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Un entraîneur universitaire de Thunder Bay remplacé à la suite de nombreuses allégations

Portrait de Jon Kreiner vêtu d'un chandail de l'Université Lakehead.

Jon Kreiner a été à la barre de l'équipe de basketball féminin de l'Université Lakehead pendant 18 saisons.

Photo : CBC/Amy Hadley

Radio-Canada

L’entraîneur de l’équipe de basketball féminin de l’Université Lakehead, Jon Kreiner, a été remplacé cette semaine par Hugo Boisvert, adjoint principal de l’équipe de basketball féminin du Rouge et Or de l’Université Laval. Ce remplacement survient plusieurs mois après le départ de Kreiner, qui fait l'objet de nombreuses allégations.

On lui reproche d’avoir volé des milliers de dollars aux joueuses sur une période d’au moins 10 ans.

Il fait aussi face à des allégations de mauvais traitement, notamment en rapport avec des incidents d'intimidation qui remontent au début des années 2010.

Questionné au sujet des allégations et du comportement de Kreiner, un porte-parole a écrit que l’Université ne commente pas des dossiers de nature personnelle.

Pour sa part, l’ex-entraîneur a répondu par courriel qu’une décision a été prise pour mettre fin à la relation, indiquant qu’il ne pouvait pas entrer dans les détails.

Jon Kreiner refuse de commenter davantage en rappelant sa conduite professionnelle et ses résultats sur le terrain durant son séjour. En 18 saisons, il a cumulé 272 victoires et 307 défaites.

L’ancienne joueuse Talia Peters est une des 10 personnes, membres actuelles ou anciennes de cette équipe de basketball féminin, qui ont tenu à faire part de leurs expériences avec Jon Kreiner.

Talia Peters tient un ballon de basketball dans un gymnase.

Talia Peters a été membre de l'équipe de basketball féminin de l'Université Lakehead durant la saison 2018-2019. Elle joue aujourd'hui pour les Bisons de l'Université du Manitoba.

Photo : CBC/Travis Golby

« Ça a été affreux. Le basketball m’habitait, c’était ma passion, c’est ce que j’adore faire – et il y a eu plusieurs facteurs, évidemment –, mais j’ai l’impression qu’il m’a enlevé cette passion et cet amour que j’avais. »

— Une citation de  Talia Peters, ancienne joueuse de l'Université Lakehead

Les autres sources ont toutes accepté de se livrer, mais sous couvert de l’anonymat, par crainte de représailles personnelles et professionnelles.

Elles appellent l’Université à assumer sa part de responsabilité dans cette affaire et réclament une refonte complète du département des sports dans l’espoir de créer un environnement plus sécuritaire.

Il m’a enlevé ce que j’adore

Talia Peters affirme qu’en novembre 2018, seulement quelques mois après le début de sa saison, elle a su qu’elle voulait quitter l’équipe en raison de l’anxiété constante qu’elle ressentait.

J’étais toujours inquiète de faire une gaffe lors d’un entraînement puisque je ne voulais pas me faire crier après ni me faire pointer du doigt, raconte-t-elle.

« Je me sentais très mal. Il [Kreiner] avait une si grande emprise sur moi qu’il m’a enlevé ce que j’adore et ce qui fait en sorte que je me sens en sécurité. »

— Une citation de  Talia Peters, ancienne joueuse de l'Université Lakehead

Ces expériences, qui ont eu un impact à long terme selon Talia Peters, ont fait en sorte qu’elle a été retirée d’un match préparatoire après avoir subi une crise de panique sur le terrain.

Plusieurs sources font état de souvenirs semblables, soulignant que l’entraîneur était parfois si enragé qu’il bottait un ballon vers les têtes des joueuses.

Six anciennes joueuses ont qualifié son comportement d’abus émotionnels. Elles relatent qu’il les rassemblait parfois en cercle pour intimider une joueuse fautive.

Elles critiquent surtout l’inaction des entraîneurs adjoints qui, d’après elles, ont facilité cette culture depuis l’arrivée de Kreiner, en 2003.

C’était l’endroit où j’étais la plus heureuse, indique Talia Peters, qui n’en revient toujours pas d’avoir été traité de la sorte.

Enquête et manque de ressources

D’après des courriels obtenus par CBC, l’Université Lakehead a lancé une enquête interne en octobre 2022 au sujet des allégations de vol d’argent portées contre Kreiner. Il était surtout question du programme de travail aux études, qui permet aux étudiants de travailler sur le campus à temps partiel.

Cinq sources allèguent que l’ex-entraîneur leur aurait demandé de lui verser la moitié de leur salaire annuel, parfois plusieurs années de suite, afin d’aider d’autres athlètes étudiants et l’équipe de basketball féminin.

Au moins cinq sources ont indiqué que des individus au sein du département des sports étaient au courant de cette situation, mais ils n’ont rien fait pour protéger les athlètes. Certaines disent avoir eu peur de s'avancer, en plus d'avoir l'impression qu'aucun changement n'aurait lieu si elles le faisaient.

Talia Peters réclame à la fois de la transparence de la part de l’Université en ce qui concerne cette enquête ainsi que des mesures concrètes pour éviter que cela ne se reproduise.

Et ceci n’est qu’un exemple, affirme-t-elle.

D’après la doyenne de la Faculté de kinésiologie et d’éducation physique à l'Université de Toronto, Gretchen Kerr, le système des sports universitaires a un manque criant de ressources pour appuyer les athlètes.

Dans la plupart des cas, l’unique façon de porter plainte consiste à discuter avec un responsable du département des sports.

Peut-être qu’ils connaissent ou ont embauché l’entraîneur, ce qui crée une panoplie de conflits d’intérêts, explique-t-elle, indiquant que les universités doivent adopter de nouvelles approches comme celles qui ont été annoncées pour les équipes nationales.

Certains diront que nous n’avons pas besoin de ça parce que les politiques universitaires règlent ces problèmes, mais nous avons appris de plusieurs situations que ce n’est pas nécessairement le cas.

Nouvel entraîneur

Quelques mois après le départ silencieux de Jon Kreiner, l’Université Lakehead a annoncé vendredi l’embauche d’Hugo Boisvert à titre de nouvel entraîneur-chef de l’équipe de basketball féminin.

L’adjoint principal de l’équipe de basketball féminin du Rouge et Or de l’Université Laval prendra la place de David McCallum, qui assure l’intérim depuis le début de la saison, dès le 1er juin.

Portrait de Hugo Boisvert dans un chandail du Rouge et Or de l'Université Laval.

Hugo Boisvert a été entraîneur pour les équipes masculine et féminine de basketball de l'Université Laval.

Photo : Avec la permission de l'Université Lakehead

Ne préférant pas se pencher sur le cas de son prédécesseur, il assure toutefois faire preuve d'une intégrité du plus haut niveau et s’engage à respecter cela à l’avenir.

« Je m’attends à la même chose de la part de mon personnel et de mes joueuses. »

— Une citation de  Hugo Boisvert, nouvel entraîneur de basketball féminin de l'Université Lakehead

La première étape, et c'est la plus importante, c'est de cultiver une relation de confiance avec les joueuses, dit-il.

Au-delà des exploits sur le terrain, Hugo Boisvert souhaite faire de ses joueuses de bonnes personnes.

C’est choisir nos habitudes quotidiennes, comment nous les faisons [nôtres], comment nous voulons travailler chaque jour et ce que nous voulons mettre en œuvre, affirme l’entraîneur.

Nous ferons tout en notre pouvoir pour être compétitifs contre les meilleurs, mais l’aspect humain se trouvera toujours à l’avant-plan.

Avec les informations de Logan Turner et d'Alex Brockman, CBC

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