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La crise du logement heurte l’Abitibi-Témiscamingue

Un panneau de logements disponibles pour location de 2 1/2, 3 1/2 et 4 1/2.

La pénurie de logements touche les petites comme les grandes municipalités de l'Abitibi-Témiscamingue. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Emily Blais

La crise du logement se poursuit pour une 18e année consécutive et ses effets se font sentir de plus en plus en Abitibi-Témiscamingue.

Selon la plus récente enquête de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, les taux d’inoccupation étaient de 0,7 % à Amos, 0,8 % à Rouyn-Noranda et de 1,7 % à Val-d’Or, en octobre dernier, bien loin du taux d’équilibre de 3 %.

Une rareté qui intensifie la pression sur le coût moyen des loyers, qui a bondi de 4,3 % à Amos, 5,4 % à Val-d’Or et de 6,9 % à Rouyn-Noranda. Le loyer moyen atteint 714 $ à Amos, 744 $ à Val-d’Or et 779 $ à Rouyn-Noranda.

La pénurie de logements combinée à la hausse du loyer frappe de plein fouet les personnes les plus vulnérables. Elles doivent souvent habiter plus longtemps dans des maisons d’hébergement, vivre dans des appartements qui ne sont pas adaptés à leurs besoins, et certaines ont carrément du mal à joindre les deux bouts.

« De plus en plus de familles, surtout des familles monoparentales, subissent énormément d’anxiété à cause de la hausse des [...] loyers. On ne se le cachera pas, si tu ne payes pas ton loyer, tu te fais éjecter de ton logement. Donc, tu n’as pas le choix, il faut que tu le payes. Ça va être autre chose qui va écoper au final. Ça va être ton épicerie, ça va être ton auto qui ne sera pas réparée, c’est tout ce qui a autour qui va écoper. »

— Une citation de  Mylène Plante, agente de développement à la Corporation de développement communautaire d’Amos et coordonnatrice du comité logement de la MRC d'Abitibi

Pas seulement les personnes vulnérables

Un homme pose pour la caméra, souriant.

Stéphane Grenier, professeur à l'Unité d'enseignement et de recherche en sciences du développement humain et social au campus de Val-d'Or et président de la Piaule (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Émélie Rivard-Boudreau

Les répercussions de la crise du logement ne se limitent plus qu’aux personnes vulnérables, fait valoir quant à lui Stéphane Grenier, professeur-chercheur à l’École de travail social de l’UQAT.

C’est encore les gens les plus touchés, mais il n’y a plus que les personnes en situation de précarité économique qui sont touchées. Maintenant, on va parler même de professionnels qui sont touchés par la crise du logement. Et ça affecte la capacité de recrutement de grands organismes, comme le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, et des compagnies, comme Béton Fournier, ou les minières. Tu peux faire venir des médecins, des ingénieurs et des avocats, mais ils sont confrontés à une quasi-impossibilité de trouver un logement, affirme-t-il.

C'est sans compter les effets des coûts exorbitants de construction et de la hausse des taux hypothécaires. Ça va retarder beaucoup de gens qui veulent quitter leur logement pour aller vers l’achat d’une propriété, ce qui va encore occasionner une pression accrue sur le marché locatif, indique Stéphane Grenier.

Il faut plus de logements sociaux

Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), fait remarquer que la construction de nouveaux logements par le marché privé a peut-être un certain effet bénéfique sur le taux d’inoccupation, mais il en va autrement du loyer. Le loyer des logements neufs a ainsi augmenté de 10 % à Rouyn-Noranda et Val-d’Or, selon elle.

Véronique Laflamme est debout devant une série d'immeubles d'habitation.

Véronique Laflamme est porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

« Ces nouveaux logements sont beaucoup plus chers que les logements existants. Ils viennent tirer vers le haut le prix des logements dans la région et ils ne correspondent pas à tous les besoins, surtout pas à ceux des ménages à faibles et modestes revenus. »

— Une citation de  Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

Selon le FRAPRU, seulement 48 unités de logement abordable ont été construites en Abitibi-Témiscamingue depuis quatre ans, un nombre jugé nettement insuffisant.

Si on veut augmenter l’offre pour sortir de cette crise du logement, il faut en même temps augmenter de façon très importante l’offre de logements qui correspondent à la capacité de payer des ménages locataires à faible revenu. Pour ça, il faut investir dans le logement social, le logement hors marché privé, que ce soit sous la forme de coopératives d’habitation, d’organismes sans but lucratif, ou encore de logements publics gérés par les offices d’habitation. Malheureusement, de ce côté-là, les investissements se font trop lentement pour avoir l'effet structurant qu’elle pourrait avoir, souligne Véronique Laflamme.

Plusieurs projets et des embûches

Ce n’est pas faute de projets. Le Groupe de ressources techniques, un organisme à but non lucratif qui soutient le développement de logements sociaux, travaille sur une vingtaine de projets en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec. Il est question d’investissements potentiels de plus de 150 millions de dollars pour la création d’au moins 750 unités.

Mais la hausse des coûts de construction et des taux d'intérêt fait mal, selon le chargé de projet Martin Briault.

Un immeuble d'habitation en cours de construction en hiver.

Un projet piloté par l'Office d'habitation de La Sarre, avec le soutien du Groupe de ressources techniques, sera livré en juin prochain.

Photo : Gracieuseté : Groupe de ressources techniques de l'Abitibi-Témiscamingue-Ungava

Les enjeux environnementaux, les normes qui changent, il y a toujours un facteur qui fait en sorte de ralentir les projets. Pour un projet qu’on fait au Témiscamingue, l’organisme avait réussi à amasser dans le milieu la mise de fonds nécessaire de près de 900 000 $. Mais juste avec la hausse des taux d’intérêt et des coûts de construction, la mise de fonds est maintenant de 4,4 millions de dollars. Pour exactement le même projet. Avant la pandémie, les projets les plus coûteux qu’on réalisait étaient à peu près à 185 dollars du pied carré. Les derniers projets qu’on a ouverts sortent à 325 ou 345 dollars du pied carré. Et les subventions n’ont pas suivi, déplore-t-il.

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