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Malgré George Floyd, les violences policières n’ont pas fléchi aux États-Unis

Des manifestants tiennent des pancartes lisant « Justice for Tyre Nichols, Jail Killer Cops » et «The people demand: end police terror ».

À New York, des manifestants dénoncent la violence policière à la suite de la diffusion des images du décès de Tyre Nichols, battu à mort par des policiers de Memphis.

Photo : Getty Images / Michael M. Santiago

Agence France-Presse

Choquée par la mort de Tyre Nichols, l'Amérique a rouvert le débat sur les violences policières, avec le sentiment que les grandes manifestations de 2020 n'ont rien réglé au problème.

Âgé de 29 ans, cet Afro-Américain est décédé à l'hôpital trois jours après avoir été battu à mort par des agents noirs de la police de Memphis, qui ont depuis été inculpés pour meurtre.

C'est triste qu'on en soit encore là en Amérique, je n'arrive pas à y croire, a déclaré sur CNN Lora King, la fille de Rodney King, dont le passage à tabac par des policiers en 1991 avait enflammé Los Angeles.

« On doit faire mieux, c'est inacceptable. »

— Une citation de  Lora King

Le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd, étouffé sous le genou d'un policier blanc, avait pourtant suscité une mobilisation historique au printemps 2020, et, sous la pression de la rue, les promesses de réformes s'étaient multipliées dans tous les États-Unis.

Deux ans plus tard, le nombre de personnes mortes lors d'interactions avec la police a pourtant battu un record, avec 1186 décès pour l'année 2022. C'est le bilan le plus élevé depuis 10 ans, selon le site Mapping Police Violence (Nouvelle fenêtre). Parmi les victimes, 26 % étaient des Afro-Américains, alors que ceux-ci ne représentent que 13 % de la population.

À titre de comparaison, moins de 20 personnes meurent chaque année en France lors d'interventions policières, un écart notamment lié à la quantité importante d'armes à feu en circulation aux États-Unis, augmentant le sentiment d'insécurité des policiers américains et les rendant plus prompts à dégainer leur propre arme. De fait, 66 agents ont été abattus en service l'an dernier, selon le fonds créé en leur mémoire.

Au Canada, une trentaine de personnes meurent chaque année, en moyenne, lors d'interventions policières, selon une enquête de la CBC.

Mais pour l'avocat Ben Crump, qui représentait la famille de George Floyd et soutient aujourd'hui celle de Tyre Nichols, il y a aussi une culture institutionnalisée dans la police qui tolère un usage excessif de la force, surtout contre les minorités.

« Il va falloir que l'on ait à nouveau cette [discussion] et qu'on l'ait encore, et encore, jusqu'à ce que ça s'arrête. »

— Une citation de  Ben Crump, avocat ayant représenté la famille de George Floyd

Parmi les promesses de 2020 figurait le projet de s'attaquer à la large immunité dont jouissent les policiers aux États-Unis, ou de créer un registre des agents ayant eu un recours excessif à la force.

Un projet de loi fédéral, initialement soutenu par les deux partis, a toutefois échoué au Congrès dans un contexte de hausse marquée des homicides qui a poussé les républicains à se replier sur leur discours classique en faveur de la loi et de l'ordre.

Des mesures adoptées localement

Faute d'avancées fédérales, le débat s'est poursuivi localement, à petits pas et dans la plus grande cacophonie.

Il existe en effet aux États-Unis près de 18 000 entités policières autonomes (polices municipales, shérifs des comtés, patrouilles des États, etc.) qui ont leurs propres règles de recrutement, de formation et de pratiques autorisées.

Un certain nombre d'entre elles ont revu leurs règles d'intervention, interdisant notamment les prises d'étranglement, généralisant l'usage de caméras corporelles ou renforçant les peines pour les agents violents.

La police de Memphis a ainsi interdit à ses policiers d'entrer dans des maisons sans s'annoncer, a insisté sur leur devoir d'intervenir face à des collègues violents, et a revu ses formations aux techniques de désescalade.

Malgré tout, les agents ont directement fait monter la tension quand ils ont tenté d'arrêter Tyre Nichols pour une simple violation du code de la route, a reconnu la cheffe de la police locale, Cerelyn Davis.

Pour les militants, le cœur du problème tient d'ailleurs au fait que la police américaine est dotée de pouvoirs d'arrestation étendus, même pour des infractions mineures.

Il faut que l'on arrête de se reposer sur la police pour gérer des problèmes liés à la pauvreté ou au sous-investissement dans certains quartiers, estime Kathy Sinback, directrice de la branche locale de la puissante organisation des droits civiques ACLU. Cela mène à des actions plus fréquentes, inutiles et agressives.

D'après le site Mapping Police Violence, les policiers américains ont tué près de 622 personnes lors de contrôles routiers depuis 2017.

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