaine doit être mise en évidence, soutient-il.

Les cinq policiers impliqués dans l’arrestation du jeune homme  − Tadarrius Bean, Demetrius Haley, Desmond Mills fils, Emmitt Martin III et Justin Smith − ont été inculpés pour meurtre et arrêtés. Mais les autorités ont ensuite libéré quatre d’entre eux sous caution.

À mille lieues de Memphis, Blandine Tona est inconsolable aux larmes, et veut que justice soit faite.

On ne peut pas rendre ces vies à leur famille, soutient-elle parlant des victimes de la violence policière.

On a parlé longtemps de mouvement d’enlever le financement à la police de réduire leur financement mais ça n’a pas apporté de résultats, ici il est temps, réclame-t-elle.

Après le décès tragique de George Floyd, les appels au retrait du financement des forces de police se sont multipliés aux quatre coins du globe, touchant aussi le Canada.

Même s’il reconnaît que les lignes ont un peu bougé depuis lors, Alphonse Lawson souhaite que la mobilisation se poursuive sans relâche.

Ça appelle à la vigilance, il faut garder la veille citoyenne pour faire pression sur les gouvernements pour que cette culture de violence et de répression policière s'arrête et c’est ce que nous allons également faire ici au Manitoba et au Canada, insiste-t-il.

Avec les informations de Laïssa Pamou