Une dizaine de marins étrangers coincés à Trois-Rivières, dans le froid, depuis trois mois

Deux des trois bateaux-remorqueurs bloqués au port de Trois-Rivières depuis plusieurs mois, le Bradley G. devant, et le Brianna T. derrière.
Photo : Radio-Canada / Julie Grenon
Onze marins sont bloqués dans le port de Trois-Rivières depuis trois mois en attendant d’obtenir une autorisation de Transports Canada. Leurs trois bateaux-remorqueurs ne répondent pas aux exigences des lois et conventions maritimes internationales, et sont donc non conformes pour prendre le large.
Les bateaux, qui devaient prendre la mer vers la Guyane en octobre, sont stationnés au port de Trois-Rivières avec ses marins caribéens et sud-américains.
L’entreprise guyanaise B.K. Marine a fait l’acquisition de ces bateaux qui étaient antérieurement de propriété canadienne, selon Vince Giannopoulos, vice-président St-Laurent et côte est du Syndicat international des marins canadiens.
Les nouveaux propriétaires ont l’intention de les utiliser pour du remorquage et du transport maritime en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.
Comme ils ont été vendus au nouveau propriétaire, et qu’ils doivent emprunter les eaux océaniques, pour se rendre à leurs destinations, on peut facilement imaginer qu’il y a des travaux à faire pour adapter les remorqueurs à cette nouvelle réalité-là pour s’assurer que le trajet se fasse en toute sécurité
, détaille Sara Dubé, directrice des affaires publiques du Port de Trois-Rivières.

Deux des trois bateaux-remorqueurs bloqués au port de Trois-Rivières depuis plusieurs mois, le Bradley C. devant, et le Brianna T. derrière.
Photo : Radio-Canada / Julie Grenon
Transports Canada indique que les bateaux ont été inspectés et sont retenus au port en raison de non-conformité. L’ordonnance de détention ne pourra être levée que lorsque l’entreprise propriétaire aura rectifié tous les éléments non résolus
.
Au moment de publier ces lignes, l’entreprise B.K. Marine n’avait pas répondu aux demandes d’entrevue de Radio-Canada.
Les marins dans le froid québécois
La chute des températures a été difficile pour les marins qui ne sont pas habitués au climat. La plupart d’entre eux n’ont pas de vêtements ni d’équipements pour faire face à l’hiver.
Il leur est permis de débarquer du bateau et de se promener dans la ville, mais ils n’ont tout simplement pas l’équipement nécessaire pour rester au chaud, explique Vince Giannopoulos.
L’aide de la communauté locale est venue. Paul Racette, directeur général du Foyer des marins de Trois-Rivières, a mené les efforts pour récolter des vêtements d’hiver pour les marins. Le Foyer leur permet d’utiliser son espace pour se réchauffer et avoir accès à Internet.
M. Racette affirme n’avoir rien vu de tel en huit ans de service au port de Trois-Rivières.
Ils sont arrivés ici et n’avaient aucun salaire
, raconte-t-il, mentionnant que 25 marins sont venus au début, mais que 14 sont repartis depuis.
Arrivés sans contrat, sans salaire
L’ingénieur Mark Wong est arrivé au Canada en juin dernier pour travailler sur un bateau sans toutefois avoir de contrat de travail. En octobre, il s’est retrouvé parmi ceux coincés à Trois-Rivières.
Ils ont promis [le contrat] assez rapidement, mais le contrat n’est jamais venu, raconte-t-il. Mark Wong a finalement reçu son contrat peu de temps après qu’il soit retourné en Guyane le 24 décembre.
Comme marin, je m'ajuste à toutes sortes de conditions. Mais l’hiver s’en venait… C’est un soulagement de ne pas être dans le froid
, dit-il.
Vince Giannopoulos se désole que plusieurs travailleurs arrivent sans contrat, une situation qui se produit trop souvent selon lui. Il soutient que plusieurs d’entre eux ont reçu le tiers de la paie promise.
Imaginez-vous accepter un emploi dans un pays étranger. Vous y arrivez, et rien ne ressemble à vos attentes. Ça peut être vraiment difficile de faire face à ce genre de situation.
Avec les informations de CBC News et de Julie Grenon